Après les années Djoon, la Motown Party va poursuivre l'aventure au Réservoir, un lieu bien connu des habitués de la nuit parisienne. Avant on se faisait embastiller pour avoir commis des écrits subversifs, aujourd'hui, la Bastille, c'est là où ça frétille sur des rythmes bien comme il faut, notamment sur les pistes du Sanz, du Barrio Latino, de la Chapelle des Lombards ou encore du Badaboum.
Probablement qu'on entendra ce que j'ai identifié comme le "top 5" des titres que DJ Reverend P se fait un plaisir de passer. Un Top 5 qui couvre la diversité des styles et des époques. L'ordre est aléatoire. Découvrez et faites-vous plaisir.
- Maceo Parker : Pass the Peas (1994) - L'ancien saxophoniste de James Brown avait poursuivi sa carrière de sideman avec George Clinton et fait quelques apparitions ici et là. Dans une sorte de vogue "revival", il sort quelques albums solo dans les années 90 qui lui donnent en Europe une notoriété qui ne se dément pas. Le concert qu'il donne à Cologne (eh oui, il n'y a pas que Keith Jarrett !) avec deux autres vétérans comme lui, Fred Wesley (qui sera en concert à Paris le 14 avril prochain au New Morning avec son groupe "The New JB's) et Pee Wee Ellis. Sous le slogan "2 % jazz, 98 % funky stuff", Maceo avait repris le Pass the Peas des JB's (sorti en 1972). "Pass the Peas" qu'on peut bêtement traduire par "passe les pois" est un de ces titres dans lesquels James Brown rendait hommage à la soul food. Cette cuisine familiale du sud des Etats-Unis d'où étaient originaires la majorité des musiciens du Godfather. Dans plusieurs morceaux, on l'entend énumérer les plats incontournables comme le pain de maïs (cornbread) ou le poulet frit... L'expression peut aussi désigner dans un jam, le moment où chaque musicien se passe le solo... Dans la version de 1994, Maceo Parker reprend aussi deux passages de grands classiques de sa période P Funk avec George Clinton et ses groupes de déjantés Parliament-Funkadelic. Un extrait du rap de "Let's take it to the stage" suivi de la partie chantée de "P. Funk (Wants to Get Funked Up)".
2. Stevie Wonder : Do I Do (1982) - Ce titre fleuve (plus de dix minutes) aux saveurs brésiliennes accueille comme invité de marque, Dizzy Gillespie et sa fameuse trompette. Sorti sur la compilation Original Musiquarium on y entend aussi Stevie Wonder raper. On est dans les premières années où le grand public a découvert le hip hop. Le bassiste s'appelle Nathan Watts, un des acolytes de Stevie Wonder l'intro de "I Wish" - il commet un excellent solo de basse sur ce titre et on l'entend aussi sur Destiny et Triumph des Jacksons...
3. Double Exposure : My love is free (1976) - Typiquement "Salsoul" avec son intro aux cordes, ce titre d'un groupe venu de Philadelphie, qui a donné, on le sait beaucoup à cette musique dans les années 70 avec les productions de Gamble & Huff pour CBS et qui constituent une sorte de pont entre la soul funk du début des années 70 et le disco, est aussi joué dans un mix fleuve qui produit bien plus de frissons et de jouissance que n'importe quelle pilule ! Bien que les structures harmonique et la mélodie soient basiques et pas spécialement élaborées, il y a indéniablement un "groove" ravageur.
4. Diana Ross : The Boss (1979) - Le titre phare de la Diva de la Motown à la fin des années 70 était une des incursions de cette bande là dans l'univers disco. Cela avait commencé trois ans plus tôt avec "Love Hangover". C'est encore une des productions du duo Nick Ashford et Valerie Simpson qui, depuis la fin des années 60, font des merveilles. les titres de Marvin Gaye avec Tami Terrell en 1967, c'est eux, "I'm every woman" de Chaka Khan, c'est encore eux. Bientôt, c'est Nile Rodgers de Chic qui viendra donner un coup de main à Diana Ross avec "Upside down"...
5. Loleatta Holloway : Love sensation (1980) - ce tube porte la marque de fabrique "sasoul". Parfaitement formaté pour les pistes de danse, il a connu une fortune particulière à la fin des années 80. A cette époque, l'explosion de la House music et le renouveau de la "dance" ont produit en nombre des groupes comètes qui n'ont eu de succès que le temps d'un tube resté plusieurs semaines dans les hit parades. En 1989, on dansait sur "Ride on time" d'un obscur groupe italien qui faisait croire que sa chanteuse était noire. Black Box avait conquis les charts avec ce tube, jusqu'à ce qu'on découvre qu'il ne s'agissait ni plus ni moins d'un remontage de la chanson originale avec quelques fioritures d'époque... Les connaisseurs ne s'y étaient pas trompés, mais les jeunes qui étaient enfants à l'époque n'y avaient vu que du feu... Justice fut rendue. Mais la leçon, c'est que certains styles musicaux ou certains titres peuvent traverser sans une ride les vicissitudes des modes."Love sensation" est une création de Dan Hartman ("Instant replay" et mixé par Tom Moulton, une référence du métier.
Voilà, c'est fini pour aujourd'hui... Mais le réservoir est encore bien plein.
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