Le sommet de Copenhague, tout le monde l’a compris, est probablement un des événements les plus importants de ce début de siècle. La planète est en danger. Maintenant tout le monde le sait.
Un de mes films favoris, Soylent Green, sorti en 1973 racontait comment, à force de pollution, toute vie aquatique avait disparu et comment, finalement, les hommes en étaient venus à consommer sans le savoir, de la chair humaine. C’était la vogue des films de science fiction et d’anticipation qui montraient que le monde de demain (le film dont je parle évoque des événements sensés se dérouler à New York en 2025) serait totalitaire et eugéniste puisque la surpopulation entraînerait une hypercriminalité et qu’un petit nombre s’en sortirait par le seul moyen possible : l’élimination du trop plein. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, le danger qui menace la planète n’est pas seulement une question de raréfaction des ressources, mais aussi un problème de l’avenir de notre civilisation.
Lors que la dégradation de l’environnement aura entraîné des exodes de masse, des concentrations aux abords des villes plus importantes que ce que l’on connaît maintenant et que la disponibilité des ressources qu’offre la seule planète que nous ayons, ce qui n’était qu’une question d’environnement, deviendra une question très clairement politique. Il est intéressant que le cinéma et la littérature ont déjà esquissé depuis très longtemps ce que pourraient être les conditions d’un monde d’après. Bien sûr il s’agissait de traduire les craintes du moment et de divertir un public qui aime bien se faire peur. Mais la dégradation de la planète n’est pas une illusion. Il ne faudrait pas que Copenhague ne soit qu’un effet de mode, un moment de l’agitation médiatique dont les politiques ont besoin pour se maintenir à flot, comme il y a exactement vingt ans avec Seattle où l’altermondialisme avait bruyamment fait irruption sur la scène, bousculant les consciences bien tranquilles sur la réalité et la nature véridique des échanges commerciaux, leurs logiques et leurs conséquences. Aujourd’hui, par sincérité ou par acquis de conscience, tout le monde se met au vert, mais un avenir radieux n’en est pas plus ouvert pour autant.
Pour changer les choses, comment faire ? Probablement transformer les enjeux écologiques en défis technologiques et économiques car ceux qui nous gouvernent sont souvent eux-mêmes gouvernés par ceux qui sont gouvernés par une seule idée, le profit. On trouvera cette position un peu trop « rouge », mais au nom de quoi a-t-on pendant toutes ces années incité à l’accumulation de la production et de la consommation ? N’a-t-on pas inventé des besoins pour inciter à consommer des biens que d’autres s’étaient mis à produire ? N’est-ce pas le profit ? Le culte du billet vert ne permet pas vraiment d’empêcher des scénarios à la Soleil vert. Une nouvelle utopie pourrait être un profit vert ou comment faire de l’écologie une éthique de développement industriel et économique, au-delà des gestes cosmétiques ou des affichages…
C’est là qu’on a besoin des États car seule la puissance publique est en mesure, au nom de la démocratie, d’imposer des normes intangibles et incorruptibles. Je ne sais pas si une telle position peut sortir des débats de Copenhague, mais une chose est sûr, l’urgence climatique dont chacun a pris conscience doit déboucher sur des politiques aussi dures que celles que l’on met en place ici et là contre des fléaux aussi ravageurs que la criminalité, car pour le coup, ne rien faire est de plus en plus criminel.
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