Après donc deux jours à Beijing, nous prenons l’avion pour aller dans une province, celle du Jiangsu où nous arrivons par la route depuis Nankin est une ville de province de… quatre millions d’habitants.
C’est l’occasion d’avoir un aperçu d’une province chinoise. Encore que quand on parle de la Chine, il faut distinguer selon les régions. Les dirigeants le disent et les performances économiques le montrent : il y a une énorme différence entre l’est et l’ouest. Les provinces de l’ouest sont réputées pauvres et peu développées. Elles sont depuis secouées par des tensions comme on le sait. La région autonome du Tibet et la région à minorité musulmane des Ouïghours.
Changzhou se situe entre Nankin et Shanghai, sur le delta du Yang-Tsé, ce fleuve où patrouillait une fameuse canonnière dans un film hollywoodien bien daté maintenant avec Steeve McQueen. La ville accueille plusieurs entreprises étrangères, avec, notamment des boîtes allemandes. Comme nous le disent nos guides, les Français veulent vendre alors que les Allemands préfèrent investir, or en Chine, nombreux sont ceux qui ont des capitaux disponibles. Il s’agit de la 13e ville économique de Chine.
Cette ville n’est pas nouvelle mais on y construit partout, moultes tours. Une pub annonce comme titre « CapitaLand » un peu partout. La croissance économique de la ville se voit à l’œil nu. Les marques de luxe connues en Europe sont présentes et il est loin le temps où MacDo avait ouvert son premier restaurant en Chine. Il y en a un peu partout, ainsi que quelques Starbucks. On a même remarqué un café chinois dont le logo est, à l’évidence, une imitation à peine voilée de la célèbre chaine américaine… C’est comme cela. Le marché de la soie de Beijing est, de ce point de vue impressionnant car les contrefaçons y sont très nombreuses.
On a visité un village construit pour des ouvriers et qui a reçu de nombreux prix, donc celui de la morale. Tout y est organisé pour la production…
Dans cette ville, nous avons visité une usine de traitement des déchets dont le but de produire de l’électricité. Après fermentation et combustion, le résidu (20 % de l’ensemble des déchets) est enfoui. EN 2008, 370 000 tonnes de déchets permettaient de produire 930 milliards de Kw/h. L’entreprise, une filiale chinoise d’une multinationale américaine, applique les normes de l’Union européenne sur la diffusion des fumées et des gaz.
Chaque tonne de déchets permet d’alimenter un ménage pendant un mois.
Croissance inclusive
Cette étape dans une ville de province permet aussi de saisir les disparités qui touchent la Chine. Comme tous les pays émergents, l’importance de la croissance ne doit pas cacher l’ampleur des inégalités. En Inde ou en Afrique du sud, les progressistes au Parti du Congrès et à l’ANC ont théorisé cela en définissant le concept de « Croissance inclusive » en 2009 : il s’agit d’assurer une meilleure allocation des ressources et des bénéfices au sein d’une population. Cette variante du concept social-démocrate classique de la redistribution est prise en compte maintenant en Chine avec la notion de « moyenne aisance ». Depuis plusieurs mois, comme la Révolution industrielle avait fait émerger la question sociale en Europe au 19e siècle, le boom économique pose lui aussi la question sociale avec toute une série de revendications sur les conditions de travail et les salaires. Il y a eu la vague de suicide dans les usines d’assemblages de matériel informatique dans l’entreprise taïwanaise Foxconn et les grèves chez les ouvriers chinois. Pour que les affaires continuent et que la prospérité perdure, il faut la paix sociale. Cette paix sociale ne peut s’obtenir que dans la résolution des conflits et la prise en compte des revendications des travailleurs. C’est là où les perspectives sont intéressantes. Certes, certains patrons peuvent désirer s’installer là où les ouvriers la ramènent moins, mais tous les pays qui hébergent des multinationales et qui bénéficient des dividendes ont intérêts pour que cela dure à développer leur marché intérieur.
La réduction des inégalités comme la lutte contre la corruption sont devenus des chevaux de bataille importants pour le PCC. Changzhou était l’avant dernière étape du voyage. Prochain arrêt, Shanghai.
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