C'est arrivé aujourd'hui dans un taxi en partance pour l'île de Ré.
Depuis des années, mes destinations de vacances me conduisent à prendre les lignes de TGV qui déservent aussi des lieux de villégiatures prisées du lumpenproletariat des beaux quartiers comme Royan, Arcachon, les belles villes du Pays basque ou l'île de Ré. "The place to be" pour la bourgeoisie dans toute sa diversité.
Bien sûr, il ne faut pas généraliser. Il doit même y en avoir qui votent à gauche...
On m'avait dit "l'île de Ré, c'est un repère de socialistes... Pour le moment, ils doivent être encore dans le chassé croisé.
Les hasards des commandes de taxi aboutissent au sortir de la gare à une situation de covoiturage. On n'est pas à Paris, donc ici les gens sont à l'aise. Mais le monsieur qui avait aussi commandé son taxi fait bien remarquer qu'il avait commandé un taxi privé et que "au bled c'est mieux organisé". L'homme a le poil grisonnant, plus coupe TTA que beatnik. Visiblement, ancien militaire ou un truc du genre. Le chauffeur a lui même été plus d'un vingtaine d'années militaire de carrière dans le génie et il a servi en Afrique.
Comme à l'acoutumée, quand on ne sait pas de quoi parler, qu'on n'a pas envie de subir un silence glacial alors qu'on se plaint déjà que l'été n'est toujours pas là, on parle de la pluie et du beau temps.
Donc inévitablement, nous évoquons la Martinique, que le chaffeur aurait bien aimé visiter, "mais je connais pas les colonies". Tout en lui faisant remarquer que la départementalisation est déjà très ancienne, il ne se démonte pas. A croire qu'il a été formaté comme ça... Le voisin évoque ses vacances en Guadeloupe où "c'est un gâchis" car les employés de l'hôtel sont mal aimables et ils ont pris en otage les personnels du Méridien. Et là, il imite avec une colère visiblement pas encore retombée, mes cousins de Gwada ! On a alors droit au fameux couplet sur le contraste désolant entre la beauté des paysages et la mentalité des gens - "au moins les Réunionnais eux sont gentils".
Au lieu de sortir de mes gonds, ce qui est limité dans un taxi, j'évoque, de manière pédagogique la crise économique, la réalité de l'emploi, les accapareurs, les monopoles illégaux, les marges indues etc... mais comme dirait l'autre "parler aux cons ça les instruit"...
Un grand moment de racisme froid qui donne un immense sentiment de supériorité. Ces gens ne savent pas ce qu'ils perdent. Nous on sait ce qu'on gagne.
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