N'en déplaise à Richard Prasquier, mais cette semaine, on a eu l'impression que le PS c'était Israël et les Verts, l'Iran, prêts à en découdre à cause d'une arme nucléaire qui s'appelle Cécile Duflot. L'accord électoral proposé a éclipsé l'accord programmatique dont le nucléaire n'est pas l'essentiel car c'est oublier que sur tous les autres sujets, les deux partis - qui ont gouverné ensemble avec Lionel Jospin - sont tombés d'accord sur tout le reste.
Les négociateurs du projet se sont vus à plusieurs reprises et, au moins pour un groupe dans lequel je me trouvais, aucune divergence qui ne soit surmontable. Même sur la question palestinienne était du même avis, c'est vous dire ! Voilà qui aurait renforcé la dynamique des primaires si on c'était intéressé aux questions essentielles qui touchent la vie des Français. Bien sûr, les Verts ont indiqué que la question du nucléaire était essentielle, mais c'est aussi parce qu'il s'agissait pour eux d'une question identitaire et qu'ils ne pouvaient faire comme si ça n'existait pas.
Quant à l'accord sur les circonscriptions, il est difficile car on touche à des choses sensibles. On peut avoir envie de tourner cela en dérision tellement l'échauffement des esprits a tourné parfois à une sorte de folie qui a éloigné nos formations politiques de la magie des primaires qui avait démontré qu'un parti peu largement attirer au delà de ses propres rangs.
La lutte des places est un combat difficile car les critères et les principes qui sont invoqués ici sont baffoués là... Le travail des négociateurs est indispensable et ingrat, ce sont eux qui portent la responsabilité d'une décision finale qu'ils ne sont pas toujours les derniers à prendre car les "visiteurs du soir" et autres donneurs de coup de fils amicaux sont encore nombreux.
On reparlera très vite de la féminisation et de la coloration (cette fameuse "diversité").
Plus grave est l'instrumentalisation qu'ont tenté certains apprentis sorciers dont le président du CRIF.
Le CRIF du temps de Theo Klein est déjà loin. Depuis Cukierman, cette structure a évolué vers une orientation de défense inconditionnelle d'Israël au point de soutenir les politiques des gouvernements israéliens même lorsqu'elles sont contraires aux intérêts de la paix. Si le CRIF lutte contre l'extrême droite en France, il lui arrive donc de soutenir un gouvernement israélien dans lequel il y a l'extrême droite...
Heureusement que le CRIF n'est pas représentatif des juifs de France, au premier rang desquels mes camarades députés franciliens dont les noms, mis les uns à la suite des autres, font image.
Le texte de Prasquier, dénoncé par les juifs de gauche, notamment par la plume de mon complice Patrick Klugman, est un scandale et il salit tous les socialistes. Même s'il s'agit d'instrumentaliser l'antisémitisme à de basses fins d'appareils pour forcer la réélection de députés sortants, le monstre peut et va échapper à son créateur.
Le CRIF, qu'on avait senti très "prudent", tout au long de l'affaire DSK, a donc rattrapé son retard en mettant en parallèle les drames qu'ont subi les familles de députés socialistes sortants d'origine juive avec les turpitudes des investitures actuelles. Certes, il vaut mieux ne pas trop prêter attention à ces dérapages, mais les interprétations radicales sont déjà connues et les ravages qui vont avec sont possibles.
C'est faire preuve au pire, de cynisme, au mieux d'ignorance que de faire cela.
D'abord, il y a toujours un malentendu entre les Verts et la communauté juive organisée. L'antisionisme qui se justifie par un soutien à la cause palestinienne ne vaut ni l'accusation automatique d'antisémitisme ni une remise en cause de l'existence d'Israël.
Ensuite, les députés dont on parle sont avant tout socialistes. Revue de détail...
Les quatre mousquetaires
Entrons quelques peu dans le jeu sordide de ceux qui ont pensé qu'il pouvait y avoir une "chasse aux juifs" au PS.
Curieux d'insinuer cela quand, il y a encore quelques mois, le PS s'attendait à investir Dominique Strauss-Kahn. En outre, l'histoire de ces députés est précisément celle d'une démonstration républicaine. Daniel Goldberg, je ne le connais pas depuis longtemps, mais à l'évidence, nous avons des parcours très voisins. L'Unef-id, la lutte antiraciste, les Reconstructeurs, le soutien à Martine... Sa réputation de député bosseur et exemplaire n'a pas attendu ses difficultés de ces derniers jours. Tant que c'est encore possible, Daniel doit se battre et nous sommes nombreux à espérer qu'il puisse se sortir de cette fosse aux lions.
Pour les Parisiens, il faut dire qu'ils sont là depuis très longtemps. Militants de longue date, de cette génération viscéralement de gauche, marquée par l'histoire de la gauche parisienne, et de la gauche tout court. Laïques, "assimilés", d'ailleurs Tony et Serge ont choisi des successeurs dans leurs mairies respectives en fonction de leurs qualités et rien d'autres et ce faisant, ils ont choisi de bons maires en la personne de Rémi Féraud et Jérôme Coumet.
Danièle quant à elle, plutôt modeste en général, a été propulsé cette dernière semaine par cette affaire. Dans une circonscription dont l'histoire sociale correspond au parcours de cette députée qui n'en est qu'à son deuxième mandat et qui n'a que la soixantaine.
Serge, Danièle, Daniel et surtout Tony sont des personnes qui ont compté dans des moments importants de ma vie militante et de ma "jeune vie" d'élu régional. Ils me conseillent chacun à sa manière, en prenant rarement des gants.
Les Verts sont des partenaires, pas des adversaires
A Lyon ou à Paris, on a entendu des mots durs du genre "le loup dans la bergerie". Mais les socialistes ne sont pas des agneaux. Il est normal que les Verts veuillent un jour être aussi forts ou plus fort que le PS comme il est normal que le PS déploie sa force tranquille en étant unitaire pour deux et en sachant construire - lui aussi - des rapports de force. On ne peut pas se draper dans sa puissance et paniquer au lieu de s'en servir... Il est aussi normal qu'un dirigeant de parti en devenir, construise son propre devenir par la conquête. Autant Mérieu et Cécile auraient pu avoir cette ambition là, autant le front anti Merieu et anti Duflot n'est pas de notre âge. Amusant qu'on parle des "éléphants" pour les socialistes et que les jeunes écolos se soient appelés "la souris verte"...
Nous avons été nombreux à craindre que ces histoires abîment nos primaires. Heureusement, on est plus près de la fin de ce cirque que de son commencement.
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