70 ans après la disparition de Jean Moulin, la Région Ile-de-France a soutenu le projet de Georges-Marc Benhamou, un téléfilm en deux parties réalisé par Alain Tasma sur Daniel Cordier, un jeune maurrassien devenu résistant, secrétaire de Jean Moulin, acteur de l’unification des mouvements de résistance avant de devenir, grâce à la passion que lui a communiqué le martyr de Caluire, marchand d’art.
« Alias Caracalla » fait référence au pseudo que lui donne son ami Roger Vailland dans un roman sur la Résistance qui a, d’une certaine manière incité Cordier à raconter son histoire dans un ouvrage récompensé par le Prix Renaudot avant que ce récit ne soit adapté pour la télévision, aidé financièrement par la Région Ile-de-France et Rhône Alpes.
En tant qu’élu régional, j’ai soutenu le projet.
Un film de plus sur la Résistance dira-t-on. Et même le fait qu’il évoque 70 ans après, la fondation du Conseil national de la Résistance et la personnalité de Jean Moulin, ne marquera pas les esprits à moins qu’on ne voie et qu’on fasse voir ce film en deux parties qui raconte, à la manière d’Un village français, les années d’occupation sous un nouveau jour. Car si Jean Moulin, adapté deux fois à quelques mois d’intervalle à la télévision est un personnage connu, Alias Caracalla propose une lecture politique de la Résistance, ce qui est assez original.
Sur des faits connus dans les grandes lignes, raconte comment un jeune militant d’Action française, passe du pétainisme au gaullisme pour rester fidèle à son idéal nationaliste. Et comment, avec sa bande de jeunes idéalistes prêts à partir à la guerre comme s’il s’agissait d’un « coup de poing » de camelots du roi contre de « rouges », ils découvrent que la France libre ne rassemble pas que des nationalistes, mais aussi des républicains, des gens de gauche et même des juifs.
Découvrant que « le pays réel » n’est pas celui qu’il croit, Cordier qui voulait partir au feu, ne connaîtra pas les affres du front. La guerre, il ne la fera pas non plus dans le maquis, mais comme secrétaire de celui qui se bat contre les chefs de la Résistance pour unifier la Résistance.
Dans le film, l’ennemi est un figurant et le champ de bataille est cette série d’appartement où on débat pour faire converger des mouvements qui n’ont en commun que la haine des nazis.
On perçoit grandement la solitude du résistant et le jeune Cordier qui voit s’effondrer sous ses yeux le monde auquel il avait cru.
Cette conversion d’un monarchiste en un républicain humaniste se fait par petites touches et elle est d’une curieuse actualité quand on sait qu’en 2009, Cordier a révélé son homosexualité.
Il est passionnant de voir comment la Résistance n’allant pas de soi, il a fallu forcer l’unité. Une belle leçon pour les temps actuels.
Oui, un grand bravo à la Région IDF pour son soutien à cette oeuvre.
J'ai eu la chance de voir ce film qui porte en effet sur un épisode peu connu de l'histoire d'un versant de la jeunesse française.
De Alias Caracalla, je retiens une formidable interprétation des acteurs que nous connaissons (E. Caravaca bien sûr, Julie Gayet) et la maturité des jeunes dans les rôles des militants. On note également un petit clin d'oeil à S. Hessel...que la scénariste n'a pu rencontrer...
Des lycéens avaient fait spécialement le déplacement pour voir cette projection et il est bon qu'ils en conservent une mémoire plus profonde que s'il s'agissait d'une diffusion sur petit écran.
Michel ROSE
Rédigé par : Michel ROSE | 19 mai 2013 à 20:17