L'égalité femmes/hommes, la cause des femmes et l'engagement militant pour l'Europe, voilà des combats communs à tous les militants qui veulent cesser de subir le monde tel qu'il est et qui sont engagés pour le changer afin qu'il ressemblent plus au monde tel que nous le rêvons tous.
Quarante ans après la première élection européennes, celle qui vit le Parlement européen poursuivre cette innovation par une autre, élire comme sa première Présidente, Simone Veil, le chemin parcouru n'est pas nul, mais il montre bien qu'il reste énormément de travail à accomplir.
D'ailleurs, depuis qu'il existe un Parlement européen, il n'y a jamais eu plus de deux femmes pour le présider. Simone Veil et Nicole Fontaine. De même, la Commission européenne, depuis qu'elle existe, n'a été présidée que par des hommes.
Depuis plusieurs années, il est apparu que l'Union européenne pouvait être un cadre bien plus pertinent que les Etats, pour stimuler des avancées concrètes en matière de droits pour les femmes dans le but d'atteindre l'égalité réelle.
Aujourd'hui, si on exclut la France insoumise, tous les partis français n'ont choisi que des hommes pour conduire leur liste. Le Parti socialiste qui fut le premier parti en 1936 à nommer des femmes dans un gouvernement, alors que la droite de l'époque, majoritaire au Sénat avait refusé qu'elles aient le droit de vote, contribua par le vote de ses députés à l'adoption de la loi sur l'IVG, qui créa le premier ministère des droits des femmes en 1981, fit adopter la loi sur la parité, fit adopter les premières mesures contre les inégalités de salaires, continue à mener ce combat.
On sait que dans les inégalités, les femmes sont souvent les premières victimes et la question n'est pas simplement un sujet de société. C'est aussi une question de civilisation.
Dans la droite européenne d'aujourd'hui, malgré une Angela Merkel, les conservateurs n'ont pas rompu avec les idées d'avant hier.
Le fait qu'un homme comme Silvio Berlusconi soit candidat aux élections européennes pour le parti qui représente le PPE en Italie ou le fait que la droite espagnole milite pour un retour en arrière sur les lois contres les violences conjugales et que l'extrême droit veuille carrément les abroger et ficher les juges qui enquêtent sur les féminicides montre que l'Europe n'en a pas fini avec un certain obscurantisme.
Les socialistes européens en général et les socialistes français en particulier doivent être aussi forts que possible dans le prochain Parlement européen aussi bien pour faire vivre l'héritage de Simone Veil qui ne peut se réduire à un nom sur un bâtiment, que celui de Simone Weil, la philosophe qui écrivait "Aimer un être, c'est tout simplement reconnaître qu'il existe autant que vous." Ce qui revient à dire en politique que la prise en compte de l'Autre comme bénéficiaire du combat pour l'émancipation résulte de la conscience de son existence.
Les élections qui viennent ne sont pas, comme chacun l'a compris "business as usual". Le fait que Macron qui s'est comporté en véritable pirate programmatique en faisant son marché des propositions de ses concurrents, comme pour les siphonner, illustre bien qu'il est à côté du sujet : son problème n'est pas de proposer un projet social et écologiste juste, mais de ramener à lui ceux qui ne sont pas nationaux-populistes. Mais on lutte contre le populisme par des réponses concrètes et en contestant leur récit sur l'état de l'Europe.
En d'autres termes, on ne combat pas le national populisme par un national-populisme allégé qui ne dit pas son nom. Car le conservatisme et le néo-libéralisme est un carburant pour l'ennemi, comme la division à gauche est un stimulant pour l'adversaire.
On le voit, il y a encore des gens qui préfèrent une Europe sans contenu critique à un contenu critique pour l'Europe. Or, nous ne sommes plus à ce moment de l'Histoire où l'Europe se suffit à elle-même. C'est d'ailleurs quand on la prend sans la vouloir meilleure qu'on participe de la menace qui pèse sur son avenir.
Qui aurait pu imaginer par exemple que des Etats membres qui, il y a trente ans sortaient du joug du stalinisme, jouent encore avec l'Etat de droit, manipulant la justice, détournant les fonds européens, faisant des référendums sur des questions de liberté sexuelle ?
Dans cette élection européenne, il faut enfin rendre hommage à de grandes militantes de la cause européenne. Elles ont toute une qualité bien plus grande que d'autres élus : elles savent parler d'une Europe utile avec un mélange de passion, de réalisme, de modestie et d'optimisme qui prouvent qu'il y a un chemin pas si impraticable que cela.
Ces personnes donnent un temps qu'on n'imagine pas pour défendre les intérêts des citoyens européens. Loin de leur famille - elles ne rentrent pas chez elles tous les soir. Elles ont toujours été une source d'inspiration pour des générations de militants, même si la "grande presse" les ignore trop souvent. Catherine Lalumière, Pervenche Berès, Catherine Guy-Quint, Catherine Neris, Catherine Trautmann ont ouvert à gauche des combats que continuent avec opiniâtreté, Sylvie Guillaume, Karine Gloanec-Maurin ou encore Christine Revault d'Allonnes qui raconte avec justesse ce quotidien d'une élue au service de l'intérêt général*.
Ces combats, il faut les poursuivre pour que la justice avance. Alors comme chantait un petit musicien au grand talent, "Let's work".
*Des roses dans les étoiles, de Christine Revault d'Allonnes Bonnefoy aux éditions l'Harmattan.
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