On pensait la trêve estivale déjà engagée ? Eh bien non. La nouvelle est tombée ce dimanche et nulle doute que la situation qu’elle provoque va pourrir le peu de vacances que nos bosseurs de ministres prennent. Joyandet et Blanc quittent le gouvernement sous la pression nous dit-on du duo Sarkozy-Fillon. Les deux ministres, pas si importants, dans la hiérarchie gouvernementale, avait fini par défrayer la chronique autant par leur action que par leurs frasques.
Mais croire que ces deux fusibles vont permettre de faire passer la pilule est une erreur car ce ne sont ni les seuls, ni les pires.
Depuis que la « crise » est dans toutes les têtes et sur tous les relevés de comptes, les mots de rigueur ou de retenue sont sensés inspirer tous les comportement. Mais pas un mois sans un nouveau wagon de dépenses folles à rajouter au « train de vie » du gouvernement. Appartements immenses à loyers immodérément bas, déplacements ministériels dans des conditions somptuaires, chambres d’hôtel à prix exorbitants, achats privés sur fond publics, arrangements avec la loi ici, emplois de complaisance là, copinage et clientélisme partout, c’est tout une machine. Une manière de vivre, une vision du monde. Un gouvernement UMP, ça ne connaît pas la crise.
Tout cela vient de loin. Tout a commencé un soir d’élection présidentielle en 2007 lorsque le président nouvellement élu crut bon d’aller fêter l’événement avec ses amis dans le restaurant symbole du chic parisien, inaccessible au commun des mortels. Puis il s’en alla fêter encore sa victoire sur un yatch appartenant à un grand patron français… Ces premiers gestes d’une présidence que l’on a baptisé « bling bling » ont donné le ton. Il y avait une distance chez Mitterrand, une bonhommie chez Chirac. Chez l’actuel président, c’est une forme d’arrogance vulgaire. Un étalage permanent de frime avec ce petit plus d’autoritarisme qui fait que, par effet de cour, dans les médias, on fasse le ménage ainsi que l’a montré la récente polémique après le départ des humoristes de la tranche matinale.
Dans quel groupe n’a-t-on jamais vu les membres vouloir égaler ou copier le chef ? Il y avait les tics de langage, la gestuelle, l’hommage permanent, il y a aussi la « bling-bling attitude » qui tranche avec la bonne gestion d’un Raffarin ou l’austérité d’un Villepin ou d’un Juppé. Le regretté Philippe Séguin en son temps avait dénoncé la manière dont la gauche, selon lui avait goûté à l’argent. Il est clair que ce gouvernement de golden boys and girls n’est pas le meilleur exemple d’une gestion à la Maintenon…
Tout est dans le symbole et il n’est pas mince. Joyandet était le ministre de la coopération. Ce secteur de notre politique étrangère où la France aide les pays en développement. On avait dénoncé la diminution de cette aide au développement. La nomination d’ailleurs de Dov Zerah à la tête de l’Agence française de développement en replacement de Jean-Michel Severino en inquiétait plus d’un. A la place d’une politique de développement juste, on aurait donc eu le Discours de Dakar et un ministre qui voyage en jet privé et qui se faire délivrer des permis de construire hors la loi.
Quand à Blanc, c’est pire. Le coup des cigares achetés pour 12 000 euros sur fonds publics dans une civette du Chesnay est un coup de maître. Cela en dit long sur la manière dont ça risque de se passer au Grand Paris si par malheur ce projet voyait le jour. En plus d’être un projet antidémocratique, discriminatoire et exclusif, le Grand Paris est structurellement une usine à corruption.
C’est tout le parcours de Blanc qui en est noirci. Il est loi le temps où l’étudiant encarté à l’UEC venait voir sur place la révolution cubaine, flanqué de ses amis Marc Kravetz et Pierre Goldman. Proche de Rocard il a pourtant à son actif la belle opération des Médiateurs du Pacifique en 1988 qui a abouti à un règlement politique du conflit néo-calédonien que les amis de Chirac n’avaient jusque là géré que par la brutalité. Il en a retrouvé les héritiers dans l’actuel gouvernement d’ailleurs.
Les « gros poissons » sont encore en place. L’affaire Woerth-Bettencourt dure depuis si longtemps qu’elle finira par emporter ce qui vu à la fois ministre du budget et trésorier du parti présidentiel. Là encore, Sarkozy avait ouvert la voie puisqu’on se souvient qu’il cumulait les fonctions de ministre de l’Intérieur et de président de l’UMP… Et de candidat de la droite.
Depuis longtemps ce qui se passe à l’Oréal pue. Les patrons de cette firme ont financé la Cagoule dans les années 30, aidé la Collaboration dans les années 40 et voisiné plus tard avec l’Opus Dei. Le groupe l’Oréal est si imposant qu’il est impossible qu’il n’y ait pas eu évasion fiscale ou d’autres histoires sordides de fric.
Quant au ministre, il avait participé à la stratégie de Jean-François Mancel pour faire élire Charles Baur à la présidence de la région Picardie en 1998 avec les voix du Front national. Depuis, il est devenu ministre du budget puis de l’emploi, de la solidarité et de la fonction publique…
Avec la crise, l’emploi va mal, la solidarité diminue et la fonction publique devient la cible facile de toutes les attaques. Pourtant, quand un pays est frappé par la crise, l’emploi protège, la solidarité rassure et la fonction publique garantit l’égalité. Décidément, il faut que ça change.
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