En célébrant les 150 ans de la Commune de Paris, nous nous plaçons dans la suite de combats pour l’égalité qui ont fait la grandeur de notre République.
C’était le dernier mouvement révolutionnaire du 19e siècle, c’était le temps d’une guerre civile entre ceux qui voulaient céder devant l’ennemi et subir le poids de la monarchie et ceux qui voulaient restaurer la République.
Alors évidemment ce fut un moment violent, car dans Paris assiégé, où la répression serait bientôt motivée par la chasse aux rouges, ces anarchistes et ces gens de gauche qui osaient rêver d’un monde refusèrent de se résigner.
La Commune est un moment de convergence de tous les courants républicains. C’est-à-dire que les tendances nombreuses décident d’agir ensemble dans une assemblée élue démocratiquement, représentative plus que jamais de la diversité sociale d’une ville dont les quartiers pauvres se sont grossis par des Parisiens venus des quartiers qui se sont embourgeoisés sous le Second Empire.
C’est un héritage, mais c’est aussi un exemple. Un exemple que seule la démocratie permet de renforcer la liberté, l’égalité et la fraternité à condition que cette démocratie ne confisquée ni par de nouveaux aristocrates ni par de nouveaux oligarques.
La Commune c’est ce moment d’héroïsme qui fait qu’un peuple se lève au mépris du danger et que lorsqu’il ne se bat pas, il se met à inventer.
Elle ne fut pas une révolution confinée dans Paris assiégé car ses idées ont circulé dans le pays, semant les graines pour plus tard.
Un tiers de ses élus venaient d’autres pays du monde, animés par le même esprit de faire triompher la justice contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression.
Comme ce sont souvent les vainqueurs qui écrivent l’Histoire, ils cherchent à imposer leur vision des faits, mais c’est grâce aux luttes militantes que les vaincus d’hier peuvent faire entendre leur voix et c’est la raison pour laquelle, la Commune a survécu dans les mémoires comme un moment de liberté où après l’Empire, pouvait venir une République qui pourrait être plus durable.
Le Paris de la Commune, c’est la démocratie sociale et la démocratie directe. Mille clubs fleurissent et autant de journaux. On pense, on réfléchit, on discute, on débat, on vote, on décide, on agit.
L'unité d'action est de mise. Quand Eugène Pottier écrivit "groupons-nous et demain" dans les paroles de l'Internationale, il ne disait pas autre chose que l'unité permet de gagner, là où la division est l'assurance de la défaite.
Délais dans le remboursement des créances pour éviter les faillites de petits commerçants, moratoire sur le paiement des loyers, réquisition des appartements désertés pour les sans-logis, on y expérimente les débuts de l’autogestion. On y règlemente la durée de la journée de travail, on décide d’un salaire minimum et d’un plafond pour les hauts revenus.
L’Union des femmes revendique la mixité partout et pousse dans toute les commissions la réorganisation du travail. Elle milite en faveur d’une école gratuite et obligatoire pour filles et garçons.
La Commune impose très vite la laïcisation au nom de la liberté de conscience. Dans les hôpitaux et surtout à l’école. L’instruction est considérée comme « un service public de premier ordre ».
Enfin, l’art et la culture se libèrent de la censure, mais aussi du marché.
C’est à Versailles qu’on envisage les représailles. Le gouvernement Thiers a capitulé devant les Allemands qui aideront le pouvoir à reprendre les rênes dans la capitale tandis que les autres expériences communardes hors de Paris échouent.
La répression s’annonce terrible car il ne faut pas seulement combattre une insurrection, mais purger l’idée même de révolution.
Il fallait expier le crime et, si le monde entier vient à Paris voir le Sacré Cœur, le Mur des fédérés et d’autres lieux de mémoire entretiennent le souvenir de celles et ceux qui ont hâté ce le moment où viendrait le temps des cerises.
La semaine sanglante n’eut jamais raisons ni des racines ni des fruits de la Commune. Les idées germeraient un peu plus tard.
Souvent dans l’Histoire, certains ont raison trop tôt, mais leur combat demeure. Le vœu de Louise Michel qui fut avec Auguste Blanqui, Eugène Varlin, Elsa Dmitrieff, Jules Vallès, Eugène Pottier ou encore Edouard Vaillant – l’arrière-grand-père d’Elisabeth Badinter, une des grandes figures de la Commune, reste un mot d’ordre pour aujourd’hui et demain auquel les hommes et les femmes de gauche engagés dans Ile-de-France en Commun apportent leur contribution : « Ce n'est pas une miette de pain, c'est la moisson du monde entier qu'il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploité ». Ce n’était qu’un début, continuons le combat.
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