L'édition électronique de l'Arche a bien voulu reprendre ce billet que je publie à nouveau avec quelques corrections...
Cette nouvelle affaire de burkini illustre combien les uns sont des idiots utiles des autres.
L’opération « coup de poing » de quelques personnes venues tester le service public a réussi puisque le maire de Grenoble a cru que les lois de la République ne suffisaient pas.
Penser qu’une dizaine de personnes peuvent faire ainsi faire parler d’elles montre combien la médiocrité du débat public est grande et à terme, comme elle est nuisible à la démocratie. Bâtir une société du vivre ensemble exige un minimum de respect et d’honnêteté intellectuelle pour prétendre défendre l’intérêt général.
Ce collectif, voulant frapper les esprits, devait trouver une référence morale pour rassembler au delà de ses propres rangs.
Mais allez donc trouver une femme célèbre qui soit un symbole positif de l’effacement ! Il n’y en a aucune !
Effacement oui car, soyons un peu « cash ». Il y a des femmes musulmanes en France, depuis plusieurs générations or cette question ne s’est jamais posée sans qu’on y apporte une solution démocratique. Pourquoi y aurait-il soudainement un problème en France avec le port d’un maillot de bain ?
On sait tous que, pas plus que le voile intégral, le burkini ne procède d’aucune prescription coranique. On sait aussi que dans toutes les religions, l’effacement des signes de la féminité que sont les formes ou les cheveux repose sur le souci de soustraire la femme au désir de l’homme. C’est finalement pour compenser l’incapacité de l’homme à maîtriser sa libido et sa propre indécence que l’on tente de contrôler la décence des femmes. Cela limite-t-il le harcèlement, la violence ou le viol chez des hommes très pieux ? Pas certain…
En l’absence de figures de référence, la seule qui a été invoquée est celle de Rosa Parks.
Quelle ignorance ! Quelle indécence !
Rosa Parks était une femme libre, croyante et de ce fait, militante pour l’émancipation - son combat s’inscrivant dans un contexte de grande violence qui allait des matraques aux lynchages, en passant par la ségrégation dans toutes les sphères de la société d’un pays qui faisait la leçon au reste du « Monde libre » qu’il prétendait défendre ! Il n’est donc pas sain de jouer avec les mots, les figures ou les luttes.
N’en déplaise à ces militantes, la France de 2019 n’est pas le sud des États-Unis de 1955. Il n’y a pas de lois racistes en France. Il n’y a pas de ségrégation légale. Il n’y a pas de lieux interdits aux noirs ou aux musulmans. Personne de cette confession ou de cette culture n’est obligée de manger dans la cuisine, de passer par l’entrée de service ou de dormir dans des hôtels à part.
Rosa Parks luttait pour l’égalité. Elle a mené un combat auquel ont participé des hommes et des femmes qui l’ont payé de leur vie.
Pas plus tard que la semaine dernière, Arte diffusait l’excellent documentaire de Raoul Peck narré par Joey Starr « je ne suis pas votre nègre ». Il aurait été judicieux qu’il soit regardé par ceux qui veulent jouer avec les symboles.
L’été est là, l’occasion rêvée d’ouvrir de bons livres et de se parler pour qu’on cesse de se voiler la face devant la réalité : liberté égalité et fraternité sont les seuls moyens pour qu’on soit tous heureux en France. Là résident les outils pour libérer hommes et femmes de toute forme d’aliénation. »
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