La phase finale du congrès d'Europe écologie les Verts doit aboutir sauf coup de tonnerre à l'élection d'Emmanuelle Cosse au poste de secrétaire nationale de la deuxième formation politique de la majorité. Pour des raisons politiques et personnelles, le choix d'Emmanuelle est ce qui peut arriver de mieux à ce parti, car la personnalité de cette amatrice de rugby au caractère bien trempée comme il sied aux brunes, correspond bien au job : le charisme, la détermination, des nombreuses heures de vol dans le militantisme - la FIDL, Act Up - le travail politique, comme vice-présidente de la Région Ile-de-France en charge du logement, la capacité à construire des rapports de force et à prendre des décisions et bien sûr, le talent qu'il faut pour construire des coalitions utiles.
Mais période difficile pour ce parti qui est dans une transition historique. Pascal Durand l'avait compris mais il n'a pas pu la mener à bien. Il l'avait nommé "la déformation". Les écologistes n'ont jamais eu autant d'élus. Ce parti qui a à peine trente ans a deux groupes parlementaires, deux ministres, des élus dans toutes les collectivités... Du jamais vu. Il doit assumer cette évolution vers la culture de gouvernement alors qu'il demeure très attaché à sa culture de gauche alternative.
Cette gageure n'est pas nouvelle. Le congrès de Caen se déroule alors qu'on a appris la "retraite" anticipée de Dominique Voynet. Si on veut bien sortir du panier de crabes qu'est Montreuil sur le plan politique depuis onze ans, il faut rendre un hommage appuyé à cette femme victime probablement de son intransigeance, mais dont l'intransigeance fut aussi le moyen de se prémunir de la vengeance des uns et de l'insolence des autres.
La gauche et les écologistes doivent beaucoup à Dominique Voynet qui fut l'une des actrices de l'émancipation du mouvement écologiste à l'égard de l'apolitisme du duo Waechter Lalonde, l'ancrant à gauche et participant à la belle aventure de la gauche plurielle. Elle a représenté avec plusieurs des siens dont à l'époque Jean-Luc Bennhamias, un parti vert capable d'être un parti de gouvernement et ça a fonctionné. Même si les anciens ministres écolos furent broyés par la machine.
C'est une précurseuse (je sais pas si on dit ça) du meilleur des écolos qu'incarnent à mes yeux Cécile et Emmanuelle, c'est-à-dire des partenaires politiques avec lesquels on peut s'engueuler mais avec qui on peut construire. Là où elle choisira d'agir, elle a encore quelque chose à apporter.
On critique beaucoup le duo Duflot Placé, mais ce sont eux, il faut le reconnaître, qui ont conduit ce parti là où il est. Une mâturation dont d'ailleurs le récent voyage en Israël et Palestine - une première - est un signe intéressant.
La gauche plurielle a cessé d'exister, mais l'esprit de la gauche plurielle doit continuer d'inspirer. En politique c'est comme au foot : on gagne ensemble ou on perd ensemble.
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