Ce 21 novembre, les militants socialistes ont voté en majorité pour l'adoption des listes PS-PRG pour les élections européennes. Exercice difficile pour certains car déçus de la méthode trop peu en phase avec l'enjeu du combat politique au Parlement européen. Mais rien n'est perdu. Le PS demeure le plus européen des partis français et il appartient à la famille politique, la social-démocratie, qui à le moins à rougir, si on peut dire en termes de cohérence idéologique globale. Pas d'alliances contre nature comme la droite en Hongrie aujourd'hui, hier en Italie, au Danemark ou aux Pays-Bas. Pas d'eurosceptiques revendiqués dans ses rangs comme les écologistes nordiques ou la gauche radicale allemande ou grecque.
Bien sûr entre travaillistes, socialistes et sociaux-démocrates, il y a des histoires et des cultures différentes, mais la revendication d'un héritage et d'objectifs communs.
La social-démocratie n'est pas à l'abri des pesanteurs nationales et celles ci sont de saison.
Il faut donc faire campagne dès maintenant. C'est le début d'une lutte prolongée car il faut convaincre les Français et pour nous, les Franciliens, que les socialistes sont les mieux placés pour défendre une Europe de la croissance, de la justice et de l'innovation.
La situation politique est assez nette : l'hystérie de l'austérité s'effrite. Le dogme de l'austérité a de moins en moins d'adeptes. Les conservateurs qui ont précédé et aggravé la crise ont démontré leur incapacité à la résoudre.
Les populistes de tous poils sont à l'affût. Ils prospèrent sur le mélange explosif d'euroscepticisme, d'europhobie, de pessimisme, de rejet de l'autre, notamment s'il est étranger, de méfiance à l'égard des partis politiques... A l'Est, ils se nourrissent d'un nationalisme exacerbé.
Partout en Europe, la social-démocratie est très fortement contestée. Là où elle était hégémonique, comme en Allemagne ou dans les pays nordiques, elle est concurrencée sur sa gauche par des partis qui se sont installés durablement dans le champ politique. Pour autant, la gauche critique est face à une contradiction : le repli ou l'ouverture. Elle est eurosceptique à cause des politiques qu'elle dénonce, mais en ne proposant aucune alternative praticable, elle nourrit l'europhobie.
Dans ce contexte, la social-démocratie doit assumer un clivage dur avec la droite.
Comme je l'écris souvent, le temps du compromis historique entre démocratie chrétienne et social-démocratie chrétienne sur la construction européenne tenait tant que l'idée de l'Etat providence était partagée. Aujourd'hui, la démocratie chrétienne n'est plus dominée par le centre droit. Elle est supplantée depuis des années par un conservatisme néo-libéral qui n'a pas peur de flirter avec le populisme parfois. Dès lors, il faut renforcer le rapport de force par la construction en Europe d'une alliance des progressistes en direction des forces écologistes et de la gauche radicale. Cette alliance rouge verte ne peut se réduire à une addition. Mais elle peut rassembler des courants politiques qui voient dans les nationaux populistes des ennemis et dans les conservateurs des adversaires.
Notre liste en Ile-de-France, la plus grande, la plus peuplée et la plus riche des régions d'Europe illustre parfaitement les talents dont on a besoin pour battre la droite.
Ce n'est pas rien pour moi de retrouver sur cette liste des amis, des compagnons de route politiques, des gens avec qui j'ai partagé beaucoup de choses ou de combats. Ils ont en commun d'être exigeants, toujours disponibles pour apprendre et écouter et chercher des solutions à des questions complexes.
Moi-même, à la onzième position, comme les ailiers gauche en rubgy, je pousserai en faisant campagne comme si j'étais plus haut sur la liste car il s'agit d'une équipe et non d'un trio de tête suivi de loin par dix figurants. C'est le début d'une lutte prolongée qui nous mènera, si les électeurs le veulent bien, vers un nouveau cours de l'Europe après le 25 mai prochain.
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