La candidate de Nicolas Sarkozy est aussi la candidate de Christine Boutin. Sur le bout de liste qu'elle a timidement dévoilé figurent en effet, figurent des proches de l'ancienne dirigeante du Parti chrétien-démocrate et des animateurs du mouvement "la Manif pour tous". Cette coloration homophobe et conservatrice indique la volonté du Parti républicain de concurrencer Dupont-Aignan qui pourrait attirer les électeurs de droite radicalisés qui ne se retrouvent pas dans le discours "modéré" d'une Pécresse qui est inaudible dans le parti de Morano et Estrosi.
Idem pour le conseiller régional sortant Franck Margain qui est lui aussi un des cadres du parti homophone de Christine Boutin dont l'actuel président, Jean-Frédéric Poisson est devenu un visiteur de Bachar Al Assad. D'ailleurs, on voit bien comment la droite francilienne va aussi chercher à instrumentaliser la cause des chrétiens d'Orient pour surfer sur l'islamophobie qui règne chez certains de nos compatriotes.
La sulfureuse Lydia Guirous, porte parole du parti républicain (jusqu'à ce qu'elle soit virée par Sarkozy) n'a pas trouvé grâce aux yeux de celle qui fut, il y a longtemps elle-même porte parole de l'UMP. Il faut dire que son soutien aux thèses de Christian Estrosi sur "la Cinquième colonne" risque de lui rendre difficile la campagne dans les quartiers populaires d'Ile-de-France.
De même Rama Yade, conseiller régionale sortante n'a pas trouvé sa place dans le rassemblement conservateur. A l'élue centriste, la droite aura donc préférée des candidats plus radicaux.
Il faut dire que faire une liste à droite revient à gérer les violentes querelles entre partisans de Sarkozy, de Fillon, de Juppé ou des autres candidats à la primaire conservatrice. Sans compter qu'une fois cela obtenu, il faut trouver le bon accord avec les frères ennemis du Modem et de l'UDI qui se voyaient bien plus autonomes.
Bien qu'elle a réussi à rallier quelques candidats antillais d'autres issues d'autres minorités, elle reste la candidate d'un parti dont plusieurs dirigeants et élus locaux pratiquent l'acharnement à l'égard de Christiane Taubira. Car près d'une dizaine d'élus du parti de madame Pécresse se sont fait un nom en proférant des insultes à caractère raciste à l'égard de la garde des Sceaux.
Déjà dans la mandature 2010-2015, la droite régionale comptait dans ses rangs Chantal Brunel qui s'était faite remarquer en disant, en pleine révolution tunisienne, qu'il fallait renvoyer les réfugiés tunisiens sur leurs bateaux.
C'est aussi la prime aux cumulards. A Paris, pour être conseiller régional, il vaut mieux être conseiller de Paris. Cela promet en termes d'absentéisme un record pour la mandature à venir !
Mais on voit bien la stratégie. Il s'agit d'implanter des candidats de droite pour que les conservateurs puissent reprendre Paris. Cette stratégie va produire surtout une nouvelle génération de notables et les votes qui sont les leurs en Conseil de Paris valent tous les programmes. A moins d'être pleinement schizophrènes, il leur sera difficile de proposer pour la Région le contraire de ce qu'ils proposent pour Paris.
Voilà donc la droite régionale. Obligée de prendre en compte le Tea party à la française que représente "La manif pour tous" avec son cortèges de réactionnaires de tous poils. Obligée aussi de tenir la distance face à Dupont-Aignan l'eurosceptique et les listes xénophobes du Front national.
Mais après près de six mois, on attend toujours la liste complète... Difficile on dirait !
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