Allez, une polémique "à la française". Le quatrième volet des Visiteurs sort en salle. Sur l'affiche, l'acteur Pascal N'Zonzi trône à droite entre... Les noms de tous ceux qui figurent sur cette affiches sont écrits... noir sur blanc, sauf celui de Pascal N'Zonzi. Nous sommes nombreux à avoir tiqué. Paranoïa, susceptibilité, obsession identitaire ? Simplement bon sens logique. Ce personnage qui apparaît dans la bande annonce à plusieurs reprises est donc plus qu'un figurant - suffisamment important dans le film pour qu'on ai jugé qu'il ait sa place sur l'affiche. En revanche, l'acteur qui l'incarne, non.
Logiquement, la question est posée depuis que la campagne de promotion du film a commencé en février. Mais pour autant, ça n'a rien changé. Les réponses vont de "pas d'obligation de mettre les noms de tout le monde", à "Nous ne sommes pas racistes, nous avons produit Chocolat". On a aussi entendu "on ne met pas le nom d'un acteur inconnu", mais ça c'était juste un type isolé sur Twitter. En passant par "le contrat de l'acteur ne ne stipulait pas". En fait, le nom figure bien sur l'affiche, mais en bas, quelque part.
Alors on va faire une piqûre de rappel. Le cinéma est un divertissement, mais aussi un élément culturel qui est le reflet fidèle ou satyrique des représentations. Il agit aussi sur les représentations.
Depuis longtemps le cinéma fait attention de ne pas reproduire ou laisser passer sans jugement les préjugés racistes ou sexistes. D'ailleurs, ironie de l'histoire, Pascal N'Zoni avait partagé l'affiche avec Christian Clavier dans la comédie Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, qui moque les préjugés racistes. A ce propos, son nom est sur l'affiche mais pas sa trombine car il ne figure pas dans les personnages principaux.
La situation de départ est bien sûr inégalitaire. Le marché n'est pas accessible à tous les acteurs ou metteurs en scène. Talentueux ou pas. Il faut être bien né. "Fils et filles de" ont une chance de plus. Quand on est noir ou arabe, c'est pas si simple. On ne compte pas les histoire d'acteurs maghrébins cantonnés à jouer l'islamiste ou le terroriste, le noir qui doit forcer son accent. Et on ne va quand même pas faire une version d'Othello chaque année non !
Et puis rappelons que l'une des sociétés qui produit le film, TF1 SA avait été lourdement condamnée à payer des dommages et intérêts pour ne pas avoir honoré le contrat qui la liait à Spike Lee dont le film Miracle à Santa Anna n'avait pas été diffusé en France ! (Voir aussi)
Sans qu'on sache pour le moment ce qu'en pense le principal intéressé, il faut comprendre le public qui aime que le cinéma lui renvoie aussi une image de réussite.
Il faut comprendre que la nature des arguments reflète un certain état d'esprit. Et on connaît bien ces milieux fermés où règne l'entresoi et la reproduction.
On imagine le film diffusé à Brazzaville avec comme seul non sur l'affiche, devinez lequel !
Si on veut lutter contre les préjugés, il faut être vigilant.
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