Le 22 et le 29 janvier prochain, (en outremer ce sera le 21 et le 28), tous les hommes et les femmes de gauche qui le veulent, pourront voter pour choisir celui ou celle qui portera les couleurs d’un rassemblement dans lequel on trouve des socialistes, des radicaux de gauche, des démocrates et des écologistes.
Un exercice désormais incontournable : laisser à des citoyens la possibilité de participer à un processus de désignation. Le succès des primaires du Parti socialiste en 2006 qui avait vu le PS dépasser les 300 000 adhérents, puis rassembler dix fois plus de participants cinq ans plus tard illustre bien cette réalité : la volonté des gens de donner leur avis et que celui-ci soit pris en compte.
La primaire ne gomme pas les partis politiques, elle offre une autre façon de s’engager, à charge pour les organisations politiques de prendre en compte ce que disent les gens.
La « fiche de poste » est sérieuse. Il ne s’agit pas de préparer le prochain congrès du Parti socialiste ou de faire le procès en trahison de tel ou tel, mais de sélectionner dans les meilleurs conditions possible celui qui incarne le mieux la gauche et qui devra battre le bloc réactionnaire. L’ingratitude et l’intransigeance qui ont accompagné François Hollande pendant tout le quinquennat doivent faire réfléchir à la difficulté de présider un pays comme la France. Être Président de ce pays, c’est accepter l’impopularité, les blocages, le « bashing », le harcèlement, dans un contexte dans lequel on nous assure que face aux marchés, la politique ne peut plus rien.
Prétendre gouverner la France c’est affronter des sondages qui racontent une histoire de lune de miel un jour et de chute le lendemain. C’est, sous la pression de ces délires médiatiques, subir parfois le manque de solidarité dans son propre camp…
Bref, ce n’est pas un destin sans heurts. La gloire, si elle doit venir, le sera dans les livres d’Histoire…
Le parti de gauche à l’assaut du ciel ?
Dans un article publié hier, Alexis Corbière appelle à ne pas voter aux primaires citoyennes. Bref, il refuse, une fois de plus l’unité…
Beaucoup de partis à gauche ont refusé de participer à une primaire de toute la gauche – certains devant le succès de la Belle Alliance populaire ont changé d’avis – et donc, tout en n’ayant à la bouche que les mots « d’unité » ou de « peuple » n’ont fait que subordonner ces mots à une stratégie très clair : « hors de nous point de salut ». Pourtant, à regarder les discours et les profils des candidats, l’ensemble des sensibilités de la gauche et des écologistes sont d’une certaine manière représentés.
Plus grave que l’amnistie des candidats à la primaire, l’amnésie des nouveaux révolutionnaires
Non, Alexis, voter à la primaire ce n’est ni de l’amnistie, ni de l’amnésie. Tu connais assez tes camarades socialistes pour savoir que leur turbulence n’a rien à envier à tes « insoumis ». Simplement, ils ne se trompent ni de combat ni d’adversaire.
Et puisque tu n’es pas un être sans culture, tu sais, connaissant tes classiques, que chaque fois qu’une gauche est partie en guerre contre l’autre, c’est la droite dure qui en a profité, pour longtemps, sans que ceux qui ont tiré les premiers n’en récoltent aucun bénéfice.
On a en effet l’impression en regardant les prises de positions que l’amnésie chez vous est bien plus réelle que la prétendue tentation de l’amnistie chez nous.
Cela vaut pour l’Allemagne avant 1933, l’Espagne en pleine guerre civile et encore plus récemment dans le même pays où l’obsession de Podemos de réussir à supplanter le PSOE n’a abouti qu’à la victoire de la droite.
On a beaucoup vu Jean-Luc Mélenchon dans les hommages à François Mitterrand au cours de l’année 2016, mais il a oublié la leçon essentielle du grand homme : l’unité. Il a vu aussi, comment, pour faire réussir la gauche de gouvernement, Mitterrand a rapidement compris que la France n’était ni une fédération du PS de 60 millions de membres et encore moins une AG étudiante !
En outre, dans le procès en trahison aussi facile qu’injuste qui est fait à la gauche de gouvernement, les députés communistes refusent de soutenir le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avant même la déclaration de politique générale. Cette opposition « a priori » a conduit souvent à des votes communs avec la droite.
Il est normal que le Parti de gauche refuse une primaire de gauche car le parti de toute la gauche est bien plus large, plus généreux et plus divers que cette petite PME.
Cette primaire rassemble puisque près d’un Français sur deux se dit intéressé par ce processus. Il serait masochiste de tourner le dos à un démarche populaire qui peut faire masse et de préférer être soumis à des « insoumis » à l’égard du système, mais pas à l’égard d’un homme, Jean-Luc Mélenchon qui, plus il avance, doit se méfier de lui-même.
Aucune formation de gauche n’a été exclue du processus contrairement à ce que prétend Corbière. Mais le Parti de gauche a lui, exclu de constituer une majorité avec d’autres partis de gauche. En effet, quelle majorité Mélenchon peut-il construire ? Lui qui, comme Macron présente des candidats contre son allié ou son satellite, le Parti communiste ? Oui, le Front de gauche a vécu, puisque le PG l’attaque frontalement en « divisant le camp des travailleurs » comme on aurait dit à l’extrême gauche !
On est passé de la promesse du Front unique à la réalité d’une série d’affronts iniques. Mais nous laisserons le Parti communiste se défendre lui-même.
D’ailleurs, ici en Ile-de-France, bien que très forts dans la critique d’un PS pire que tous, les candidats du Front de gauche non communiste ont su trouver un « accord » technique pour trouver des places éligibles au second tour des élections régionales. Voilà pourquoi il ne faut jamais monter trop haut au cocotier !
S’il y a un échec dans la stratégie de Mélenchon, depuis 11 ans, c’est l’incapacité à réussir à rassembler une gauche alternative. Beaucoup rêvent d’une version française du « Sorpaso », ce mouvement dans lequel Podemos se voyait devant le PSOE dans la gauche espagnole avec à la prime une « pasokisation » du PS. Mais pour y parvenir, il fallait un grand parti de l’autre gauche. Depuis 11 ans, ils en ont été incapables. Le modèle allemand initial, Die Linke, s’affaiblit à chaque élection, avec en prime une difficulté que nos camarades doivent regarder sérieusement. Une bonne partie de leurs électeurs fuient vers l’extrême droite.
Ne leur en déplaise, ils n’ont pas les moyens de la substitution, mais ils peuvent aggraver la division. La droite que l’on a en face n’est-elle pas suffisamment dangereuse ? A moins que l’objectif soit de lui faciliter la tâche dans le but unique de barrer la route au PS sur le chemin de la reconstruction de la gauche ? A ce petit jeu, tout le monde sera perdant.
La gauche critique est dans un état critique, éclatée entre chapelles minées par le sectarisme. Haïssant plus la social-démocratie que la droite, elles s’impuissantent mutuellement.
Nous avons tous accueillis avec intérêt « Nuit debout » malgré certains mots d’ordre et les raisons de son émergence. Mais quel débouché ? Edwy Plenel et Jean-Luc Melenchon ont tenté de le récupérer, Julien Bayou a essayé tous les soirs de s’y implanter… Qu’en reste-t-il ? Quelles perspectives à part les volontés à l’été d’interdire physiquement pour certains des rassemblements du Parti socialiste ?
Alors, oui, même faible, le Parti socialiste reste la force principale de la gauche, mais il n’a jamais prétendu s’imposer à celle-ci. Il a toujours tendu la main, préférant tendre le poing à la droite et à l’extrême droite. Plus important, c'est le candidat issu des primaires de janvier qui pourra le mieux rassembler la gauche. Mieux que Macron et Mélenchon qui ne le peuvent pas ou ne le veulent pas.
En conclusion, les électeurs du PG comme de toute la gauche sont les bienvenus aux primaires.
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