L'ancien chanteur des Temptations, Dennis Edwards, est décédé le 1er février. C'était la voix rocailleuse que l'on entend sur les titres de la période Whitfield Strong, celle qui court de 1968 à 1974 et dans les années qui suivirent, entre quelques ruptures. Il avait remplacé david Ruffin, le charismatique et torturé "lead singer" dont le divorce avec le groupe fut douloureux. Viril, drôle, il avait ce style classique du "shouter" que l'on retrouve dans musique populaire afro-américaine. Depuis les prédicateurs baptistes aux musiciens contemporains en passant par Screamin' Jay Hawkins, Wilson Pickett, James Brown ou encore Joe Tex.
Dennis Edwards rejoignit donc le plus viril des groupes masculins de la Motown qui rivalisait avec les Four Tops. Le seul membre de la grande époque, encore actif est Otis Williams. Avec le décès d'Edwards, tous les autres membres de la période Motown sont décédés. Mais ils ont marqué leur époque. Le falsetto d'Eddie Kendricks, la voix de baryton de Paul Williams - qui était atteint de drépanocytose, la basse profonde de Melvin Franklin, voilà pour ce que fut, au meilleur de sa forme le quintette de Detroit qui a donné à la soul certains des meilleurs tubes, composés par Smokey Robinson ou le duo Norman Whitfield/Barrett Strong : My girl, Ain't too proud to beg, Don't look back, it's growing...
Dennis Edwards apparaît dans la suite de David Ruffin dont la carrière est menacée par la drogue et l'alcool. Il va intervenir dans la période "psychédélique" et "contestataire" du groupe. Après 1967, Whitfield et Strong modernisent la soul sage du label pour s'adapter à l'époque troublée que traverse le pays. Cloud nine, Runnaway child, Ball of confusion, Psychedelic Shack, et le mythique Papa was a rolling stone relatent ce monde en ébullition où le racisme, la guerre, la drogue, les pères délaissant leur famille sont des plaies...
Si David Ruffin et Eddie Kendricks ont connu leur heure de gloire avec quelques tubes au cours de leur carrière solo, Dennis Edwards a attendu beaucoup plus longtemps pour un tube qui a marqué les années 80 avec ce duo genial, Don't look any further, sorti aussi chez Motown, avec Siedah Garrett. Cette dernière va aussi se faire un nom avec Michael Jackson sur Bad trois ans plus tard. C'est le genre de chanson qu'on écoute le samedi soir dans sa voiture ou dans sa chambre et qui vous met à l'aise...
C'est ce qui nous reste de ces légendes. Parties de peu. Dennis Edwards était né en Alabama pendant la guerre. Fils de pasteur, il s'était mis à chanter très jeune. Il avait d'ailleurs rejoint les Mighty Clouds of Joy, un légendaire groupe de gospel dont Joe Ligon un des chanteurs possédait la même voix éraillée. On peut les entendre avec Aretha Franklin sur "One Lord, on faith, on baptism", sorti en 1989. La famille déménagea à Detroit et il lui fallu affronter la colère familiale quand il se mit à chanter de la musique profane... La suite s'écrivit beaucoup avec Motown et les Temptations.
Heureusement, il nous reste les disques.
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