Bien qu'on soit pour la justice et contre les méchants, le crime a toujours payé dans la littérature et dans les films ou les feuilletons télévisés. Il y a un style, une esthétique et parfois même une éthique, un code de l'honneur chez les bandits dont le caractère négatif peut être relativisé quand on constate combien la justice peut être imparfaite ou les flics eux-mêmes, parfois corruptibles...
Qui n'a pas été séduit par la sophistication d'un Don Corleone ou par la gouaille d'un Tony Montana...
Ces deux chefs d'œuvre du genre viennent vite à l'esprit quand on regard l'affiche du dernier Ridley Scott. Même choix d'un noir et blanc stylisé où seul le rouge est mis pour souligner le tragique qui va se jouer.
Rien que l'affiche d'ailleurs donne envie. Ridley Scott qui a réussi aussi bien la science fiction que le film de geurre ou le péplum. Russell Crowe qui touche autant en gladiateur qu'en flic musclé de Los Angeles... Quand à my main man Denzel W, depuis Training Day, on sait qu'il sait aussi y faire, avec le même charisme qu'il avait développé dans Malcolm X ou plus récemment dans Remember the Titans.
American gangster, qui sort ce 14 novembre sur les écrans français, n'est pas sans rappeler certains des films que l'on a fait dans les années 70 du temps de la fameuse "blaxploitation". Un cinéma calibré pour le public afro-américain, avec des héros noirs qui mènent la vie dure à des méchants blancs.
Scott n'est pas le premier à revisiter le genre. Celui qui l'a fait de la manière la plus assumée est bien sûr Quentin Tarantino notamment avec son magistral Jackie Brown.
La classe de Denzel Washington fait penser à Fred Williamson. C'est lui qui joue le capitaine dans la version de Starsky et Hutch avec Ben Stiller et Owen Wilson. Williamson était l'un des acteurs les plus populaires des années 70. Il fut "le Parrain noir de Harlem" titre français de Black Caesar de Larry Cohen en 1973, un film sur l'ascension et la descente aux enfers d'un caïd. Sur une musique de James Brown et Fred Wesley. Le film eut tellement de succès, que bien que le personnage principal mourrait à la fin, on lui imagina une suite quelques mois plus tard, Hell up in Harlem dans lequel on peut entendre l'excellent Edwin Starr chanter "Big Papa".
Mais le véritable hommage à ce genre dont on retient plus les B.O. que les films - à l'instar de Shaft, Trouble Man, Truck Turner ou Superfly dont les compositions sont dues à Isaac Hayes, Marvin Gaye ou encore Curtis Mayfield - on le doit évidemment à Quentin Tarrantino avec notamment Jackie Brown avec l'icône de cette période, la merveilleuse Pam Grier.
Le film de Ridley Scott va au-delà, un film de bons et de méchants comme on les aime, une esthétique comme on adore.