Ariel Goldman a raison. Donner à un parti d'extrême droite le nom de "Reconquête" c'est se placer dans les heures les plus sombres de l'Espagne médiévale lorsque les rois catholiques, en reconquérant la péninsule, donnèrent à l'Inquisition le pouvoir de s'en prendre aux juifs et aux musulmans, par la torture, le bûcher et l'expulsion.
C'est une bien sinistre inspiration, mais on sait la passion de l'extrême droite pour l'ombre.
Le meeting de Villepinte, déplacé de son lieu initial, le Zenith de Paris, probablement pour éviter que le nord-est parisien se transforme en champ de bataille - les plus "avertis" se souviennent par exemple du meeting d'Ordre nouveau au Palais des sports en 1971 et celui de 1973 au Palais de la Mutualité dont les attaques par la Ligue et d'autres organisations d'extrême gauche sont entrées dans "la légende" - était un moment de tension évidente.
La situation n'est pas tout à fait la même, mais le potentiel de violence était là. Autant dans la volonté des "antifas" que dans la rage des fachos.
Mais, et c'est un débat qui est posé, le mouvement antifa, différent de l'époque "Scalp-Reflex" ou des autres groupes de type Ras' l'Front, est fractionné en groupuscules au point qu'ils sont en réalité inefficaces.
L'action de SOS racisme, courageuse, c'est le moins qu'on puisse dire, consistait à interpeller depuis la salle. C'est un classique des meetings. Quand on en organise, il faut toujours garder à l'esprit la possibilité d'une contestation à l'extérieur ou à l'intérieur.
La contestation à l'extérieur, ayant lieu sur la voie publique, c'est l'affaire de la police, mais il peut y avoir, de façon isolée, de l'intimidation ou des escarmouches.
La contestation à l'intérieur est l'affaire du service d'ordre qui doit, "protéger". Le terme est précis. Protéger la réunion et les gens qui s'y trouvent. Si bien que les gens qui viennent contestés ont vocation à être reconduits vers la sortie, mais sans violence car ce qui se joue, au delà du risque de "mise en danger de la vie d'autrui", c'est l'image et la réputation de l'organisation qui "défend".
Voilà pourquoi l'action de SOS racisme, organisation non violente, fut un testing d'une autre nature dont le résultat est positif ou négatif, c'est selon.
Les images parlent d'elles mêmes. Le S.O. est inexistant. Débordé ou pas, c'est une horde sauvage qui s'est déchaînée contre des militants non violents.
Jets de chaises, coups et blessures, l'agression est caractérisée et le "permis de chasse" qui a ainsi été donné - les organisateurs ont remercié les nervis - et d'autant plus choquante que la riposte était disproportionné dans sa violence et injustifiée dans le recours même à la violence.
Des nervis rêvant d'en découdre avec des antifas, se sont fait la main sur des militants non violents.
Un meeting de lancement de campagne aussi violent est un moment politique qui en dit long sur le climat qui va continuer, car nul doute qu'on trouvera - même hors des plateaux de Cnews, des gens pour condamner ou moquer l'action courageuse de cette après-midi.
Pour ceux qui l'auraient oublié, l'extrême droite est par nature violente et antidémocratique. On en a eu la preuve cet après-midi.
Sinon, aujourd'hui, on célèbre le 60e anniversaire de la mort de Frantz Fanon et le 35e anniversaire de la mort de Malik Oussekine...
Les faits sont têtus.
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