Hier, le débat sur l'identité nationale a franchi un nouveau cap car il s'est déplacé du terrain à de la politique à celui du judiciaire avec le dépôt de plainte par Eric Besson contre le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis et l'écrivain et metteur en scène Gérard Mordillat. Dans un entretien à Libération, Jean-Christophe avai déclaré « que le ressort de l’itinéraire de Besson était le même que Laval ». Quant à Gérard Mordillat, ce dernier avait déclaré à Canal + que la phrase de Robert Brasillach, « il faut se séparer des juifs en bloc et ne pas oublier les petits » pourrait servir d'exergue à son ministère du racisme et de la xénophobie : il suffirait de remplacer « juifs » par Afghans, Tchétchènes, Roms, maghrébins, africains, Chinois, etc. Si la comparaison peut paraître osée aux yeux de certains, il faut rappeler que dans le 19e arrondissement de Paris, où est élu Cambadélis, ce sont des choses très ancrées dans la mémoire. Devant chaque école, une plaque rappelle qu'il y a 70 ans, des enfants qui y étaient scolarisés ont été arrêtés, parfois par la police française, au motif qu'ils étaient juifs et qu'ils ne sont jamais revenus. A la même époque, le roi du Danemark avait arboré l'étoile jaune en signe de solidarité... Tout le monde se souvient encore de l'arrestation musclée de la rue Rampal où devant l'école, un grand-père chinois avait ainsi été "raflé". On n'a pas besoin d'être un nazi ou un collabo pour mener une politique sauvage et inhumaine. On est en pleine hystérie anti-immigration et il ne manquait plus qu'un "débat" pour que les idées les plus sombres se déversent comme une diarrhée mal soignée dans l'espace public.
Depuis qu'il a quitté le PS pour l'UMP dans les conditions que l'on sait et qu'il est à ce ministère de "l'immigration et de l'identité nationale", Eric Besson est l'homme le plus détesté de France et alors que d'autres transfuges de la gauche sont discrets ou absents, lui, qui est aussi entrée à la direction de l'UMP, conduit la partie la plus abjecte du gouvernement Sarkozy et il semble y prendre goût.
Il paraît qu'il se sentait un peu seul ces derniers temps devant le flot de critiques, venant aussi de la droite. Lui qui avait déjà au PS une réputation de sanguin, a sans doute été incapable de se maîtriser et il a choisi de saisir la justice pour répondre à ses adversaires. Curieuse conception de la démocratie et du débat.
Qui connaît monsieur Laval ?
Pierre Laval fut député et maire d'Aubervilliers (certains communistes pas encore déstalinisés d'ailleurs faisaient campagne lors des dernières municipales contre mon vieux complice Jacques Salvator en utilisant cet argument : " le dernier maire socialiste s'appelait Pierre Laval ". Résultat, Jacques a gagné l'élection...). Membre de la SFIO, il passait dans les années trente pour un opportuniste et un homme sans convictions. D'ailleurs, il fut écarté du gouvernement de Front populaire, ce qui fut sans doute à l'origine de son hostilité à la gauche. Il devient alors, ce qu'on n'appelle pas encore un "homme des médias" qui va mettre ses journaux et sa radio au service du régime de Vichy en 1940 dont il devient le numéro 2, malgré un attentat et quelques temps de disgrâce. On se souvient de sa fameuse déclaration : " je souhaite la victoire de l'Allemagne, parce que sans elle, le bolchevisme triomphera partout ". Collabo sans discernement, il passe pour un homme têtu. Il ne fit jamais rien pour limiter ou stopper les déportations de juifs et, d'ailleurs, alors que les Allemands ne le demandèrent pas au début de l'Occupation, il fit déporter les enfants de moins de 16 ans.
Un ressort cassé
Dans la déclaration de Jean-Christophe Cambadélis, il n'est pas dit que Besson c'est Laval, mais qu'ils ont le même ressort : hommes de gauche qui ne se considèrent pas comme suffisamment reconnus et qui trahissent leur camp pour mener une politique par la suite contraire à l'idée que nous nous faisons de la République et de la France.
En fait, les seuls soutiens que Besson aura trouvé dans la droite sont les pires. Morano et Lefebvre. Le déballage sur l'identité nationale est devenu un sujet d'indignité nationale : déversoir de ce qu'il y a de pire dans les hauts lieux de la République que sont les préfectures. On a assisté à une libération de la haine. Première victimes, les musulmans de France. Je ne crains pas de penser que si ce débat avait eu lieu sous un gouvernement de droite dans les années 30 ou avant, ce sont les juifs de France qui auraient été stigmatisés, avec la violence en plus.
Il y a pire que caractériser l’itinéraire de Monsieur Besson, c'est stigmatiser l’étranger et l’immigré et envoyer les Afghans dans un pays en guerre.
Et quand dans le même temps, un ministre explique que pour les filières scientifiques, ce n'est plus nécessaire d'enseigner l'Histoire et la géographie, on se dit que le "Monde d'après" dont nous parle l'UMP c'est en fait le retour en arrière. D'ailleurs, quand on entend Christian Estrosi expliquer que si les Allemands avaient eu un débat sur l'identité nationale dans les années 30, Hitler ne serait jamais parvenu au pouvoir, on se dit qu'il doit y avoir un bug quelque part. Est-ce le virus de la grippe A qui a muté et qui attaque sans qu'on s'en aperçoive le cerveau ou bien ?
Quant à l'autre qui se croyait malin en disant que l'Homme africain n'est pas encore rentré dans l'Histoire, si les Français en sortent, il y a de quoi s'inquiéter sérieusement. Alors monsieur Besson, au lieu de voir aller chez le juge, allez dans chez un libraire, achetez-vous quelques bons livres d'Histoire et revenez à la raison. En France, le droit d'asile ça existe. Ne refaisons pas la même erreur qu'avec les Républicains espagnols, ne renvoyons pas les Afghans risquer de se faire tuer chez eux, cessons de faire croire que l'Islam n'est bien que s'il est sagement dissimulé, revenons au fondamentaux de notre belle république qui en a marre de se faire voiler pour le coup par les ayatollahs du sécuritaire et du conservatisme.
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Rédigé par : Lily | 08 mars 2010 à 04:31