Des "unes" du Monde aux statuts Facebook en passant par les savantes analyses des "observateurs", y compris les plus "anti conformistes", ou "rebelles 2.0", un point commun : l'unanimité dans l'antisocialisme. Formules cyniques, revue minutieuse des erreurs ou faiblesses et silence sur les succès, mauvaise foi si nécessaire, on est au-delà d'un rapport critique.
De nos jours, beaucoup de journalistes acceptent de céder aux choix politiques des patrons de rédaction. Pas besoin de travailler pour le Monde diplomatique pour déceler cette chaîne du commandement :
Un journal appartient à un grand groupe dont le patron a nécessairement des amitiés politiques. Le patron de la rédaction lui-même est identifié sur le plan idéologique au point parfois, de participer à des débats politiques.
En conférence de rédaction ou en discussions lors des nombreuses rencontres de club ou dans les restaurants du "mall" parisien que constituent les 6e et 7e arrondissements, la ligne ou le scénario sont établis et dans de nombreux cas, la demande qui est faite aux journalistes, en termes clairs ou sous forme de suggestion n'est pas d'aller chercher l'info, mais de la confirmation pour étayer une thèse préétablie que l'on demande aux politiques de confirmer.
A côté d'une logique "politique" consistant à être militant tout en affichant une soi-disant objectivité, il y a aussi une logique commerciale : un titre doit être accrocheur certes, mais aujourd'hui, l'accroche est devenue du racolage actif. Ainsi ces "unes" sur "les franc-maçons", "la peur de l'islam", "les réfugiés qui arrivent" ou "les banlieues qui vont exploser".
Depuis toujours, un militant doit savoir qu'il ne faut pas croire tout ce que racontent les médias, mais aujourd'hui on sait non seulement pour "qui" ou contre qui ils roulent, mais aussi comme ils travaillent et ce qui les intéresse. Plus l'écume que le fond. Obsédés par les ventes, ils en restent trop souvent à la surface des choses, dédaignant d'aller au bout du sujet. Et pire, ils profitent d'un privilège rare dans ce monde où l'accusation est facile : ils n'ont de comptes à rendre à personne. Sauf si la justice est saisie, jamais ils ne reconnaissent leurs erreurs et rien ne leur est jamais reproché et quiconque s'y essaye a vite fait d'être traité de populiste ou de démagogue.
Dans les années 80-90, il n'y avait pas la même complaisance à l'égard du Front national. Aujourd'hui, "oui', il y a cette fascination morbide qui conduit aussi à une forme d'irresponsabilité : la fameuse déclaration de Maïté Biraben sur "le FN a un discours de vérité" a choqué, mais dans "la profession", participer à la visibilité du Front national ne pose pas de problèmes de conscience à grand monde. Ce n'est pas tant par adhésion aux idées, quoiqu'un courant réactionnaire existe dans la presse, que par volonté de "parler de ce qui intéresse les gens". Il est vrai que bassiner le peuple avec tel ou tel sujet fait qu'au bout d'un moment, il finit par faire sien le raisonnement qu'on lui suggère par les angles que l'on choisit. Il n'y a plus qu'à faire valider "scientifiquement" le tout par un sondage et le tour est joué...
Dans cette chasse aux sorcières qui touche le PS, gauche radicale et droite sont alliées. Qui ne le voit pas ? Ces deux familles politiques partagent la même réprobation. Il est aussi de bon ton de moquer la moindre mesure, idée, déclaration, initiative.
Phénomène limité aux Parisiens ou aux adeptes des réseaux sociaux, c'est le nouveau chic : le commentaire savant, hautain des nouveaux gardes rouges du net. A les lire, on a le sentiment que ces gens importants feraient tout mieux que personne, mais à l'image de Promoplus dans le tout dernier opus des aventures d'Astérix, qui a horreur que ses pieds touchent l'herbe. Eux, ne veulent pas souiller leurs mains dans le cambouis de l'action qui du coup, se passe de leur intelligence.
Et pour donner un semblant d'ossature à tout cela, Zemmour avait été trop dur, on trouve dans des philosophes médiatiques "qui furent de gauche", les nouveaux pères d'une pensée réactionnaire qui ne s'assume pas, persécutés par - voyez cette imposture - la bien pensance de gauche. Bref, c'est le monde à l'envers.
Pendant ce temps, ceux qui sont aux manettes travaillent et on dirait que cela commence à donner de timides résultats.
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