La mort de Jean Lacouture est une page qui se tourne dans l'histoire du journalisme. J'avais eu le privilège de le rencontrer au siège du Parti socialiste, rue de Solférino, il y a une dizaine d'années pour l'interviewer dans le cadre d'une causerie avec Alain Bergounioux.
Cela avait été un grand moment pour moi car l'homme était un monument.
Etudiants, nous avions tous lu sa magistrale biographe de de Gaulle, car l'homme était un biographe hors pair. Malraux, Mendès, Blum, Ho Chi Minh... Ce Bordelais, Très grand amateur de rugby avait l'élégance et le charisme d'un Albaladejo. Il avait sillonné le monde, à la rencontre des plus grands. Un aventurier dont la vie faisait envie. L'Égypte qu'il connaissait par cœur - il avait commis un biographie, aujourd'hui introuvable, de Nasser qui fait autorité jusqu'à ce jour. Quel meilleur titre que "le roman du pouvoir" pour brosser la vie de Francois Mitterrand ?
Homme de gauche, compagnon historique de L'Obs, il a vécu longtemps. Lui qui avait commencé avec Leclerc, fut un anticolonialiste sincère et actif. Ses nombreux textes sur l'Indochine, son combat contre la guerre d'Algérie, son engagement dans la gauche non communiste demeurent des exemples.
Héros moins tragique que ne l'était Hemingway, Lacouture était une sorte d'aventurier sage au service de l'Histoire et aussi de la gauche, sans être lui-même un acteur politique.
L'œil bleu de ce gentleman ne portera plus ce regard savant, mais simple et complètement accessible - éthique rugbystique sans doute...
Il nous reste ses nombreux livres dont un livre sur les gens qu'il avait rencontrés. Tout journaliste et tout militant de gauche doit avoir ce homme en exemple.
Merci de nous avoir inspiré. Vous nous manquerez.
Commentaires