Valeurs actuelles est un hebdomadaire qui a pignon sur rue et son rond de serviette dans sur les plateaux des grandes chaînes d'info. Ultralibéral, néo-libéral, de droite assurément, ce canard est surtout, très réac, de droite dure quand il n'est pas ouvertement d'extrême droite.
Ses "unes" chocs, racoleuses pour vendre du papier, assument un racisme débridé s'il ne faut, jouant aussi bien sûr sur le sécuritaire. Alors oui, quand il s'agissait pour eux de se faire Taubira, c'était du pain béni, sans jeu de mot : une femme, noire et de gauche ! Que demander de plus !
Le dernier numéro "hors série" est un monument du genre. Il est consacré à "leur" regard sur les colonies, ce temps où la France était présente sous toutes les latitudes, sur tous les océans, bref, comme on disait à l'époque "le soleil ne se couche jamais sur l'Empire".
Les pages sur l'Afrique en général et l'Algérie en particuliers sont des moments d'anthologie. D'abord par les signatures : après un édito, signé comme il se doit par l'unes des plumes historiques du journal, l'ancien sympathisant OAS, François d'Orcival, le "dossier Afrique" est signé par Bernard Lugan. Coupe militaire, chèche et veste de chasse sur la photo qui orne en médaillon les articles, l'homme est un authentique modèle du genre.
Enseignant à l'école de guerre, Lugan est né en 1946. Il était étudiant à Assas et à Nanterre. Il adhère aux idées de l'Algérie française dès le putsch des généraux, en avril 1961. Il est un familier du fils de l'écrivain d'extrême droite, Jean Madiran qui le fait adhérer à l'Action française. Militant à la FEN, il cherche la bagarre. En mai 68, il est prêt à en découdre, persuadé qu'un coup de force des communistes est en préparation. A la tête de son groupe de l'AF, il épaule les descentes d'Occident à Nanterre.
On peut lire aussi, sur l'Algérie, un texte de Dominique Venner qui fut le principal dirigeant d'une extrême droite à "reconstruire" après-guerre et qui poursuivit sont travail jusqu'à sa mort, à l'époque des manifs contre le mariage pour les personnes de même sexe.
Et pour achever de convaincre le lecteur, on trouvera dans l'édition, une sorte d'annuaire complet des associations de rapatriés...
La thèse est assez simple : en finir avec l'idéologie de la repentance. Sans la colonisation, l'Afrique n'aurait pas décollé. Ils trouvent évidemment deux ou trois citations de grandes figures comme Hocine Ait Ahmed pour aller dans leur sens. "Bien évidemment, il y a eu quelques erreurs"... Et ils trouvent aussi de quoi soutenir leur conviction profonde que l'islam ne fait pas bon ménage avec la démocratie...
Nostalgies ou rétrogrades, ils ignorent sciemment, dans leur évocation cinématographique, les films sur la guerre d'Algérie, y compris les Centurions...
Ce révisionnisme historique à tendance négationniste qui était essentiellement confiné à des publications confidentielles, connues des seuls initiés, peut donc, par petite touche, s'infiltre dans une presse quasiment "mainstream". On nous opposera que le lectorat de Valeurs actuelles est un public averti et qu'en parler leur fait de la publicité, mais à notre époque de relativisme et d'inculture, ce qu'on appelle "la fachosphère" - qui n'existe pas que sur le net - se doit d'être combattue tant elle est efficace dans la diffusion par tous les moyens et à travers tous les langages, son idéologie raciste et le corollaire, une vision falsifiée de l'Histoire.
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