Ce matin était enterré Jean-François Stopar. Un militant socialiste du Puy-de-Dôme qui, comme on dit « était passé par l’Unef ». C’est là que nous nous sommes connus il y a un peu plus d’une vingtaine d’années.
Né en 1968, « Jeff Stopar » avait été un des principaux dirigeants de l’Unef indépendante et démocratique sous la présidence de Philippe Campinchi. En 1993 d’ailleurs, le principal syndicat étudiant avait tenu un congrès difficile à Clermont-Ferrand où s’étaient opposés les amis de Pouria Amirshahi, déjà frondeur à l’époque et ceux de Philippe Campinchi – dernier héritier de la majorité qui avait réunifié la gauche syndicale étudiante non communiste au début des années 80.
Plus tard, avec Guillaume Houzel, Jean-François fonda Campus en Eté, un rassemblement annuel des associations étudiantes fin août en Gironde autour du réseau Anima’Fac. Le monde étudiant avait changé et il fallait sortir de la vision « duale » entre d’un côté les organisations politiques ou syndicales et les « corpos » apolitiques – donc plutôt de droite. La jeunesse scolarisée s’engageait. Pas nécessairement dans les organisations politiques traditionnelles, mais elle épousait des causes humanitaires ou sociales qui valaient qu’on s’y intéresse autrement que pour faire des cartes ou gagner des élections universitaires.
Autour de la revue Factuel, il s’agissait, dans la suite du mouvement étudiant de 1995 qui avait consacré le recul de l’influence de l’Unef-ID sur le milieu étudiant, de prendre en compte un changement d’époque.
Cette jeune toile bénéficia du soutien de la Ligue de l’Enseignement. Par la suite Jean-François poursuivi son militantisme dans les rangs socialistes à Clermont-Ferrand.
Cette disparition survient à un moment particulier de l’histoire d’une génération militante formée dans les organisations lycéennes et surtout étudiantes des années 80-90, elle se retrouve aujourd’hui à des postes de responsabilités dans diverses sphères après avoir « attendu » son tour pendant près d’une dizaine d’années. Elus locaux, parlementaires, mais aussi dirigeants syndicaux, acteurs sociaux ou universitaires, elle forme une partie du Parti socialiste d’aujourd’hui et le symbole absolu de ce nouveau cycle est bien sûr le remplacement d’Harlem Désir par Jean-Christophe Cambadélis à la direction du parti.
Face à ceux qui veulent raconter cette histoire sous forme de réquisitoire, nous sommes nombreux à opposer la force de l’engagement, la noblesse des idéaux que l’on ne perd jamais de vue.
Cette génération politique là est la première à n’avoir pas poussé ses premiers cris dans les cellules de l’extrême gauche. Elle n’a pas cru au grand soir ou à l’imminence de la Révolution. Pas par renoncement, mais par réalisme et cela fonctionne plutôt bien. Regarder la société telle qu’elle est pour la changer. Je suis sûr que Jean-François Stopar, à sa manière, n’y a jamais renoncé. Je suis convaincu que ses amis continueront ses combats.
Bel hommage... Que de souvenirs...
Rédigé par : Crombecque | 03 octobre 2014 à 20:08
Très bel hommage Pierre et si juste dans sa conclusion. J'introduis d'ailleurs mon Histoire des étudiants en France de 1945 à nos jours par un propos proche de ce que tu exprimes.
Rédigé par : Didier Fischer | 04 octobre 2014 à 17:20