Dans l'Histoire du mouvement communiste, le conseillisme est un courant radical qui confie le pouvoir aux conseils ouvriers. Cela a existé dans plusieurs pays du monde au lendemain de la révolution bolchevique, notamment en Hongrie sous la férule de Béla Kun. Cette volonté d'une "hyperdémocratie" qui se méfie du rôle du parlement trouve aussi son inspiration dans la pensée de Rosa Luxemburg...
Cette volonté absolue de démocratie directe a été vue à l'œuvre en France avec Nuit Debout ou encore les Gilets Jaunes. On comprenait bien que, depuis que la démocratie existe, et encore au pays de la Révolution française et 150 ans après la Commune de Paris, rien ne devrait jamais entraver les aspirations démocratiques.
L'attrait pour Emmanuel Macron a poussé ses supporters, même quand ils venaient d'autres formations politiques, à ne pas organiser de débats démocratiques ou de votes entre militants pour désigner des candidats ou déterminer leurs orientations politiques.
Puis vint le temps des cabinets.
Le scandale McKinsey en est un car il démontre que dans le macronisme, il faut se méfier de tout l'appareil d'Etat. C'est dans cette méfiance que s'inscrivent les origines de l'Affaire Benalla. A force d'être disruptif, on finit par donner à des officines privées, à des personnes qui n'ont pas le sens de l'Etat un pouvoir intrusif au risque de porter atteinte à l'Etat de droit !
Quand on sait que McKinsey a joué un rôle dans l'affaire Enron, la crise financière de 2008 ou encore des affaires concernant l'addiction aux opiacés, on est en droit de s'interroger sur la légèreté avec laquelle leur entrée au cœur de l'appareil d'Etat fut organisée. Comme si les nombreux experts, les milliers d'agents et de serviteurs du bien public étaient des bons à rien !
Comme si la France était un pays sous développé et faible en infrastructures pour penser, analyser, prévoir et proposer...
C'est une République des conseils d'un genre nouveau, nullement démocratique celle-là qui confie à des cabinets privés l'avenir de l'intérêt public !
Et ça n'est pas parce que c'est légal, que c'est moral pour autant.
Dans d'autres pays ou à d'autres époques en France, cela aurait fait grand bruit. Mais finalement, on en parle assez peu de ce qui est pourtant un scandale d'Etat.
Et pour cause : la boulimie de sondages dont le commentaire a remplacé les débats sur les programmes des candidats a imposé le récit voulu par Macron dès 2017 : entre lui et l'extrême droite il ne doit rien y avoir pour assurer une élection tout en se dérobant à la confrontation des idées et des projets.
Si Jupiter était atteint, mécaniquement, c'est l'extrême droite, méthodiquement chouchoutée par la presse depuis des années qui en profiterait tant la surexposition médiatique dont elle a bénéficié indûment a produit son effet.
Dominant dans les esprits et bien installée dans les urnes, la pensée réactionnaire, malgré Trump, ne fait plus peur et certains jouent avec tandis que d'autres, tels Cassandre, crient dans le désert.
La droite pense qu'il faut adapter son discours à cette nouvelle donne alors que la gauche, qui jadis savait s'unir face au danger, préfère jouer "perso" car au fond ce qui compte pour beaucoup, c'est moins qui pour gouverner la France que qui pour dominer à gauche... Une erreur qui peut s'avérer fatale.
En tout cas, on regrettera la présidence normale qui fut tant moquée et il faudra donner au mot d'ordre de "République impartiale" toute sa force dans le projet de la reconstruction...
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