Au cours de ce voyage, la première visite fut pour la Grande Muraille. Las, le temps très brumeux fait qu’on n’y voit pas à 100 mètres alors que le site où nous nous trouvons n’est pas si élevé. Une des merveilles du patrimoine mondial, la Grande Muraille est elle aussi mondialisée : comme n’importe quel site touriste, elle accueille 30 000 visiteurs par jour, elle a son hôtel, ses agences bancaires, son fast-food, ici encore un KFC…
Cette fortification a été édifiée pour lutter contre les invasions mongoles. Elle suit une ligne de crêtes qui montent et qui descendent au point que pour les marcheurs, certains plans sont presque verticaux. Les briques sont truffées de graffiti. J’en a repéré un : « Albania 1972 ».
Impossible alors de ne pas penser au voyage de Ségolène Royal à l’hiver 2007 et où elle avait prononcé en direct à la télé française la désormais célèbre formule : « celui qui gravit la Grande Muraille, celui-là acquiert la bravitude ». Pour le coup, c’est un exercice très physique. Ce n’est pas un chemin de ronde classique. Les pentes sont dures, même pour des habitués des Buttes Chaumont ! Très bon pour le cœur !
On imagine l’angoisse de la sentinelle attendant l’ennemi qui profite du brouillard pour s’approcher. Leçon de stratégie. Profiter de la confusion chez l’adversaire, de la limitation de son champ de vision pour s’avancer et le prendre par surprise.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé sur le plan géopolitique ces dernières années. Dans notre « sacoche », un moyen livre rouge en français qui propose les documents du XVIIe Congrès du PCC qui a eu lieu en 2007. Curieux mélange d’une scénographie surannée des grands congrès des PC qu’on a connus dans le passé et de modernité par la sobriété du langage qui ne reprend que partiellement la phraséologie « classique » d’un parti de ce type. Deux éléments qui frappent aussi. Les références à Mao Zedong sont rares et surtout elles passent après celles faites à Deng Xiaoping. Sur le plan théorique, s’il y a des concepts intéressants comme la « sinisation du marxisme » ou la Triple représentativité, pas d’analyse de la nature actuelle du capitalisme. Cela change des textes qu’on a en France écrit par n’importe quelle formation de gauche, de la social-démocratie la plus « droitière » au gauchisme le plus conservateur, où on consacre toujours un chapitre au capitalisme qui d’ailleurs, depuis Marx, « est toujours en crise ».
Il est tout aussi intéressant de constater que le communisme chinois, qui a lutté fermement contre le capitalisme a finalement laissé celui-ci se développer à partir des années 80. Aujourd'hui, cette révolution économique, cette révolution industrielle fait émerger la question sociale. Des grèves ont éclaté dans certaines usines, certaines entreprises étrangères envisagent de... délocaliser pour éviter les conflits sociaux et surtout, l'augmentation du coût de la main d'œuvre à cause de la politique d'amélioration des conditions sociales.
Demain nous irons voir des dirigeants du PCC et visiter la Place Tienanmen...
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