L’effet d’annonce avait de quoi énerver les militants socialistes : l’UMP organisait un bureau politique consacré aux européennes pour parler à la fois du programme, de la stratégie « et » des candidatures.
A la fin, c’est un grand exercice d’hypocrisie et une belle démonstration de schizophrénie collective.
Michel Barnier, commissaire européen conservateur « placé » par Sarkozy fait le job à Bruxelles. Européiste convaincu, mais peu convainquant car l’homme doit assumer les orientations conservatrices d’un PPE qui, loin d’enrayer le cours austéritaire de l’Union, l’a sagement accompagné quand il ne l’a pas clairement encouragé.
Pourtant, il y a un front anti Barnier à l’UMP. Ce n’est pas parce à cause de la longévité de sa carrière européenne, mais à cause de l’orientation politique et ce qu’il incarne. Or quand l’UMP ose parler de « réorientation » de l’Europe on a peur.
Qu’on se rassure. Il ne s’agit pas de militer pour une Europe plus solidaire, mais pour une Europe « à l’anglo saxonne ». But unique : le marché unique. Rien d’autre. C’est un cours plus à droite que proposent les ultratlantistes comme Philippe Marini ou Pierre Lellouche dont le CDD de ministre aux affaires européennes n’a laissé aucun autre souvenir que celui d’un sanguin faisant la leçon à ses homologues grecs comme on engueule ses employés dans un magasin.
Si l’UMP ne s’appuie pas sur son meilleur représentant à la Commission c’est donc qu’elle n’a rien compris à l’Europe ou qu’elle fait le choix de se laisser entraîner dans un euroscepticisme assumé. Quelque part entre Cameron et l’ancien président tchèque Klaus.
Quand Jean-François Copé dit « l’Europe, nous l’aimons tellement que nous en voulons une autre », cela relève au mieux de l’inconscience, au pire de la provocation. La domination des conservateurs depuis près de dix ans a conduit l’Union là où elle est. Si Copé fait le procès de l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui, la victime collatérale s’appelle aussi Nicolas Sarkozy dont, paraît-il, la présidence de l’UE en 2008 fut exceptionnellement positive, puisque même la Russie a mis un terme à ses menées contre la Géorgie !
Voilà donc l’UMP prise dans ses contradictions. Européiste plus par raison que par conviction. Opportuniste par nature. Souvenons nous que la droite française a toujours mal vécu les avancées européennes. Cela a commencé avec le sinistre Appel de Cochin dans lequel Chirac pestait contre « le parti de l’étranger » en 1979, cela a continué avec la fronde de Séguin contre le Traité de Maastricht, la scission de Pasqua, la déroute de Sarkozy en 2004…
La droite française dont un des représentants préside le groupe PPE au Parlement, a été complice de toutes les fourberies. Elle soutenait Bolkestein, elle participait au détricotage de la directive sur le détachement des travailleurs et elle a voté contre le rapport Estrela sur la santé et les droits sexuels et génésiques cette semaine au Parlement européen.
En clair cela veut dire que les députés UMP nient aux femmes la liberté d’information et de choix en matière de sexualité, de procréation, d’IVG en cas de viols…
Voilà un exemple qui montre qu’en matière européenne comme dans d’autres, l’UMP ne sait faire qu’une chose : berner les électeurs.
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