Depuis des mois, pas une semaine sans une provocation du Front national ou l'expression de leur idéologie. Homophobe, antiféministe, raciste, xénophobe, nationaliste, violent, le Front national, malgré ces aspects que tout le monde reconnaît, ce parti est au centre de la vie politique. Les médias relatent son actualité, ils prédisent son succès avec une telle constance qu'on a l'impression qu'ils la souhaitent. Un peu comme l'Express qui a fait une "une" hallucinante cette semaine, quand deux quotidiens du Nord-Pas-de-Calais-Picardie ont eux, décidé, d'entrer dans le combat contre le Front national.
Après les attentats, le FN qui n'a observé qu'un deuil d'apparence, a exploité avec cynisme et cruauté la situation en ciblant réfugiés et musulmans. On imagine ce qu'ils auraient fait s'ils avaient été au pouvoir !
Oui il y a une fascination morbide à l'égard du Front national. D'un côté, ceux qui sont devenus insensibles aux rappels sur sa vraie nature et qui, pour de multiples raisons préfèrent baisser la garde, de l'autre, ceux qui attribuent la montée au Front national essentiellement à la gauche, qui passent sous silence les succès de cette dernière ou les collusions de la droite avec l'extrême droite. Et dans le même lot, mentionnons aussi une parti des médias qui confondent objectivité et complaisance.
Cette complaisance c'est un mélange d'inconscience et de fascination. L'inconscience de ceux qui veulent essayer le FN pour voir. Désireux d'écrire cette histoire. La logique est implacable : Dérouler le tapis rouge au FN, jouer la banalisation en parlant de "Marine", les surexposer, puis faire un sondage qui appuie leur récit et décréter "les Français pensent que". Cela se termine par ce qu'on a beaucoup vu dans ces élections régionales : la gauche n'est pas interrogée sur son programme, mais sur ce qu'elle fera au soir du premier tour. Elle sera, croit-on, sommé de choisir entre la droite et l'extrême droite. Tant pis pour ses idées, au diable son bilan et ses propositions. Il est facile de dire après que "les Français ne se passionnent pas pour ces élections" !
La fascination morbide c'est aussi le fait d'être, par inculture ou par cynisme, indifférent au FN ou son histoire. Alors qu'il a longtemps arboré sur ses affiches "têtes hautes, mains propres", le FN détient le record absolu de condamnations en justice pour diffamation, incitation à la haine raciale, violences, corruption.
Les militants sont aussi confrontés à cette foule de commentateurs qui moquent le moindre argument. A croire que rien n'est possible, ni pertinent pour contrer cet ennemi. Alors on fait quoi ? On prend la baffe en attendant que ça se passe ?
Pourtant, le Front national est une menace qu'il faut combattre. Rien n'est pire que renoncer au combat.
Bien sûr, tout a été dit et écrit sur le sujet car il semble qu'il s'est toujours trouvé une élection pour contredire tous les choix stratégiques qui ont été élaboré depuis que le FN existe. Ceci dit, une première erreur consiste à justement voir un mouvement linéaire dans l'histoire électorale du mouvement lepéniste. Ceux qui disent que le FN est fort de la faiblesse des autres ont raison. Les abstentionnistes de gauche sont plus nombreux que les électeurs du FN.
En quelques semaines, Marine Le Pen dont on disait qu'elle avait changé l'image du FN, est revenue à des fondamentaux idéologiques qu'elle n'a jamais délaissé. Obsession antimusulmane, idéologie réactionnaire s'agissant des droits des femmes, populisme et démagogie sur les questions de sécurité. Il faut appeler un chat un chat et revenir aux fondamentaux. D'un côté on a peut-être les précautions sémantiques des dirigeants qui sont sur les plateaux de télévision, de l'autre la libre parole des cadres ou militants frontistes sur les réseaux sociaux.
A trop jouer avec la flamme frontiste, on finit par se brûler.
Alors, toi ami abstentionniste de gauche qui est en colère contre le Parti socialiste, mesure bien l'impact de ton pouvoir sur la situation : l'électorat FN est mobilisé. Une voix de moins pour la gauche, c'est une voix de plus pour eux. Quand ils ont été au pouvoir dans les mairies il y a vingt ans, ça s'est fini au tribunal car leur programme n'est pas compatible avec la République. Aujourd'hui, leur bilan dans les mairies, c'est la discrimination en action. Est-ce que nous voulons pour nos régions ?
Personne n'a critiqué le bilan de la gauche dans les régions, c'est la preuve qu'il est bon. Alors pour que le premier tour des régionales ne soit pas un "6 février 34 électoral", tous aux urnes.
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