L’autre soir, le match France-Mexique qui a placé les Bleus au bord de l’élimination de la Coupe de Monde a soulevé une colère. Rien n’est pire que les faits qui confirment les craintes ou qui confortent les préjugés.
Depuis plusieurs années, alors que le football était l’unique lieu d’expression d’un sentiment national.
La formule « 62 millions de sélectionneurs » bien connue a dépassé le ridicule. La colère contre les performances de l’équipe de France depuis plusieurs années et la contestation des choix de Raymond Domenech ont pris une telle ampleur que désormais, celui-ci est devenu le symbole d’un rejet qu’on n’avait jamais connu auparavant. D’ailleurs, Sarkozy s’est tenu à bonne distance de l’événement en n’étant présent ni à l’ouverture du Mondial, ni lors du premier match des Bleus.
L’effet c’est que je ne pense pas qu’aucune autre équipe de foot en cette Coupe du Monde ne soit autant mal aimée que les Bleus. Alors qu’il y a des nations où le foot est une religion et l’équipe nationale, un Panthéon de dieux vivants, d’autres où la performance dans ces phases finales relève de l’épopée nationale, en France, il est possible que seuls les femmes des joueurs ou leurs parents les soutiennent. De René au comptoir du Balto entre demi et Viandox, Gitane au bec qui critique l’équipe des joueurs avec l’Equipe, le journal sur le comptoir aux plus hautes sphères du pouvoir – dirigeants politiques et gouvernements – chacun y a été de sa critique publique, puisant dans le champ footballistique et son actualité nombre de métaphores pour illustrer leurs discours politiques.
Comment voulez-vous qu’une équipe se sente inspirée quand elle n’est pas soutenue par tout un peuple ?
"Vae Victis" disaient les Gaulois de Brennus qui avaient envahi Rome qui n’avait du son salut qu’aux cris des oies du Capitole. Et lorsque les empereurs voulaient divertir le peuple et détourner son attention des difficultés de la vie ou de leurs choix politiques contestables, ils leur offraient du pain et des jeux. Mais si les jeux ne divertissent pas leu peuple, sa colère ne peut être contenue.
En l’occurrence, on avait imaginé que la Coupe du monde aurait détourné l’attention des Français. Mais la performance des Bleus, qui est un écho d’ailleurs de la « sinistrose » qui touche le pays est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Si aucune victoire sportive ne vient apporter au régime de bénéfice symbolique, ce sera un épisode supplémentaire dans la chronique d’un pays qui ne s’aime pas.
Quand on pense que certains apprentis sorciers ont imaginé que pour se retrouver, il fallait avoir un débat sur « l’Identité nationale », on se dit que c’était bien la peine.
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