Quand je suis allé à Oslo il y a quelques années pour le congrès du Parti travailliste, j'ai rencontré une Martiniquaise qui y vit et qui, le monde est petit, est une parente de trois femmes qui ont joué un rôle essentiel dans la culture de mon île. Les sœurs Nardal et Christiane Eda-Pierre. Et pendant quelques, une compagnie norvégienne desservait l'aéroport Aimé Césaire.
Mais ce 22 juillet 2011, Manuela dans ce beau pays et moi dans cette belle île, nous avons, sans nous connaître été saisi du même effroi, à des milliers de kilomètres, ce jour où un terroriste, militant d'extrême droite, sema le chaos dans le quartier des ministère de la capitale norvégienne, puis sur l'île d'Utøya qui accueillait comme chaque année le camp d'été de l'AUF, l'organisation de jeunesse travailliste, donc, mes jeunes camarades sociaux-démocrates nordiques.
Le monstre cibla ces jeunes de gauche parce qu'à ses yeux, ils incarnaient le vivre ensemble, la diversité et le mélange des cultures.
C'était il y a dix ans. La Norvège rejoignait la processus funèbre de pays frappés par des destins funestes.
Probablement que rien, depuis l'équipée du nazi Quisling sous l'Occupation, n'avait autant marqué le peuple norvégien dont la Première ministre social-démocrate, Gro Harlem Brundtland fut à l'origine de l'expression "développement durable"...
Elle ignorait que le développement du racisme, des épigones 2.0 du totalitarisme et du nationalisme devait lui aussi être durable.
Comme je l'ai écrit peu après le carnage, les martyrs socialistes tombés sous les balles, le harcèlement ou les coups de l'extrême droite sont nombreux. De Matteoti à Salengro, de Jaurès aux milliers de résistants, militants, républicains espagnols ou d'Amérique latine, leur combat nous parle.
La gauche a une histoire bien plus tragique que les états d'âme de sans mémoires qui bradent la mission d'un socialisme, français, européen ou international qui n'a perdu ni son âme, ni sa raison d'être.
Ce 22 juillet souvenons-nous de nos jeunes camarades tombés sous les balles d'un terroriste qui n'était pas musulman, mais d'extrême droite. D'ailleurs familier de thèses venues de notre pays, comme plus tard le tueur de Christchurch.
Honorons leur mémoire dans le recueillement, mais en se souvenant que l'extrême droite peut changer d'allure, elle ne change pas de nature.
Comme le disait alors le Premier ministre, Jens Stoltenberg, face au terrorisme, il faut plus de sécurité, mais aussi plus de démocratie.
Pour comprendre la mesure du choc, une camarade me disait "tout le monde dans mon pays connaît quelqu'un qui est mort ce jour là". Cette même pensée devait me revenir en lors de ces terribles journées de 2015 à Paris.
Fauchés en pleine jeunesse, nos camarades sont présents, maintenant et pour toujours. Nous autres, continuons le combat comme la haine raciste.
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