Le dernier ouvrage de Jean-Christophe Cambadélis, Hier, aujourd’hui, demain, répond à quelques questions que beaucoup de militants ou d’observateurs se sont posées au fil des décennies écoulées. Les petites anecdotes qui nourrissent la petite histoire au sien de la grande histoire de la gauche. Les « révélations » de coulisses d’événements maintes fois évoqués, les ratés, les circonstances à l’origine de faits qui ont marqué notre temps, voilà un ouvrage bien utile qui fait aimer la politique, les idées, la stratégie et aussi, bien sûr, la gauche.
S’il y a des révélations, elles ne sont jamais désavantageuses pour les hommes et les femmes qui sont cités. Pas de règlements de compte, pas de déballage, pas de mise en cause de quiconque alors que ce ne sont pas les occasions qui manquent. Dans l’époque, c’est tour de force et une élégance rare, y compris quand on se souvient que la « légende noire » des anciens lambertistes est celle d’individus capables de brutalité et d’un sectarisme hors norme…
Après Le chuchotement de la vérité paru en 1998 dans lequel, Cambadélis, apportait son éclairage sur son propre parcours, souvent réécrit pas d’autres, évoquant l’aventure du lambertisme qui excitait tant de curiosités, ce dernier opus complète une dimension autobiographique pour lui et la chronique politique d’une époque sur laquelle il avait déjà beaucoup écrit.
L’ancien Premier secrétaire n’est, en effet, pas seulement un stratège politique reconnu, mais aussi un intellectuel en politique, ce qui est rare, surtout à notre époque, à gauche.
Ce livre tombe bien dans une époque où la gauche n’a jamais été aussi excellente dans sa capacité à être faible, divisée, hautaine et, finalement, inutile pour le peuple, mais au service d’une droite qui n’en demandait pas tant.
Bien que l'ancien Premier secrétaire du Parti socialiste avait pressenti la fin du bipartisme et l’installation durable de l’extrême droite, la gauche, ainsi avertie, nourrit méthodiquement ses divisions alors que le bloc réactionnaire qu’identifiait un Guillaume Bachelay en son temps sens que l’Histoire vient à lui, échappant à la gauche…
Revenant sur les années d’exercice du pouvoir, Jean-Christophe Cambadélis met le doigt sur un des manques du quinquennat qui suggère ce qu’il faudra pour reconquérir le pouvoir et l’exercer de façon à tenir les engagements : la nécessité d’une formation politique centrale, trait d’union entre des gauches diverses et un mouvement social capable de donner un sens aux aspirations, parfois contradictoires, d’un salarié exigeant et inquiet.
En effet, les partis demeurent pertinents pour peu qu’ils soient capables de transformer une situation sociale dont ils mesurent les tenants et les aboutissants, sans en ignorant ni les contradictions ni les lignes de forces, en une situation politique qui leur soit favorable.
Un livre utile pour ceux qui s'intéressent à l'Histoire, mais aussi à l'avenir.
19 € aux éditions V-A Press.
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