C'est tout le charme des collectivités locales. Il y a des alliances surprenantes au détour d'un débat et personne n'est à l'abri. Ainsi le très intransigeant Parti de gauche qui sans avoir déposé le nom "gauche" à l'INPI dresse quotidiennement des procès en trahison aux socialistes a voté ce soir avec l'UMP pour la dissolution d'Ile-de-France Europe, c'est-à-dire la représentation de la Région Ile-de-France en Europe.
Cela aurait signifié que la Région Ile-de-France aurait été la seule région de Fance, l'unique région capitale d'Europe et une des rares au sein de l'Union à se passer de représentation auprès des institutions communautaires. De la part de la droite, on est habitué maintenant à cette culture d'abaissement du rayonnement de notre pays dans le monde.
Bien sûr, cet amendement, le 74, n'est pas passé. Rappelons encore une fois que le PG ne siège pas dans le même groupe que le PCF. Il y a donc deux groupes Front de gauche, depuis le début de la mandature.
L'argument pour les pégistes est qu'il s'agit de démanteler un "lobby politique". Pour l'UMP c'est une question d'économies - entendez "d'austérité".
Que le Parti de gauche goûte peu l'Europe, sauf pour l'indemnité de parlementaire que touche son chef, Jean-Luc Mélenchon, on le sait depuis longtemps. Celui-ci a théorisé depuis longtemps que l'avenir du monde n'était plus en Europe, mais en Amérique latine. Ils n'aiment même pas l'Europe telle qu'elle est, qu'ils ont même fait leurs caprices dans le Parti de la gauche européenne, contre leur compatriote et camarade du Front de gauche, Pierre Laurent, également conseiller régional. A un moment donné, l'Europe c'est aussi des rapports de forces avec ceux qui décident et de la politique concrète.
Que l'UMP soit "européiste" par pragmatisme, on l'avait compris. Les élus régionaux UMP qui sont sensés siéger à Ile-de-France Europe ne sont jamais venus. La critique de l'UMP tombe d'ailleurs assez mal puisque tous les départements présidés par l'UMP sont maintenant adhérents de cette structure, dont les Yvelines chères à Valérie Pécresse et les Hauts-de-Seine, bientôt. On aurait pu imaginer qu'ils viennent au moins juger sur pièce.
Mais non. Ainsi, on a assisté à une petite coalition entre les pégistes et les umpistes sur une ligne à la fois austéritaire pour la droite et sectaire pour cette partie de la gauche.
Si l'épisode qui n'est qu'un épiphénomène est relaté ici c'est aussi pour illustrer une réalité. La gauche radicale ne vit que pour cogner la gauche. Donc elle dessert son propre camp. La droite veut maintenir un statut quo inacceptable. Si donc on veut changer la situation, il ne faut pas choisir une gauche radicale impuissante ou une droite méprisante. La seule alternative, en termes de projet et de force, reste la social-démocratie.
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