Après le succès de la Cité Rose en 2013, Julien Abraham et Sadia Diawara récidivent avec Mon Frère. La Région Ile-de-France avait soutenu le premier film des deux compères dont l'intrigue se déroulait dans une cité de Pierrefitte. Là, il s'agit d'une histoire tout à fait différente, mais tout autant actuelle. Deux jeunes Antillais sont confrontés à la violence de leur père et la spirale qui les entraine les emmène dans un univers sombre au sein duquel la lumière viendra de sources inattendues.
Le film échappe aux clichés et lorsqu'on croit tenir un poncif, tel une savonnette il vous glisse entre les doigts.
C'est un film sur la jeunesse, sur les liens familiaux, sur la solidarité, sur le fait que l'être humain a une capacité de résilience qui dépasse toujours les limites qu'on croit trop entravantes.
Appuyé sur une majorité de comédiens non professionnels, Mon Frère n'a pas la saveur documentaire d'Entre les murs et il n'a rien à voir avec les films sur la banlieue qui, depuis La Haine de Matthieu Kassovitz dépeignent avec plus ou moins de pertinence nos "quartiers populaires". D'ailleurs, Teddy et Andy, les deux frères vivent dans une belle maison dans les Hauts de France et ce qui leur arrive aurait pu arriver à n'importe qui.
Le choix d'une famille antillaise par une équipe qui n'est pas constitué d'Antillais qui se racontent eux-mêmes a également un grand intérêt, celui de rappeler que si une société diverse comme la nôtre, peut s'identifier à la "diversité" quand un athlète remporte une compétition sportive, elle peut aussi s'identifier aux problèmes sociaux, familiaux et culturels qui touchent certains de nos concitoyens.
Ce qui est aussi intéressant est que les "incursions" du racisme sont immédiatement contrôlés par une des rares règles auxquelles le groupe de jeunes se conforme. Un peu comme s'il y avait dans le code qu'une bande dont beaucoup de membres sont animés par la colère et le ressentiment qu'ils peuvent avoir du mal à canaliser, non pas des tabous, mais des interdits.
La diversité des personnages échappe elle aussi aux clichés finalement bien commodes. Chacun peut s'y reconnaître.
Film sobre et juste, Mon Frère interroge aussi la capacité de notre société à se mobiliser sans limites pour une jeunesse qu'on est si prompt à sanctionner. MHD, rappeur inventif est très convainquant dans le rôle de Teddy et le reste de la distribution, épaulée par des comédiens qui ont déjà touché le public par des rôles très authentiques comme Jalil Lespert qu'on avait découvert dans le glaçant Ressources humaines il y a vingt ans ainsi que Le Petit lieutenant. Egalement Aïssa Maiga, une des plus brillantes actrices du cinéma français actuel, comprend non seulement des comédiens non professionnels, mais aussi deux "anciens" de La Cité Rose, Neva Kehouane et Almamy Kanouté.
Le film sort en salle ce mercredi 31 juillet.
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