J'ai commis pour mes amis de Sauvons l'Europe, un billet sur l'état du Labour et l'échec du corbynisme après la défaite historique des travaillistes aux élections générales du 12 décembre dernier.
Vous pouvez le retrouver ici.
Ce qui y manque suit : une "réponse" à Jean-Luc Mélenchon dont l'analyse du résultat est erronée car son sujet est de regarder le Labour en pensant au Parti socialiste. Ce qui le conduit à quelques erreurs et à donner des arguments à ses ennemis.
Alors qu'il s'est rendu à l'avant dernière conférence du Labour, comme Chantal Mouffe, à l'invitation du courant pro-Corbyn, Momentum, Mélenchon expose une vision du Parti travailliste qui correspond assez peu à la réalité.
Il accuse Corbyn d'avoir commis l'erreur de la synthèse. A l'évidence, il n'a pas lu le Manifeste électoral qui est le programme le plus à gauche qu'ait produit le parti depuis les années 70. Il n'a pas mesuré non plus une forme de "mise au pas" qui s'est produite dans le parti. Les blairistes ou, plus largement, ceux qui ne sont pas ou plus corbynistes regrettent le manque d'engagement et de clarté et l'intransigeance mal placée qui affaibli un parti qui avait connu quelques succès importants en 2017 lors des précédentes élections générales qui virent la chute de Theresa May.
Il regrette que Corbyn ait fait du Tsipras avant d'être élu. Quand on sait ce que Mélenchon pense maintenant de Tsipras et qu'il a quitté le Parti de la gauche européenne car il avait été mis en minorité sur sa demande de mise en accusation de Syriza, on se demande s'il ne s'agit pas plutôt d'un refus du réalisme auquel Corbyn s'est lui-même refusé - ce qui l'a conduit où il est.
Il évoque les menées du Likoud, la droite israélienne - l'extrême droite israélienne existe, mais ce n'est pas le Likoud - mais il feint d'ignorer l'ambiguïté et l'impression de mollesse avec une question, celle du racisme, à l'égard duquel il faut toujours être clair.
De nos jours, tout est bon pour disqualifier un adversaire et il suffit d'affirmer qu'il est raciste pour que celle caractérisation infamante fasse son effet. Si l'intéressé prête le flanc, il donne raison à ceux de ses adversaires qui usent de procédés aussi grossiers. C'est vieux comme le monde.
D'ailleurs, l'Ukip de Nigel Farage n'a jamais voulu faire de parti européen commun avec le FN au motif que pour eux, le parti d'extrême droite français était antisémite.
Le Labour n'a jamais été, on peut s'en désoler ou s'en féliciter, aussi proche du PS que le SPD ou les partis socialistes ibériques. Une minorité dans les années 90-2000 s'intéressait positivement à la Troisième voie, moins influente qu'on a bien voulu le croire.
C'est un parti plus discipliné que le PS dont le groupe parlementaire constitue le corps principal et il a toujours eu une forte culture e gouvernement - un élément qui s'est maintenu malgré tout après le départ de Miliband.
A l'inverse du PS également, le Labour est resté hégémonique dans la gauche - et, n'en déplaise à certains, il n'y a pas 500 000 militants trotskystes en Grande-Bretagne !
La France insoumise a échoué à s'imposer comme la première force de gauche dans la durée, elle apparaît divisée sur plusieurs sujets importants pour la gauche comme la laïcité, l'union de la gauche, le rapport aux syndicats. Surtout, en Europe, elle est isolée.
C'est probablement cette poutre qu'il faut traiter au lieu de se défausser sur la paille qui est dans l'œil du voisin.
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