Ca faisait longtemps hein ? L’été semble finir en avance et nous revoilà, comme chaque année à arpenter les rues de La Rochelle, à quelques heures du coup d’envoi de l’Université d’été du Parti socialiste, édition 2010.
Pour la deuxième année, c’est mon ami Emmanuel Maurel (et désormais collègue au Conseil régional) qui en assure avec modestie mais rigueur la présidence. Il avait bien réussi sa première fois en 2009. La cuvée 2010 s’annonce bien, avec, comme toujours, quelques innovations. Parmi lesquelles, le "must have", le tee shirt que tout le monde doit avoir. Il interroge « what would Jaurès do ». La réflexion est ouverte. Autre curiosité, comme le dit Valério Motta, le monsieur internet du PS, c’est quand même le plus grand rassemblement de possesseurs d’Iphone de l’année. Ca va donc « twitter » à mort et ceux qui n’ont rien à faire pourront s’amuser à observer la nature et la fréquence des statuts sur Twitter et Facebook, sans oublier La Coopol…
Mais ce qu’on observe avant le début de cette Université d’été c’est que si le PS a sans doute changé depuis un an ou deux, la presse, elle, reste prisonnière de ses vieux démons. J’en veux pour preuve le fait que dans l’opinion, il faut reconnaître qu’à plusieurs égards, la perception du Parti socialiste a évolué. Peut-être peut-on accorder aux plus pessimistes et aux plus sceptiques que peu a bougé, mais tous doivent reconnaître que le sens du collectif est plus fort et mieux partagé et que le PS est redevenu audible – à tout le monde, il y a une disponibilité dans le pays à entendre, si ce n’est écouter ce qu’il a à dire.
Le résultat des régionales, le travail des Conventions et quelques prises de position sont venus renforcer ce bilan que les sondages confirment. Si Dominique Strauss-Kahn s’est imposé depuis longtemps comme le premier socialiste capable de battre Nicolas Sarkozy, il n’est désormais plus seul. Martine Aubry, malgré tout ce qu’on a pu dire et écrire s’affirme maintenant comme une « présidentiable » crédible et c’est une excellente nouvelle. Je préfère un PS avec deux présidentiables capables de gagner une présidentielle qu’un PS avec plein de candidats aux primaires, tous incapables de battre la droite.
Avec un PS apaisé, des militants requinqués et une gauche motivée, il y avait de quoi entamer sous les meilleurs augures une rentrée politique et sociale qui s’annonce chaude et mouvementée après cet « été de la honte ».
Là dessus, la sortie du livre de David Revault d’Alonnes et la couverture médiatique qui l’entoure montre que pour vendre du papier, tous les moyens sont bons. La chronique des années récentes a été déjà tenue, de manière inégale. Le dernier tome avait été le « machin » de Rissoli et André. Bien que je n’ai pas encore pris le temps de lire celui du journaliste de Libé, les bonnes feuilles et les extraits parus dans la presse montrent qu’une fois de plus, ce sont moins les éventuelles mutations théoriques ou débats au sein du PS qui intéressent la presse que les petites phrases et les vacheries des uns et des autres. Sauf si on s’appelle Noblecourt. Ce journalisme de l’anecdote est nourri par des gens qui reprochent à la politique de manquer de grandeur… Allez comprendre.
En lisant le livre, on découvre une déclaration de Martine Aubry à propos du moment auquel elle dira si « oui ou non », elle « y va ». Rien de plus banal, si ce n’est qu’il y a une date. Il n’en faut pas plus pour qu’on parte immédiatement en conjectures sur « elle accentue la pression sur DSK » et qu’on en conclue que « les strauss-kahniens sont inquiets »…
A croire que lorsque les socialistes ne jouent pas à Dallas, la presse s’ennuie.
Cette édition pourtant devrait être calme pour tout le monde car « c’est une année sans enjeu », y compris pour ces socialistes éparpillés que sont les strauss-kahniens. Ils pourront se remettre de leurs vacances, comparer leur bronzage et se mettre à plancher sur les questions internationales, thème de la prochaine convention dans lesquelles il sera question du FMI et des autres institutions internationales, convention dans les non moins strauss-kahniens Cambadélis, Baumel et Trautmann sont impliqués. Plus, une fois cette convention passée, début décembre, plancher sur « l’égalité réelle », un sujet qui est un marqueur du courant social-démocrate au PS depuis 2003. Il y a donc de quoi faire au lieu de penser aux candidatures, au calendrier et aux postures.
Si on met de côté le courant « Un monde d’avance », l’aile de la gauche conservatrice du PS qui pour des raisons tactiques et idéologiques est hostile à une candidature DSK en 2012, dans le reste du PS ce n’est pas pareil. Nombreuses sont les convergences et les zones de compatibilité, donc il y a de quoi être zen et se concentrer sur l’essentiel : poursuivre la rénovation, achever la définition d’un nouveau modèle et affiner arguments et affûter encore les armes de l’alternative.
La droite, en panne sur tous les sujets use et abuse du triptyque « identité, immigration, insécurité » non plus comme recours, mais comme réflexe. Mais elle ne fait plus illusion. La clé de la présidentielle sera bien la lutte contre l’insécurité sociale et économique.
La droite a eu huit ans pour la combattre, elle a passé huit ans à l’aggraver. La balle est donc dans notre camp. Ca commence ici et maintenant en cette avant-dernière université avant 2012. Il n’y a pas d’autres priorités.
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