Les artistes ont ceci de supérieur que leur œuvre leur survit. Dans la nuit, - l'après-midi aux Etats-Unis, la nouvelle est tombée : Whitney Houston est morte à 48 ans.
Le monde de la soul et du r'n'b avait déjà perdu en quelques jours deux icônes de taille avec Don Cornelius et Etta James.
"Ma génération" a grandi avec la musique de Whitney. C'était probablement avec Anita Baker et Chaka Khan, la voix la plus forte de la soul des années 80-90. L'explosion avait eu en 1985 quand est sorti How will I know.
Les mélodies suaves et romantiques de Michael Masser qu'elle avait beaucoup chanté alors, avec la patte de Narada Michael Walden sous la férule de Clive Davis qui comme Jerry Wexler et Ahmet Ertegun était un dénicheur de talent, sont des classiques. Ils sont la bande son d'une adolescence antillaise en Martinique ou en France dans ces années où les stars de la musique noire sont Kassav', Lionel Richie, Michael Jackson, Stevie Wonder, Prince...
En réalité, la musique de Whitney Houston n'était pas aussi dansante, pas aussi funky ou jazzy que Chaka Khan ou Anita Baker, mais la puissance de sa voix annonçait une Beyoncé ou surtout une Jennifer Hudson. C'était avant tout une interprète, puissamment habitée par un immense talent.
On se plaisait à rappeler l'héritage de Whitney. Sa cousine était Dionne Warwick, l'interprète des grands classiques de Burt Bacharach et sa mère, Cissy Houston, âgée aujourd'hui de 78 ans, était une des Sweet inspirations, le groupe de choristes d'Aretha Franklin, débauché par Elvis dans les années 70.
Comme des milliers d'autres, Whitney Houston avait grandi sur les bancs des chorales d'église et on retrouve ce moment important de la culture afro américaine dans un film peu connu en France, The Preacher's wife dont la B.O. est le seul album gospel de la chanteuse.
Bien sûr, pour ce qui est de la filmographie, on n'oublie pas The Bodyguard avec Kevin Costner - le rôle avait été écrit pour Steeve McQueen - et Waiting to Exhale, une perle car ce film et sa musique sont des rencontres. Une des dernières apparitions de Gregory Hines, et sur la B.O. la plupart des grandes voix féminines de la soul de ces années 90 : Cece Winans, Aretha Franklin, Brandy, Toni Braxton...
La vie de Whitney Houston n'avait pas besoin d'être autrement pour faire l'objet d'un film à succès. Tout y est : les débuts précoces et prometteurs, un mariage "people", la violence, la déchéance puis une rédemption tardive, brutalement interrompue.
On a beaucoup noté les épreuves, les échecs, la drogue et les retours ratés. Il faut y voir un combat.
Nous l'aimions car plus jeunes, nous avions aimé au son de ses chansons, c'était une de nos grandes sœurs en effet, le don qu'elle a reçu, elle nous le laisse avec sa belle voix.