Le Parisien publie aujourd'hui un article sur le licenciement de la directrice de l'Association Ile-de-France Europe que j'ai eu l'honneur de présider à la suite d'Anne Hidalgo de 2012 à 2015 avec donc, le concours de Françoise Chotard. Cette association qui défend les intérêts de la Région Ile-de-France auprès des autorités et des décideurs de l'Union européenne a fait beaucoup, sans trop de publicité pour le développement de nos territoires notamment par la mobilisation des fonds européens. Ce licenciement brutal et le montant très élevé des indemnités de départ de François Chotard est un sale coup porté à la structure dirigée aujourd'hui par l'ancien député des Yvelines Pierre Lequiller, un éuropéiste convaincu qui avait d'ailleurs travaillé avec Valéry Giscard d'Estaing à la Convention pour l'avenir de l'Union européenne qui accoucha de ce qui devait devenir le fameux Traité constitutionnel (TCE) soumis à référendum le 29 mai 2005. On avait faire à Françoise Chotard une proposition qu'elle ne pouvait accepter : conseillère politique dans une structure qu'elle dirigeait voulait dire "rétrogradation" et la nouvelle présidente aurait passé son temps à chercher à établir sa légitimité...
Ile-de-France Europe est une association qui regroupe la Région Ile-de-France et la plupart des départements franciliens. Il s'agit d'avoir, comme d'autres régions, une représentation digne de ce nom de l'Ile-de-France à Bruxelles.
Françoise Chotard, par son ancienneté avait une expérience et un carnet d'adresse précieux, permettant, au-delà des rencontres institutionnelles, de travailler à l'Europe telle que nous la voulons : pas simplement un tiroir caisse ou un guichet, mais un outil pour le développement et à travers des actions concrètes mettre, comme je le disais souvent : "l'Europe au cœur de l'Ile-de-France et l'Ile-de-France au cœur de l'Europe."
Au cours de mon mandat j'ai donc voulu et obtenu qu'on ne fasse pas que du travail de dossier, mais aussi du travail de fond, des débats et des rencontres, avec une modestie affichée car de tous les organismes associés de la région, nous étions le moins bien doté par la collectivité.
C'est ainsi que nous avons maintenu et développé les Journées Ile-de-France Europe chaque année à l'automne à Bruxelles : trois jours de rencontre entre acteurs associatifs franciliens, décideurs européens, venus de la Commission européenne ou du Parlement. ces journées complétaient les Open Days organisés par la Commission et qui concernent l'ensemble des régions et villes d'Europe. J'y avais ajouté au printemps, les "Journées européennes de l'Ile-de-France" qui permettaient cette fois d'être en Ile-de-France et d'ajouter aux débats, des déplacements pour voir concrètement les réalisations dans les départements. Ici une gare multimodale pour véhicules électriques, connectées à une gare SNCF à Marne la Vallée, là un dispositif d'insertion à Aulnay-sous-Bois...
De Pervenche Berès à Jean-Marie Cavada, de Constance le Grip à Yannick Jadot en passant par Catherine Lalumière ou Marie-Christine Vergiat, les personnes les plus incontournables du débat européen ont trouvé le temps de débattre aussi bien avec des jeunes lycéens que des acteurs associatifs, des chefs d'entreprises, des femmes et des hommes issus du monde de la culture, des spécialistes des transports comme Christine Revault d'Allonnes Bonnefoy qui était une experte des transport comme conseillère régionale et qui poursuit ce travail depuis 2014 au Parlement européen. Avec Guillaume Balas, elle est un bel exemple de ces ponts qu'il faut bâtir entre les Régions et l'Europe.
Il y avait aussi bien sûr des coopérations avec le Comité des régions et des collectivités européennes.
Tout cela fut possible grâce au talent de l'équipe d'Ile-de-France Europe et en particulier François Chotard. D'ailleurs, la structure a montré son utilité et son expertise précieuse au fil des années.
Pour que cela fonctionne, il ne fallait "sous traiter" la politique européenne de la Région et pour rendre service à la "cause européenne", il fallait plus de politique car c'est aussi une question de militantisme européen. On nous accuse d'ailleurs souvent de collusion gauche droite sur ces questions.
Valérie Pécresse la Présidente et Stéphanie van Euw, la vice-présidente en charge des affaires européennes avaient eu une bonne idée : dissocier les affaires européennes de l'action internationale. Mais par la suite, leur approche ne fut que financière donnant le sentiment que le désengagement financier massif de la région sur toute une série de sujets pouvait être compensé par une utilisation massive des fonds européens. Elles ont compris assez vite que ça ne se passe pas comme cela. Si la Région Ile-de-France ne prend pas la tête des territoires pour une politique de cohésion ambitieuse et solidaire, elle sera elle-même pénalisée car ces budgets sont attaqués par les amis politiques européennes de LR.
Dès ma prise de fonction en 2012, nous avions contribué au débat sur le cadre budgétaire pluriannuel 2014-2020 en publiant un appel pour un budget plus ambitieux. Nous avons également organisés des débats sur la question Rom et les moyens de réussir une intégration durable de ces citoyens européens entièrement à part malheureusement.
Mon seul regret est que élus UMP/LR régionaux membres de nos instances n'ont jamais pu ou voulu venir participer à nos travaux.
Françoise Chotard était à deux ans de la retraite. La Région aurait pu faire en sorte que sur l'Europe on parle de son action autrement que comme une affaire de gros sous... Il fallait une transition douce. Nous n'avons pas été écoutés. Il n'y avait pas urgence, mais cette décision brutale, s'ajoute à d'autres concernant les personnels de la région. Il y a une façon de traiter les gens et l'Europe vaut mieux que de controverses. En pleine "Affaire Selmayr" ce secrétaire général du Président de la Commission européenne, recruté selon des moyens orthodoxes, la Région Ile-de-France n'avait pas besoin d'une affaire politique de ce type.
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