Vel d'Hiv, pas de polémique
Pour le 75e anniversaire de la Rafle, il y avait de quoi polémiquer si on en juge par l'invitation faite au Premier ministre israélien et par le discours de Macron sur la responsabilité de la France. Et pourtant non. D'abord parce que l'événement est trop sérieux pour qu'on le relègue au second plan, derrière des controverses dont notre pays a le secret. Oui, Netanyahu, quoiqu'on pense de sa politique, était le bienvenu, comme il l'avait été le 11 janvier 2015. Et puisqu'en politique les mots on un sens, il était normal que l'Etat hébreu soit associé plus étroitement que d'habitude à cette commémoration qui concerne le pays tout entier. Cela ne diminue pas l'intransigeance dont il faut faire preuve à l'égard de la droite israélienne sur la question des territoires et sur ce plan, une fois l'euphorie retombée, on verra bien sur Macron parvient à faire bouger les lignes de manière concrète sur la résolution du conflit israélo-palestinien, au delà des déclarations.
Dans le même sujet, Macron, qui vient après Chirac et Hollande, ne pouvait plus dire grand chose d'original sur la question des responsabilités françaises entre 1939 et 1945. Tout ou presque a été dit ou écrit. Il fallait donc se distinguer. C'est ce qu'il a cru bon de faire en parlant de l'antisionisme qu'il fallait, selon lui, combattre comme une nouvelle forme d'antisémitisme.
Pour un militant de gauche, le parallèle ne va pas de soi car il faut s'entendre sur la définition du sionisme et accepter de ne pas se contenter d'une définition qui arrange. Le sionisme fut le projet national de gens qui voulaient fonder un Etat pour les juifs dans la Palestine sous mandat britannique. Ce projet a abouti. Si être sioniste c'est être pour le droit d'Israël à l'existence en paix avec ses voisins, alors oui, "nous sommes sionistes". S'il s'agit en revanche de considérer que ce projet est incompatible avec la fondation d'un Etat palestinien - aujourd'hui certains parlent de "principe d'un Etat palestinien", alors il y a un problème. Mais dans ce débat revisité mille fois, il faut être optimiste. Je veux rendre ici hommage à un ami palestinien, diplomate qui déclarait il y a quelques semaines dans un congrès social-démocrate : "S'il a été possible d'occuper les territoires palestiniens en six jours en 1967, il est possible, cinquante ans plus tard, de les libérer en six jours et de se reposer le septième".
Le populisme guette au Brésil
Il y a de quoi s'inquiéter des conséquences de l'action du juge Moro dont les méthodes sont contestées y compris par le doyen de la Cour suprême. En lançant l'opération "Lava Jato" inspirée du modèle italien, "Mani pulite", il y a trois ans 2014, pour dévoiler les scandales de corruption et de blanchiment d’argent qui touchent le monde des affaires et la sphère politique, en particulier, la société Petrobras, et les partis politique, notamment le PT, le juge est sous le feu de la critique, notamment à cause de la manière dont il s'acharne sur Lula. Après la destitution de Dilma Rousseff, la droite, qui contrôle les principaux médias, cherchait à faire tomber Lula. Les preuves sont insuffisantes contre l'ancien président, mais s'il se présente en 2018, il peut l'emporter. En revanche, s'il est condamné en appel et que l'actuel Président Michel Temer est destitué - lui-même a tout fait pour "tuer" politiquement Rousseff, de nouveaux venus pourraient occuper le devant de la scène politique brésilien.
On parle de João Doria, le maire de droite de São Paulo, sorte de « Trump tropical » qui a battu le maire sortant PT dès le premier tour en 2016 et qui assume d’être un ultra libéral qui veut privatiser jusqu’aux cimetières…
Plus inquiétant, on parle d'un nostalgique de la dictature, (1964-1985), raciste, homophobe, et en faveur de la peine de mort, Jair Bolsonaro. Cet ancien militaire est d'ailleurs en seconde position dans les sondages, juste derrière Lula.
Baron noir saison 2
La semaine dernière, l'équipe de Baron noir est venue tourner quelques scènes de la deuxième saison de la sérié événement de Canal plus dont le PS sert de toile de fond. Il n'est pas anormal que pour augmenter l'authenticité de cette série, il faille aussi aller là où beaucoup de choses se sont passées dans l'histoire du Parti socialiste. Bien sûr, cela ravira les moqueurs qui y verront la confirmation de leurs préjugés à l'égard de la sphère politique, mais cela donnera un peu de coffre aussi à une deuxième saison d'autant plus attendue, qu'entre temps, le macronisme a tout bouleversé.
Le Parti socialiste aurait tout à intérêt à se réinventer, comme les scénaristes ont réinventé un univers politique. Bien sûr, on n'est là dans la vraie vie. Pas celle des simplismes et de la superficialité qui finalement nous a coûté. La vie politique et ses complexités ne tiennent pas en cent quarante signes.
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