Le
10 juillet dernier, Ilan Halevi décédait après une longue maladie, à l’âge de
70 ans. De nos jours, c’est un âge où on est encore dans la force de l’âge.
Mais pour le vieux lutteur qu’il n’a jamais cessé d’être, le corps était
fatigué de tant de combats.
La vie d’Ilan était un vrai roman, de quoi faire un bon film d’aventure sans rien inventer.
L’homme est né en France, il était polyglotte, juif et arabe, il avait milité dans l’extrême gauche israélienne antisioniste avant de rejoindre le combat des Palestiniens au sein de l’OLP qu’il représenta à l’Internationale socialiste.
Cet ami de longue date du PS connaissait parfaitement le rapport complexe de la gauche française à la question du Proche-Orient et à son contact j’ai beaucoup appris sur la Palestine car ce fut le premier Palestinien que je fus amené à rencontrer. Je suis fier d’avoir eu le temps de le connaître et de discuter avec lui, confrontant mes impressions à ses commentaires.
C’est dans l’Internationale socialiste que Palestiniens de l’OLP et Israéliens travaillistes ont trouvé un canal pour se parler et créer une relation qui a ouvert les voies d’une négociation au grand jour. Cette IS des années 80 jouaient alors pleinement son rôle d’agent de la paix mondiale.
Ilan était un habitué du PS et des intellectuels français avec lesquels il discutait régulièrement.
Nous avions passé du temps avec lui lors des réunions de l’IS au Monténégro ou à Paris, à Athènes ou dans les congrès du SPD.
Il avait fondé la Revue d’études palestiniennes qui faute d’argent n’a pu continuer à exister malheureusement. Il était lucide sur le vieillissement du Fatah dont il savait que la culture de combat de la vieille génération risquait de buter sur la modernité d’une jeunesse qui ne voulait qu’une chose, construire un Etat.
Homme de grande culture, Ilan avait été un grand connaisseur de la Martinique et un proche d’Edouard Glissant. Il baragouinait un peu le créole et cela créait bien sûr des liens supplémentaires.
Pour nous, militants bien au chaud en France, c’était un apprentissage que de côtoyer ce petit bonhomme, un des rares juifs à ne pas être le bienvenu en Israël et qui avait été probablement une cible pour certaines officines.
Il incarnait la complexité des relations politiques au Proche-Orient, cette région du monde où rien n’est jamais simple.
Alors que depuis quelques jours on parle de reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens – Ilan, ce juif arabe né en France représente un symbole particulièrement éloquent en attendant le jour où la paix ne sera pas qu’une intention, mais une réalité concrète liant deux peuples et deux Etats.
Ilan avait écrit quelques ouvrages dont Allers retours, chez Flammarion, une sorte d'autobiographie...
Les commentaires récents