Mais ceux-ci n'ont rien compris. Aux réactions sarcastiques, énervées et agacées répond l'humilité de militants socialistes qui ont pris au sérieux cette question de l'unité face à l'extrême droite.
Des militants écologistes - y compris à EELV, communistes ou sans proximités particulières ont répondu à cet appel pour l'unité qui dépasse, par le nombre de votants, la somme des adhérents de l'ensemble des formations de gauche dans ce pays.
On a moqué cette initiative, on l'a déclarée vouée à l'échec tout en anticipant un éventuel succès, immédiatement considéré comme sans effet. Certains ont tenté de brouiller les pistes en improvisant un "contre référendum". D'autres, cyniques, ont joué la triche - "pour voir", quitte à se mettre hors la loi.
L'ancien socialiste Alexis Corbière a, pour ainsi dire, mouillé la chemise de son côté en ne parlant que de cela durant toute la semaine, ne faisant une pause que pour pronostiquer une victoire du XV de France parce qu'ils jouaient en rouge ! Au final, il n'a trouvé pour critiquer ce référendum aucun exemple dans l'Histoire de la gauche, sauf la sienne propre quand, lui et ses amis faisaient le coup de poing contre les syndicats au nom de "l'Unité". Pourtant, et sans blaguer, les mélenchonistes devraient s'interroger sur l'échec de leur Front. Cette gauche du "non", issue du référendum sur le Traité constitutionnel de 2005, incapable de s'unir en 2007 à la présidentielle, et inapte à donner au Front de gauche de 2012, une postérité supérieure à trois ans. Division au Conseil régional en Ile-de-France où Eric Cocquerel et ses amis votèrent avec la droite contre le budget approuvé par toute la gauche en 2014. Incapable de dépasser les querelles internes qui menèrent à la rupture entre Mélenchon et Dolez, puis Billard, puis Picquet. Bref, il s'est brouillé avec tous les fondateurs du Front de gauche. Incapable de trouver une stratégie commune au sein même de la gauche européenne où Mélenchon est isolé, après avoir tenté de se présenter contre Alexis Tspiras pour la Présidence de la Commission européenne aux élections européennes de 2014, boudant, puis le soutenant en Grèce avant de le lâcher. Silencieux face aux discussions en cours au Portugal qui pourraient mener à une vraie union de toute la gauche - tirant les conséquences politiques de sa majorité à l'Assemblée nationale.
Lui qui préemptait l'héritage de Léon Blum en mai dernier, ne peut le faire et tourner le dos à l'esprit du Front populaire.
La dernière ruade des pégistes réside dans un coup de banderilles dont il ne reste que le bois et le papier. Un travail de manipulateur et de fainéant où l'ancien conseiller de Paris, pourtant professeur d'Histoire, exhume un enregistrement non daté, sans contexte, où il peut diffuser ce que Julien Dray disait, en 2009-2010 (il faut bien rétablir la vérité) de ses camarades - alors ses adversaires dans le PS. L'honnêteté aurait pu pousser Corbière à expliquer de quoi il s'agissait. A ce compte là, que ses amis pégistes se souviennent que Mélenchon fut, tour à tour, adorateur de Mitterrand, de Rocard et de Jospin. Il a même rallié Fabius dans le cirque du Congrès de Rennes après avoir recueilli moins de 2 %. Le Fabius de 1990 est alors le "socialiste moderne" qu'on aurait qualifié de nos jours de "social-libéral"...
Le combat contre la droite et l'extrême droite mérite plus qu'une querelle interne à la gauche et un travail travestissement de la vérité.
Cela, les hommes et les femmes de gauche qui ont voté ces trois derniers jours l'ont compris. On peut aussi leur cracher à la figure et dire que leur vote ne sert à rien car les groupuscules ont toujours raison et tant pis si face au réel ils gesticulent. Ce n'est que de l'agitation. Eux, les chantres du référendum révocatoire, de la révolution citoyenne et de la souveraineté populaire, viennent de voir que c'est une ligne unitaire qui a été demandé et que l'orientation sectaire a été révoquée, rejetée...
La main est toujours tendue, car l'adversaire demeure la droite et l'ennemi l'extrême droite. " Marcher séparément, frapper ensemble " disait l'autre. Le temps est venu de marcher ensemble.
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