Le mini sommet de l'Elysée le 21 juin dernier fut l'occasion pour François Hollande de prendre une initiative conjointe avec Sigmar Gabriel, le vice-chancelier allemand et président du SPD ainsi que Matteo Renzi, le Président du Conseil et le président du Parti démocrate italien qui permet de donner de la lisibilité à la position des chefs d'Etats et de gouvernements sociaux-démocrates. Il s'agissait donc d'élaborer la position commun de la gauche au Conseil européen.
Il s'agissait de rester cohérent avec le message des élections européennes : les peuples pouvaient décider le 25 mai dernier de la majorité au Parlement européen dont serait issu le Président de la future commission. Alors qu'on avait vu un début de manœuvres de la part des conservateurs, notamment Cameron et Merkel, il s'agissait de redire que la gauche ne voulait pas de négociations dans l'ombre alors que tout avait été dit au grand jour.
La question posée n'était pas "soutien ou pas soutien à Jean-Claude Juncker", mais quelle mandat et quelles priorités sachant que le candidat conservateur ne dispose pas de majorité pour être élu sans les socialistes qui peuvent donc fixer leurs exigences avec une importance grandissante au sein du Conseil et que l'alliance de toute la gauche ne permet pas de l'emporter.
Comme l'a indiqué le Président de la République, les priorités politiques des sociaux-démocrates européens sont : " d’abord la croissance et l’emploi, en utilisant toutes les marges, toutes les souplesses de ce que l’on appelle « le Pacte de stabilité et de croissance ». Faire en sorte aussi, que l’emploi des jeunes soit véritablement la priorité budgétaire de l’Europe. Et lancer un grand programme d’investissement, notamment pour organiser la transition énergétique et l’indépendance énergétique de l’Europe."
Il s'agissit aussi, comme on l'avait dit dans la campagne lorsqu'on parlait - y compris dans le Manifeste du Parti socialiste européen - de débureauratiser, de simplifier l’Europe et de la démocratiser.
Puisque le PPE est arrivé en tête il est normal qu'il propose Juncker et que le Conseil ne s'y oppose pas, mais de là à une majorité à laquelle le PSE participe, il y a une différence. Être la deuxième force au Parlement européen comporte des responsabilités et des possibilités. Le PSE peut revendiquer des positions de pouvoir qui autre que la Présidence de la Commission et il est en mesure de les obtenir.
Dans la mesure où l'Italie va présider l'Union européenne à partir du 1er juillet, ce sera là aussi une occasion historique pour la réorientation puisque le Parti démocrate est au pouvoir et qu'il a remporté les élections européennes dans son pays. L'Europe ne sera alors pas tant à l'heure italienne qu'à l'heure d'une poussée des socialistes européens pour la réorientation encore une fois pour donner comme l'a dit François Hollande : "la priorité à la croissance, utiliser toutes les souplesses du Pacte de stabilité, faire en sorte qu’il y est des investissements, notamment dans le domaine de l’énergie. Imaginer de nouveaux instruments que l’on appelle les « Projects-bonds », pour financer ces investissements et simplifier et réformer l’Europe. Qu’elle soit davantage soucieuse des aspirations démocratiques des peuples qui la compose."
Si la voix des socialistes au Conseil peut être unifiée, malgré les contradictions inhérentes aux coalitions de gouvernement et qu'elle est aussi unitaire au Parlement avec en prime des convergences avec le reste de la gauche, alors la réorientation est possible.
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