Invité de Loïc Barrière sur les ondes de Radio Orient, j'ai répondu à ses questions sur trois sujets d'actualité : le mouvement des gilets jaunes, les élections européennes et la situation en Ile-de-France.
Ce fut l'occasion de revenir, avec un peu de recul sur ce mouvement important qui est à mes yeux, la réplique sociale au macronisme. A la verticalité brutale d'un pouvoir qui ignore les corps intermédiaires, notamment les organisations de salariés que sont les syndicats, a répondu une mobilisation de masse de citoyens en colère qui réclament de vivre décemment. Ce mouvement n'appartenant à personne fait bien sûr les affaires de tel ou tel courant politique, mais le réduire à une jacquerie manipulée par l'extrême droite n'autorise pas à ignorer la question qui tenaille des millions de nos concitoyens, celle de la vie chère. D'ailleurs la version réunionnaise de ce mouvement des gilets jaunes s'est levé dix ans après la série de grèves générales en outremer dont la version la plus connue avait été le LKP. On se souvient en effet de la figure du dirigeant syndical Elie Domota.
Face au mouvement, comme à l'époque, le pouvoir qui, décidément, ne comprend rien à l'outremer, a eu la même réaction que sous Sarkozy et Fillon : d'abord renforcer l'appareil répressif. Mais Emmanuel est allé plus loin que Nicolas Sarkozy puisque dans son discours aux maires, il a envisagé l'envoi de ... l'armée.
Trente ans après Ouvéa, aucune leçon n'est donc tirée du rapport entre l'outremer et la "métropole" : un mouvement de protestation se traite autant par le dialogue que par les questions sécuritaires.
Le ministre Darmanin de son côté a multiplié les provocations dans ses déclaration à l'égard de la grogne sociale contre la vie chère et la tentative de caractériser ce mouvement par une phraséologie très "années trente" en parlant de "factieux" et de "séditieux" fut une lamentable tentative de jouer la stratégie de la tension. L'Histoire ne repasse pas les plats c'est bien connu.
Sur le volet européen, il s'agissait d'expliquer en quoi la tenaille dans laquelle veut nous enfermer Macron "progressistes contre populistes" ne fonctionne pas, mais n'en est pas moins dangereuse car elle dépolitise l'enjeu des élections européennes. Macron est un faux progressiste et un vrai conservateur. Sa gestion de l'affaire de l'Aquarius ne l'a pas distingué fortement de Salvini qu'il combat pourtant.
Enfin s'agissant de la Région Ile de France, après trois ans de mandat, la majorité conservatrice dispose de son propre bilan et il est suffisamment lourd pour déjà peser sur les épaules des Franciliens. Plus besoin de se cacher derrière celui de la majorité précédente !
En quelques mois seulement, Valérie Pécresse a déjà été sanctionnée ou rappelée à l'ordre : depuis 2001, en application de la loi SRU de 2000 obligeant les autorités de transport à offrir au moins 50% de réduction aux personnes dont les ressources sont inférieures ou égales au seuil d’obtention de la CMU-C, la région Ile-de-France offrait une réduction de 75% aux bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat, donc par définition aux étrangers en situation irrégulière sans ressources. Pécresse avait voulu supprimer cette mesure de solidarité, la justice s'est prononcée, invitant à supprimer la suppression de cette aide. Plus récemment, le tribunal administratif a annulé la "Charte de la laïcité et des valeurs de la République" car elle était purement et simplement contraire à la loi de 1905. Rien de moins !
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