A quelques heures d’un Conseil de l’International socialiste, auquel, avec Ségolène Royal et Jean-Christophe Cambadélis, nous assistons, je profite de la ville qui ne dort jamais, ce qui fait un bon trait d’union entre deux jours intenses de séance au Conseil régional et deux jours de travail avec les socialistes et progressistes du monde entier.
Près de quatre ans et demi après mon premier voyage, New York me laisse la même impression. Jungle urbaine, fourmilière des affaires. C’est assurément une ville américaine, mais on n’est pas réellement aux Etats-Unis. Il n’y a qu’à voir la quantité de touristes qui déferlent. Quelques heures à se balader et on se dit qu’on n’est pas prêt de voir triompher les partisans de la modération ou de la sobriété en termes de consommation !
Mondialisation oblige, le foot (soccer) a fini par passionner suffisamment les gens pour qu’à Times Square, on puisse suivre en direct les buts des équipes engagées dans la Coupe du monde et que dans les hôtels ou les bars, il soit possible de voir les matches. Les performances de l’équipe des Etats-Unis ont augmenté l’intérêt de ce sport limite simpliste par rapport aux sports nationaux que sont le base-ball ou le football américain. En attendant le rugby…
S’il est impossible de voir les test matches qui ont lieu en ce moment dans l’hémisphère sud, il est tout autant de suivre l’actualité du monde. Tous ceux qui voyagent le savent, France 24 est plus regardé en France qu’ailleurs dans le monde car tout simplement, il n’est pas possible de recevoir cette chaine dont la patronne est la femme du chef de la diplomatie française… Alors on se contente des infos essentiellement locales de CNN, parce que Fox news… Comment dire ?
Amusant d’imaginer une réunion de socialistes aux Etats-Unis en général et à New York en particulier. Depuis l’avènement de Barack Obama, le mot « socialiste » est devenu un gros mot dans la bouche des conservateurs. Et alors que dans beaucoup de pays, une réunion de l’IS revêt une importance non négligeable, ici, nul doute que l’événement passe inaperçu en pleine fête des Pères et fête de la musique.
De plus, la pénétration du socialisme aux Etats-Unis est très relative. Paradoxalement c’est dans l’intelligentsia de la côte est et delà côte ouest qu’on trouve quelques centaines de socialistes revendiqués comme tels. Le Parti des démocrates socialistes américains (SDA) qui est membre de l’IS est une petite formation qui d’ailleurs n’a pas les moyens d’un parti socialiste classique. Parmi ses adhérents, l’acteur Ed Asner (celui qui jouait Lou Grant) et Noam Chomski.
Le mouvement socialiste aux Etats-Unis a été importé par les immigrants qui aux XIXe et XXe siècle, dans les grands centres industriels ont vécu la réalité ouvrière, qui, malgré les promesses de l’Amérique comme paradis des damnés de la terre, était d’autant plus dure qu’on était au paradis du capitalisme. Anarchistes, communistes et socialistes ont alors tenté de s’organiser. Mais c’est surtout dans le mouvement syndical (IWW et AFL-CIO) que l’influence de ces doctrines a été la plus importante. Pour autant, on est bien dans un pays qui croit que sa destinée a des racines bibliques et le Parti démocrate qui est la grande force pour laquelle votent les progressistes du pays, les liberals comme on dit ici, n’a jamais été structuré par une idéologie comme peut l’être la social-démocratie. Au pays du pragmatisme, c’est plutôt mal vu. Mais quelques esprits revendiquent clairement un ancrage à gauche tout en ne se reconnaissant, à la rigueur, qu’un cousinage avec les partis de gauche européens.
Ce Conseil de l’Internationale socialiste va devoir aborder deux thèmes qui ne sont pas nouveaux, mais qui sont devenus plus critiques à cause d’épisodes tragiques récents. D’une part bien sûr, la crise économique et financière, d’autre part, la question de la paix au Proche-Orient.
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Rédigé par : Equipe Pierre Moscovici | 21 juin 2010 à 12:22