Dans quelques heures, l’université d’été – le campus – du Parti socialiste commence dans un contexte international, européen et national qui devrait donner aux débats une réelle gravité.
Reprendre pied dans le mouvement social
Il y a longtemps que l’attractivité du Parti socialiste ne fait plus effet et la seule question qui vaille en cette rentrée politique, pour les militants et celles et ceux qui croient que la gauche dans ce pays a encore un avenir, est toujours la même, comment être utile à cette partie grandissante de la population qui ne veut pas que le choix se limite à d’un côté la droite et de l’autre, l’extrême droite.
La vie de château est terminée depuis longtemps pour les socialistes qui vivaient sur l’héritage du congrès d’Epinay qui, il y a 50 ans avait permis au PS de devenir la force propulsive de la gauche en devenant même le débouché politique de beaucoup des idées de l’après mai 68. Le PS d’alors tenait la dragée haute aux gauchistes dont beaucoup finirent par le rejoindre et il n’ignorait ni les questions de société, ni celles liées à la prise de conscience naissante de l’écologie politique.
Il faut dire que le PS d’alors était puissamment implanté dans le mouvement social. Les socialistes étaient impliquées dans la CGT, dans la CGT-FO, la CFDT, la FN, l’Unef sans parler des milliers d’associations – LDH en tête, qui permettaient d’être comme des poissons dans l’eau dans une société en mutation. Il était possible d’être en résonnance avec le pays et cette fameuse « majorité sociale » qui trouverait en 1981 une majorité politique.
De cette décennies 71-81, s’il faut reproduire quelque chose, c’est l’implication dans la réalité sociale du pays. L’engagement, nécessaire, pour ne pas dire obligatoire, dans le syndicalisme et le militantisme associatif.
Mais il n’a échappé à personne que la crise qui touche les partis n’épargne ni le monde syndical ni le monde associatif.
On peut, par exemple, pérorer à longueur de tweet sur la crise de l’Unef, les dérives de la FCPE ou de la Ligue des droits de l’Homme, admettons que, depuis trop longtemps, par nonchalance, par dépolitisation et par désintérêt, ces organisations jadis riches en militants politiques de tous bords, pas que socialistes, ont été désertées par des gens qui ont cru qu’il fallait rompre pour en finir avec les logiques d’appareil. Or, la politique ayant horreur du vide, d’autres prennent la place, avec d’autres intentions…
Un PS hors sol par rapport au mouvement social risque l’asphyxie.
Voilà ce qui pourrait être un premier axe stratégique pour la rentrée. Qu’on se rassure, il n’y a pas les moyens de faire des « courants » internes à ces organisations assez puissants pour les contrôler ! Le but aujourd’hui est de renouer avec la formation, de se déconnecter des réseaux sociaux pour se reconnecter avec des réseaux dans la société.
La situation du monde et du pays appelle à la gravité
Ni l’université d’été ni le congrès ne peuvent être le moment d’un entresoi dans lequel les socialistes ne parlent qu’à eux-mêmes.
Et 25 ans d’universités d’été du PS pour l’auteur de ces lignes illustrent que même quand les débats sont de qualité et les discours au niveau des attentes du pays, le « off » prend toujours le pas : la petite phrase écrase le grand discours.
Le principal défaut des socialistes, on le connaît : ils ne s’aiment pas. Masochistes, ils sont souvent tenaillés par le « qu’en dira-t-on » des autres. Avant c’était celui du parti communiste, puis ce fut celui de la gauche radicale, aujourd’hui c’est à la fois celui des écologistes et de ces gens pour qui le PS n’est pas assez « laïque », trop « communautariste » et qui, pour beaucoup, ont souvenu Macron en 2017 et appelé à voter Pécresse en 2021.
Les socialistes doivent procéder d’eux-mêmes, affirmer leur identité, assumer leur histoire et imposer leur récit car ils doivent aussi comprendre qu’à gauche, beaucoup veulent faire sans eux, ou à leurs dépens, même avec leur argent.
La situation du monde, le contexte politique global obligent à être à la hauteur des enjeux.
La pandémie a ébranlé le monde, mais les crises se sont ajoutées les unes autres.
Les Etats-Unis de l’après Trump ne redeviendront pas ceux dont rêvent les Européens. Le multilatéralisme des années 2020 n’aura de sens que si l’Europe s’affirme comme ce qu’elle n’a jamais su être : un géant diplomatique.
Cette nécessité est renforcée par l’affirmation de la Russie de Poutine et de la Chine de Xi Jinpin dont la stratégie des « Nouvelles routes de la soie » installe un nouvel empire du milieu qui a décidé, une nouveauté depuis 50 ans, de jouer un rôle diplomatique, compliquant une donne mondiale déjà pas simple. L’ordre mondial occidental est contesté ouvertement par des pays comme la Turquie.
La chute de Kaboul à l’été 2021, sonne comme celle de Saigon en 1975, l’échec d’une croisade contre le Mal, vingt ans après les attentats du 11 septembre 2021 repose avec cruauté la question de l’efficacité de la guerre contre le terrorisme et l’islamisme.
Comme au Vietnam du sud entre 1954 et 1975, il n’a pas été possible de faire réussir en Afghanistan un régime intègre, vacciné contre la corruption, capable de délégitimer les Taliban et de les présenter comme les vrais oppresseurs.
Mais cette fois, il n’y aura pas de « boat people ». La peur de l’islam radical, la confusion et la pression de l’extrême droite, additionnés aux souvenirs encore douloureux de la dette payée par nos pays face au terrorisme, incitent plusieurs gouvernements à la méfiance. L’accueil des réfugiés va se briser sur les logiques de peur et le populisme de droite et si, dans un premier temps, beaucoup de maires de gauche ont fait preuve de générosité à l’annonce de la victoire des Taliban, il va falloir convaincre, dans les conseils municipaux de rentrée avec des moyens, de la pédagogie et expliquer que même « un » terroriste infiltré ne justifie pas qu’on ferme la porte à des femmes et des enfants qui fuient pour leur vie. C’est cela être responsable, et courageux, au mépris des calculs électoraux.
La crise sanitaire dure et avec elle, la crise de confiance dans la démocratie.
La situation aux Antilles et en Polynésie – des territoires français – a révélé une fois de plus le poids des préjugés et la profondeur des inégalités.
Depuis des années, on alertait sur la précarité sanitaire en outremer, le scandale d’Etat du chlordécone et la vie chère, malgré les mouvements sociaux de 2009 et malgré les lois votées par la gauche entre 2012 et 2017, le sentiment d’abandon est grand, donnant aux propagateurs de fake news une audience qui a contribué, de façon criminelle, à un scepticisme antivaccinal nourri par une défiance généralisée, irrationnelle, faite de complotisme que les réseaux sociaux, notamment les boucles WhatsApp alimentent sans cesse.
Au nom de la « liberté », contre la franc-maçonnerie ici, les juifs là, le gouvernement, les labos pharmaceutiques, ces personnes refusent, dans la contestation du passe sanitaire, la collecte de leurs données, mais les mêmes sont de fidèles clients des Gafam : ils sont tous connectés, en permanence ! On n’est pas à une contradiction près !
Dommage d’ailleurs que dans le programme des débats de Blois, il n’y ait rien sur la crise sanitaire en outremer, le scepticisme anti vaccinal qui rassemble plus de deux cent mille personnes dans les rues de France en plein mois d’août, un mouvement qui donne un nouveau souffle aux Gilets jaunes les plus radicaux et sur dans lequel l’extrême droite prend pied.
Toujours dans la volonté d’être en phase avec la réalité du pays, le PS aurait probablement dû proposer un débat sur l’état des droites et la façon de lutter contre la zemmourisation des esprits alors que la ligne éditoriale de Cnews se répend à Europe 1.
Il aurait aussi fallu parler avec force des discriminations dans la mesure où la banalisation du racisme, ainsi que les violences homophobes et transphobes ne sont pas que des statistiques, mais une souffrance pour de trop nombreux de nos compatriotes. Surtout, sortir des constats pour revenir sur des propositions offensives et inventives.
Le bilan d’Olivier Faure est aussi celui des minorités
Dans une tribune publiée récemment, des responsables reprochent à l’actuelle direction du Parti socialiste une verticalité qui étouffe la démocratie interne.
S’il s’agit aussi de faire dans la figure imposée : publier une tribune dans la presse à la veille de l’université d’été pour faire parler de soi, l’initiative illustre exactement ce qu’il ne faut pas faire. Parler de soi quand il faudrait parler à la gauche et surtout aux Français qui, confrontés à la pandémie qui n’en finit pas et à la crise, n’ont pas prévu d’accorder la moindre attention aux débats internes du PS, surtout s’il s’agit de les mener sur ces sujets de cuisine et de cette manière.
On peut reprocher beaucoup de choses à la direction du PS, notamment le fait que le projet pour 2022 n’a pas mis les militants à contribution comme cela avait été le cas pour les élections européennes et comme cela fut le cas pour les élections locales de 2020 et de 2021 – on notera aussi que, malheureusement, les territoires sont absents des travaux de Blois alors que le résultat des élections départementales et régionales montrent que la gauche dans les territoires reste bien implantée – mais les grands absents de ces trois dernières années dans les débats internes du PS sont les minorités.
Jamais le PS n’aura eu une aile gauche aussi muette et docile, peu stimulante pour la réflexion politique et la joute intellectuelle. On est loin du Ceres, de la gauche socialiste ou des réseaux d’Henri Emmanuelli.
Les minorités n’ont pas tenu la distance par l’animation de courants structurés par autre chose que les questions d’appareil ce qui est un problème car un parti est un intellectuel collectif et la nature des débats aujourd’hui, désormais minutés, dont on ne garde pas de traces écrites, crée une frustration chez les anciens et une fragilité chez les nouveaux.
La revitalisation intellectuelle, dans la capacité à débattre, compte à condition que le PS soit capable de formuler lui-même ses hypothèses, sans se sentir obligé de répondre aux injonctions de tel ou tel sur Twitter ou ailleurs.
Une fois encore, il s’agit pour le PS de procéder de lui-même.
Beaucoup de socialistes ont perdu la fibre militante et, pour des désaccords légitimes mais dépassables, ont quitté le PS, mettant en scène leur départ, par une annonce ou un geste parfois plus désagréable. C’est le signe d’une rupture, mais aussi d’une lassitude. Pourtant, la Vieille maison n’est pas morte. Tant qu’il restera des injustices et des gens pour les combattre, le socialisme aura encore son mot à dire. Et le socialisme n’est soluble ni dans un progressisme flou lorsqu’il n’assume pas qu’il est de gauche, ni dans une écologie politique plus préoccupée de se distinguer des grands partis historiques, que d’apporter sa contribution théorique et pratique à une transformation « social-écologique » de la société.
Dit autrement, l’écologie ne peut pas être indifférente à la question sociale et la question sociale ne se pose plus hors de la prise en compte des urgences écologiques.
Faire de la triangulation écolo comme certains l’ont fait avec le néo-libéralisme mène à deux erreurs : on laisse la question sociale à la gauche protestataire voire à l’extrême droite et on oublie qu’en politique, les électeurs préfèrent souvent l’original à la copie…
Etre utile à Anne Hidalgo
C’est dans ce contexte que, paradoxalement, le Parti socialiste a trouvé le moyen d’aborder sa marche à la présidentielle de façon apaisée.
Ce qui caractérisait sa difficulté à se relever était que, dans un système où l’obsession de l’élection présidentielle aiguise tous les appétits, le PS n’avait pas de présidentiables en son sein.
Celles et ceux qui y pensaient, n’agissaient pas à l’intérieur du PS, jugé trop dégradant pour l’image, et, surtout, ils donnaient l’impression que leur investiture devait être un parcours de santé.
Le jeu habituel, idiot, que beaucoup de socialistes aiment, « l’empêchement permanent », constituait aussi une menace.
Cela indiquait l’ampleur de la crise du leadership. L’esprit frondeur n’était pas parti avec les frondeurs – d’ailleurs ces derniers ne l’avaient nullement inventé – et on avait l’impression que François Hollande et ses amis, bien qu’ils aient leur mot à dire sur la manière dont le parti socialiste qu’ils avaient dirigé pendant dix ans, critiquaient sans chercher à être utile.
De son côté la direction, soucieux de s’émanciper de tout, donnait l’impression de vouloir tenir à distance « les anciens », qui ne cherchaient pas à « reprendre la main », mais simplement, servir un parti de tous leurs moyens.
Et il est vrai que le sentiment de fracture générationnelle et de division était fort. D’ailleurs, l’implication de Lionel Jospin dans la campagne législative du 20e arrondissement et la parution de son livre provoqua un mélange de nostalgie et de fierté. Mais il ne faut pas oublier non plus comme les socialistes ont durement jugé la fin de son mandat de Premier ministre…
La candidature d’Anne Hidalgo venait de loin. Sa réélection à la mairie de Paris libérait des ambitions qu’il fallait contenir pour ne se tromper ni de temps ni d’enjeux. Soucieux de gagner, de s’identifier à une figure habituée à la victoire, beaucoup de socialistes ont décidé de la soutenir, ce qui lui donne une légitimité qu’un vote militant pourrait « confirmer » sans problème car il n’y a pas de candidature alternative sérieuse.
Il n’y a pas le début d’un commencement de « débat » entre une orientation Le Foll et une orientation Hidalgo, même par partisans interposés.
Cela dit, pour revenir à des choses qui intéressent les Français en général, et la gauche en particulier, si la maire de Paris a réussi, comme dans beaucoup de grandes villes du monde – Londres, Berlin, Lisbonne, Oslo, New York, Tel Aviv, Bruxelles ou encore Barcelone – à démontrer que la gauche est capable de conduire des politiques urbaines qui répondent aux exigences du développement économique, de la justice sociale et aux urgences climatiques.
Dans les territoires, la crédibilité de la gauche à Lille, en Occitanie, en Nouvelle Aquitaine, en Bourgogne Franche-Comté, à Clermont-Ferrand, à Marseille, Montpellier ou encore à Nantes, dans des communes « de banlieue » comme Villeurbanne, Saint-Ouen, Sarcelles, Châtillon ou Alfortville, aussi ce qui fonctionne au plan territorial peut fonctionner au plan national, mais, et l’élection de Macron l’a montré, ça ne va pas de soi.
Le succès à Paris a donné des ambitions légitimes, mais des erreurs ont été commises également et il faut avoir l’honnêteté et le courage de les évoquer. Pas pour régler des comptes, mais pour en tirer des enseignements car comme dit le proverbe : « ceux qui ne tirent pas des leçons des erreurs du passé sont appelés à les revivre ».
On reviendra sur les élections régionales en Ile-de-France dans quelques temps, mais pour notre propos, il convient de rappeler qu’une élection présidentielle se gagne dans le rassemblement de son camp, la mobilisation de tous et la responsabilisation de chacun. Rien n’est pire que la nonchalance, l’arrogance et l’amateurisme.
En 2002, le PS était sûr de lui, mais on a trop cru que l’expertise des cabinets ministérielles pouvait se substituer aux forces militantes. En 2007, personne n’a su ou voulu résoudre le divorce entre Ségolène Royal et les socialistes. En 2017, l’erreur, manifeste, des amis de Benoît Hamon fut qu’ils confondaient le PS avec l’Unef et la France avec une coordination étudiante.
Il s’agit donc d’être utile, non pour soi-même, mais pour le pays et il faut donc comprendre que c’est un défi de fou.
Est-ce qu’on imagine les socialistes capables de proposer un débouché à ces Français qui se sont reconnus dans les Gilets jaunes, à ces jeunes des quartiers populaires, de culture musulmane que l’on stigmatise, à ces policiers mal payés, insuffisamment formés, à ces soignants ou ces enseignants trop peu nombreux pour le travail qu’on leur demande, à ces paysans qui doivent réussir à « reverdir » leur façon de produire, en respectant les sols et les bêtes et qui n’ont pas les moyens de vivre de leur labeur ? La liste est longue, mais le message est clair : Anne peut gagner la présidentielle si elle désire la France de tout son âme et qu’elle entende faire corps avec elle, en l’écoutant, en la regardant dans les yeux, en se méfiant de ses certitudes, sans douter, jamais, de ses convictions.
En cela, le Parti socialiste peut lui être utile et elle peut être utile au Parti socialiste : reconstruire une grande force militante, capable de mobiliser, de déployer un message autour d’un objectif fédérateur, ca a marché dans le passé, cela peut marcher encore d’autant que la présidentielle est à la fois un moment de rassemblement et un moment de dépassement.
Certains pourront dire, « bof, le PS est mort ! », mais alors ils sont dans un déni certain.
La preuve par le SPD ?
Le rebond récent du parti social-démocrate d’Allemagne fait des jaloux en attendant de faire des émules. De ce côté-ci du Rhin, la chose devrait faire réfléchir.
Depuis plus la fin des années Schröder, le SPD perd des électeurs à chaque élection. L’Agenda 2010 et les fameuses réformes Hartz qui ont profondément modifié le marché du travail, ont brisé en deux le SPD, mais, contribué au retour de l’Allemagne comme puissance économique qui s’est posée depuis en garante de la stabilité européenne, mais une stabilité plus soucieuse de rigueur budgétaire que de justice sociale.
Le SPD, même affaibli, demeura pourtant un acteur central de la vie politique allemande au point que lors de la dernière élection fédérale en 2017, la question qui se posait au SPD était un dilemme certain : continuer dans une Grande coalition dont Merkel retirerait tous les bénéfices, mais être au cœur du pouvoir ou revenir dans l’opposition pour se ressourcer, mais en renonçant à réaliser quelques réformes sociales là où c’était possible.
Il s’était d’ailleurs trouvé des socialistes français pour appeler publiquement leurs camarades allemandes à ne pas reconduire la Grande coalition. Ces donneurs de leçon mal informés et peu élégants ignoraient quelques éléments : ils n’auraient pas apprécié qu’alors, on suggérât au PS de participer au gouvernement d’Edouard Philippe – et on se souvient qu’en 2017, le « non » à Macron n’allait pas de soi.
Ils ne voyaient pas d’abord que le processus de décision au SPD sur la participation à une GroKo était démocratique et transparent, les militants étant informés et consultés. D’ailleurs, Kevin Künhert le leader des Jusos, les jeunes socialistes allemands, était devenu un des porte-paroles du refus de la GroKo.
Les militants du SPD, dont le nombre augmenta de près de 60 000 en 2017 après la défaite, étaient consultés sur l’entrée dans la négociation, puis sur chaque chapitre du futur Traité de coalition.
A la fin, le SPD fut tellement « gagnant » que la presse allemande disait qu’il s’agissait d’un gouvernement SPD avec à sa tête une chancelière CDU. Et pour cause, les principaux ministères, à part celui de l’Intérieur, étaient aux mains de responsables du SPD.
La conséquence, on la vit lors de la discussion sur le plan de relance européen dont l’ambition saluée de tous – y compris la gauche radicale espagnole, c’est pour dire, on la doit au rôle important joué, aussi bien par les Commissaires européens membres du PSE comme Frans Timmermans, Nicolas Schmit ou encore Paolo Gentiloni, que par les ministres allemands et leurs conseillers.
Merkel avait besoin du SPD pour équilibrer une CDU aux prises avec la CSU très conservatrice.
Cela dit, la fortune d’Olaf Scholz on la doit aussi au fait que l’équation personnelle de Merkel était de plus en plus indépendante de la CDU et que son état de grâce n’était pas transmissible comme en témoigne l’échec de son « héritière » à la tête du parti, Annegret Kram Karrenbauer.
Enfin, les inondations ont constitué une épreuve pour le pays et en particulier la Rhénanie du nord – Westphalie, la « petite Allemagne » comme on la qualifie parfois et, ce qui restera, c’est le rire du Ministre président Armin Laschet, accessoirement, président de la CDU lors d’une cérémonie peu après les intempéries.
De leur côté, les Verts allemands, qui étaient en position de supplanter le SPD, ont un problème de crédibilité qui peut leur coûter, mais ils peuvent espérer, demeurer des partenaires incontournables pour former une coalition.
Scholz était le dernier des Schöderiens. Vice-chancelier et ministre de l’Économie, il n’a pas opéré de rupture bruyante et flagrante avec son prédécesseur, Wolfgang Schäuble, pas plus qu’il n’avait réussi, comme Martin Schulz, une OPA sur le parti. Son échec à prendre la direction du SPD ne lui coûte pas. Le duo dirigeant du parti, incarnation de l’aspiration d’un coup de barre à gauche des militants n’est pas en première ligne. Il faut dire en cela que le SPD ne change pas : le pragmatisme et l’opportunisme au sens noble du terme valent mieux que toutes les rigidités doctrinales.
C’est aussi la leçon, mal compris de Bad Godesberg : le SPD a renoncé à n’être que le parti de la classe ouvrière pour devenir le parti de toute la société.
Die Linke a perdu des troupes dont beaucoup sont parties vers l’AfD et certaines, sont revenues au SPD. C’est aussi une leçon qu’on a retenu ces dernières années de la situation espagnole où Podemos, unique allié européen de la France insoumise, a échoué dans sa tentative de « sorpaso » à l’égard du PSOE. Mais le PSOE de Pedro Sánchez s’est aussi mué en parti à l’écoute du pays dans un contexte où, comme en France, la montée des droites dures, est un danger pour la démocratie.
La maire de Paris a les moyens politiques d’inciter le PS à devenir l’outil dont elle a besoin, mais qui sera utile au pays quelle que soit l’issue de la présidentielle car les élections législatives lui permettront, contrairement à 2017, de reprendre quelques couleurs. Mais cela se prépare dès maintenant avec une volonté de victoire collective plus force que les désirs de succès personnels. Cela demande de la ténacité, de l’exigence et de la patience.
La bataille pour l’attractivité à gauche n’est pas perdue d’avance. Pour cela, il faut en avoir envie, faire preuve, comme disent les travaillistes norvégiens, de curiosité et d’humilité.
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