Anne Hidalgo a décerné ce lundi 2 mars le beau statut de citoyen d’honneur de la ville de Paris à Lula. L’ancien président du Brésil était donc à Paris pour recevoir ce prix, accompagné de Dilma Rousseff et Fernando Haddad.
Ceux qui me lisent souvent, connaissent mon intérêt pour le Brésil et il était impossible de passer à côté de cet événement.
Cette année le Parti des travailleurs va fêter ses quarante ans et déjà, lors de sa fondation, le PT était confronté à la dictature. Même si l’étau s’était légèrement desserré par rapport aux années de plomb, c’était toujours un régime militaire qui enfermait ses opposants.
Encore aujourd’hui, non seulement les médias principaux du pays demeurent aux mains de quelques familles qui ont acquis des titres et des chaînes durant ces années sombres. De fait, encore aujourd’hui, l’oligarchie contrôle beaucoup de choses dans ce pays et la démocratie a tendance à s’arrêter là où commencent les intérêts des puissances d’argent.
Imagine-t-on un juge dire qu'il soupçonne quelqu'un non pas sur la base de "preuves", mais sur la base de "convictions" ?
Au Brésil, comme aux Etats-Unis et aussi en Israël aujourd'hui, le mot de "gauche" est péjoratif dans la bouche de la droite dure au pouvoir. Pour eux la gauche est un "cancer". Bolsonaro n'a jamais caché son admiration pour la dictature qui s'abattit sur le pays de 1964 à 1985 et ses propos injurieux à l'égard de Brigitte Macron sont la preuve du danger qu'il représente pour l'Etat de droit et l'égalité.
Recevoir Lula, Dilma et Haddad à Paris n’était donc pas simplement un geste de reconnaissance et de solidarité internationale avec une Amérique latine dont Paris a toujours été proche et qui a toujours su trouver refuge chez nous.
C’est d’ailleurs un marqueur dans la gauche française. Je pense à des personnes comme Antoine Blanca, Daniel Bensaïd, Janette Habel ou Pierre Kalfon qui ont contribué à faire connaître les combats et la situation dans ces pays, nourrissant les termes d’une solidarité internationale qui s’est transmise à toutes les générations.
Tous les courants de gauche et d’extrême gauche ont non seulement aidé des camarades là-bas et ici, mais ils ont aussi eu des dirigeants issus de ces pays avec lesquels les liens sont restés forts.
Pour le Brésil, je pense bien sûr au regretté Marco Aurelio Garcia que le PS eut l’honneur d’accueillir dans une de ses universités d’été, mais aussi à une figure comme Luis Favre qui milita en Argentine, en France et au Brésil.
Ce soir, à l’Hôtel de Ville, une très large partie de la gauche était représentée : socialistes, communistes, Insoumis car, si on veut être honnête, une version française du PT rassemblerait du NPA à l’aile gauche de LREM aujourd’hui. Ce serait le grand parti de toute la gauche que beaucoup de responsables ont appelés de leurs vœux mais qu’ils n’ont jamais pu bâtir.
Lula a rencontré Olivier Faure et François Hollande, mais il aura aussi vu d’autres personnalités de la gauche française.
Si la situation parisienne et la situation brésilienne sont profondément différentes, on retrouve quand même beaucoup de défis communs comme l’environnement et la lutte contre la pauvreté.
Dans son discours, Lula a rappelé que beaucoup des inégalités au Brésil proviennent de l’époque de l’esclavage. Il est frappant d’ailleurs de voir combien ce pays est un paradis pour les évangélistes de toutes obédiences et un enfer pour les minorités et les victimes de racisme.
Il y a encore quelques jours, dans le dixième arrondissement de Paris, nous honorions avec Alexandra Cordebard la mémoire de Marielle Franco, femme noire, de gauche et homosexuelle, assassinée pour ses combats.
D’une certaine façon, la ferveur militante du vieux combattant, syndicaliste métallo puis Président le plus populaire d’un grand pays peut encore inspirer ceux qui ont compris que le combat contre la misère et le racisme se mène aussi à Paris et que c’est la gauche qui peut le conduire. Avec le soutien d'Aléxis Tsípras et de plusieurs maires de capitales européennes et de grandes villes, Anne Hidalgo et ses colistiers dans les arrondissements est un exemple de cette gauche tournée vers le monde, vers des combats communs, internationalistes et solidaires.
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