Au départ, ce devait être un billet sur le rapport des militants et des élus aux réseaux sociaux. Et puis ce matin, la déclaration d'Alain Vidalies a animé "la toile" au point que le moment de gratitude nationale symbolisé par la remise de la Légion d'honneur aux héros du Thalys par le Président de la République a été gâchée par une mauvaise polémique qu'on aurait pu s'éviter. Mais avant les propos de Vidalies ce matin, il y a eu la controverse provoquée par la mise en cause des agents du même Thalys par le comédien Jean-Hugues Anglade.
La séquences est intéressante pour les spécialistes des médias. Elle est aussi lourde ou riche d'enseignements politiques.
Le premier enseignement est que les réseaux sociaux interdisent de prendre le moindre recul ou de faire suffisamment preuve du discernement qui incite parfois à ne rien dire plutôt que se précipiter à réagir comme si sa parole était attendue, comme si le désir secret était aussi de se faire remarquer. Dès lors qu'on est présent sur ces réseaux, on comme ces erreurs comme tout le monde.
Comme d'habitude, tout cela renseigne bien sur notre temps. Imaginons un instant que l'on remplace les tweets et les statuts sur Facebook par de vraies expression orales qu'on enregistrerait ; chacun imagine sans aucune difficulté le brouhaha que cela représenterait.
Quand face à un drame, on a des exemples de grandeur, il est frappant de voir comment on peut être tiré vers le bas. Les réseaux sociaux où se mêlent sur un même écran des gens "autorisés" et des gens qui s'autorisent, produisent cette confusion où tout se vaut et inversement. C'est ainsi qu'on donne un écho indu aux "je ne suis pas Charlie" par exemple...
La controverse lancée par Jean-Hugues Anglade a ouvert un curieux débat où on a critiqué la passivité d'agents à la place desquels nul ne sait ce qu'il aurait fait. Être un héros n'est pas qu'une question de grandeur d'âme, c'est aussi une petite dose de cette inconscience qui pousse au moment du danger à mépriser sa propre sécurité. Inspirons-nous des beaux actes au lieu de spéculer sur le reste.
Dans ce qui s'est passé aujourd'hui avec Alain Vidalies, il y a un emballement, une injustice qui surexploitent une maladresse. Le ministre répondait à une question posée par un journaliste dont la spécialité est de poser la question suivante dès que son invité commence à répondre. Elkabbach faisait remarquer au secrétaire d'Etat aux transports que si on augmentait les contrôles les gens crieraient à la discrimination. Dans le fil, du tac au tac, Vidalies répond "je préfère qu'on discrimine". Comme choix entre "débat sur la méthode" et "buts". L'erreur est d'avoir employé un mot "interdit". Car cela ouvrait mécaniquement le débat sur ce qu'il a voulu dire et dans le contexte actuel où la gauche ne s'aime pas, où les militants cognent publiquement sur leurs propre organisation, la boîte de Pandore était ouverte. En quelques heures, Vidalies, l'ancien proche de Jean Poperen, puis proche d'Emmanuelli, de Fabius, puis de Martine Aubry, donc, toujours à l'aile de gauche du PS, passait pour un odieux droitier sécuritaire lepénisé.
On n'a pas tardé à plaquer sur le Landais, tous les poncifs. Cette gauche qui trahit et qui joue avec les idées du FN ! Et comme le ministre n'a rien précisé ni rien rectifié, les adeptes du PS bashing ont bu du petit lait toute la journée tandis que les médias faisaient le buzz en isolant la phrase maudit du reste, tout cela sous un titre racoleur.
L'autre effet bien sûr que qu'en quatre mots, il a sabordé toute sa séquence media. Cette maladresse devenant une faute politique aux yeux d'une opinion connectée qui ne laisse aucun répit, elle même ne prenant aucun recul.
Car on peut aussi questionner l'attitude de militants ou de dirigeants sur les réseaux sociaux. Commentant à tout va l'actualité, des choses les plus insignifiantes aux faits les plus notables, nous avons plus tendance à nous faire procureurs qu'avocats. Même quand la cause est défendable, quand il faut la défendre, l'éloquence est plus grande quand il s'agit de cogner. Et qu'il s'agisse de socialistes qui cognent d'autres socialistes, quitte à contribuer à obscurcir les raisons pour lesquels ces gens sont membres de ce parti qu'ils attaquent ou qu'ils dénigrent.
Le ministre a donc été maladroit. Là dessus on lui fait un faux procès, et voilà tout un message brouillé. Il semble important que le militant ne se laisse pas "dicter" par les médias ce qui doit ou non faire le buzz car il se prête aussi à une entreprise pas nécessairement amicale à l'égard du PS qu'on peut affubler de beaucoup de défauts, mais qu'un militant doit aussi savoir défendre. Tout le problème est de savoir si, a a priori, ledit militant défend ou pourfend son propre camp...
Heureusement que dans la vraie vie, la vérité est ailleurs.
On peut déplorer que les politiques soient déconnectés, mais on peut aussi se réjouir que certains puissent aussi se déconnecter.
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