Nous ne sommes pas seuls. Dans moins d'un mois, les élections législatives aux Pays-Bas seront un rendez-vous crucial. Le PvdA est au plus bas dans les sondages. À l'origine du modèle des Polders, l'équivalent néerlandais du modèle rhénan d'Etat providence, le parti de Wim Kok est aussi celui qui, le premier, avait théorisé ce qui allait devenir la flexisécurité avant que les sociaux-démocrates danois ne la mettent brillamment en œuvre. Elle devait être dévoyée plus tard par les libéraux...
Nos camarades avaient connu leur tournant blairiste avec Wouter Bos et leur crise identitaire lors que Pym Fortuyn dériva vers le populisme au nom d'un débat sérieux : la petite société néerlandaise, réputée pour sa tolérance, n'avait-elle pas atteint un seuil au-delà duquel son homogénéité serait menacée ?
On connaît la suite : le débat se radicalisa et on vit émerger le parti de la liberté faussement nommé, de Geert Wilders, développer un discours d'extrême-droite branché dans lequel l'ennemi n'était plus le juif mais le musulman.
Le PvdA qui avait participé à plusieurs coalitions, évoluait dans un environnement politique où plusieurs partis occupaient le centre. Jusqu'à ce que l'ancien parti maoïste Socialistje Partij (SP) commence à le contester sur sa gauche.
Enfin, une scission issue de deux députés d'origine turque est intervenue il y a près de deux ans. Denke (la pensée) prétend représenter aujourd'hui, les immigrés - marocains, turcs, kurdes ou encore surinamiens) qui votent encore majoritairement à gauche. C'est une nouveauté en Europe occidentale que l'émergence d'un parti "ethnique" même si les sondages ne leur prévoient aucun siège à ce stade.
Après le congrès de Poitiers, le Parti socialiste lançait un appel à l'unité. Moqué par les uns, ignoré par les autres. En octobre 2015, il organisait un référendum sur l'unité, boudé par les uns moqué par les autres. Un succès quand même. Puis vint la Belle alliance populaire, dénigrée par les uns, moquée par les autres. De son côté Jadot proposait une primaire que seul le PS accepta de soutenir en tant qu'organisation. Tandis que via la BAP, le PS se dépassait, le Front de gauche se fissurait et les écologistes se divisaient.
En effet, dans un étonnant mouvement de revers, le PG décida de faire "feu sur la place du Colonel Fabien" après, pourtant, avoir réussi à faire mettre la direction du PCF en minorité sur la question de la candidature à la présidentielle.
Puis vint la primaire qui rassembla trois fois plus d'électeurs que les pronostics. Au final, ceux qui avaient dit "non", disent "on y travaille". On avait donc raison d'être unitaires pour deux voire trois.
Cette dynamique peut et doit continuer de s'élargir.
Ceux qui dénigrent la main tendue à gauche n'ont pas d'autres propositions à avancer pour rendre la victoire possible.
D'autres critiquent ce qu'ils appellent "le chantage à la droite et à l'extrême-droite" et ils jurent leurs grands dieux qu'on ne les y reprendra plus. Ont-ils seulement lu les programmes ? Faut-il encore qu'il y ait des gens qui pensent qu'il ne faut pas combattre l'adversaire ? Le confronter ? Démystifier son discours ? Il y a visiblement des gens qui pensent qu'il suffit d'être meilleur que l'autre pour le battre... les primaires n'ont elles pas démontré que c'est un peu plus compliqué qui concours d'éloquence ?
On voit bien les risques d'un nombrilisme idiot : refuser l'union puis constater une victoire de l'extrême-droite contre laquelle on n'aura rien fait au prétexte que "c'est plié" pour ensuite rejeter la responsabilité, précisément sur ceux qui ont tenté quelque chose...
Bref, l'union c'est aussi un combat contre l'inertie. De ce point de vue, la victoire n'est pas au bout du fusil ou du tweet, mais au bout du tract et de l'action dans tous les coins du pays.
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