L’expulsion de mon camarade Giacomo Filibeck, ancien président des jeunes socialistes européens et aujourd’hui secrétaire général adjoint du Parti socialiste européen a au moins un avantage, braquer le projecteur sur les Philippines et leur actuel Président, Rodrigo Duterte.
Cet archipel tropical de sept mille îles du sud-est asiatique est régulièrement frappé par des tremblements de terre et des typhons.
Cent millions de personnes y vivent, dans une société très mélangée tant sur le plan ethnique que sur le plan religieux, même si c’est l’un des deux pays de la région, ave Timor où le christianisme est la religion majoritaire.
Après l’époque coloniale durant laquelle le pays fut une possession espagnole, puis américaine, avant d’être occupé par l’armée japonaise pendant la Seconde guerre mondiale, l’Etat philippin devint pleinement souverain, rejoignant la communauté internationale et les Nations unies tout en restant bien sûr dans la zone d’influence des Etats-Unis dans une région où en Corée comme au Vietnam, la guerre froide avait donné lieu à deux guerres.
Ce que l’on retient de l’histoire de ce pays c’est le nom de quelques dirigeants comme le Président Ferdinand Marcos qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant plus de vingt ans. Entre 1965 et 1986 en imposant notamment la loi martiale.
Avec une démocratie étouffée, le néo-libéralisme se développa dans le pays. Bien qu’il y eut près de 60 000 prisonniers politiques dans le pays, jamais ces atteintes aux libertés ne furent critiquées par l’allié nord-américain. Bien au contraire, George Bush, alors vice-président, salua « l’engagement de Marcos en faveur des principes démocratiques ». Et tant pis si des agents philippins traquaient des opposants politiques jusqu’aux Etats-Unis même !
On retient aussi le nom de son principal opposant, Benigno Aquino qui fut assassiné par des hommes de main de Marcos en 1983 en revenant d’exil après avoir passé sept années en prison. Aquino était un dirigeant progressiste dont l’épouse, Corazon Aquino prit la succession en devenant la figure de proue de la contestation anti-Marcos. La chute du dictateur – dont la femme, Imelda, était connue pour sa mégalomanie, fut un des acquis de la révolution populaire qui renversa Marcos en 1986, plaçant au pouvoir Corazon Aquino. Présidente jusqu’en 1992, elle rétablit la démocratie, autorisa le Parti communiste, mais elle eût aussi à affronter des mouvements sécessionnistes islamistes et plusieurs tentatives de coup d’Etat.
Les opposants à Marcos, s’étaient réunis dans le Parti démocrate philippin et le LABAN (« Combat ») pour former une coalition qui gouverna le pays après la chute de Marcos.
Rogrido Duterte, un avocat de formation est apparu sur la scène politique après la révolution de 1986, comme maire de la ville de Davao, une des plus grandes villes du pays. Sa réputation s’est accrue quand il a commencé à défendre l’exécution des toxicomanes ou autres exclus de la société. On estime à plus d’un millier, le nombre de victimes d’escadrons de la mort. Duterte a lui-même déclaré avoir participé personnellement à ces assassinats.
Il a été élu Président de la République en 2016 en promettant de réduire la criminalité en tuant les criminels. Plus de 7 000 personnes sont mortes depuis. Malgré les mises en garde de l’Organisation des Nations Unies, de laquelle, il a menacé de se retirer pour former une nouvelle organisation avec la Chine et des pays africains, Duterte continue ses provocations comme par exemple plusieurs déclarations sexistes soutenant le viol. Il a décidé de retirer les Philippines de la Cour pénale internationale, après que celle-ci ait ouvert une enquête sur la violence de la campagne anti-drogue menée dans le pays. Il a déclaré que « Hitler avait tué trois millions de juifs, il y a trois millions de drogués aux Philippines »…
Rodrigo Duterte est peut-être perçu comme un clown grotesque, il n'en est pas moins un dirigeant qui ramène les Philippines aux temps sombres de la dictature Marcos - il a d'ailleurs accepté que l'ancien Président soit inhumé comme un "héros" de la nation. Il faut ajouter son nom à la liste des dirigeants provocateurs qui jouent avec la démocratie et la corruption.
Le refus d’accepter Giacomo sur le territoire philippin est logique de la part d’un régime qui a voulu prendre ses distances avec les Etats-Unis et l’Europe, pour se rapprocher de la Chine et de la Russie.
Filibeck, qui a longtemps représenté la gauche italienne dans les réunions du Parti socialiste européen, se rendait dans le pays pour soutenir le parti Akbayan (parti de l’action des citoyens), qui est le courant social-démocratie philippin, affilié à l’Internationale socialiste et à l’Alliance progressiste. Ce parti rassemble des groupes de la gauche non communiste et des associations civiques qui se sont alliés pour participer aux élections de 1998. Son programme politique comporte des propositions sur l’Etat de droit, l’égalité femmes hommes, l’Etat providence, la lutte contre les discriminations.
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