Dominique Strauss-Kahn, aujourd'hui directeur général patron du Fonds monétaire international, est encore perçu à en croire les derniers sondages d'opinion comme le "sauveur" du PS en 2012.
Pour la première fois, une enquête d'opinion a donné vendredi 6 novembre, DSK battant Nicolas Sarkozy avec 51% d'intentions de vote. Dans les autres cas, le président l'emporte : 53% face à Martine Aubry ou Bertrand Delanoë, 55% face à Ségolène Royal.
C'est là, la confirmation d'une tendance que les sondages de juillet dernier indiquaient lors qu'ils plaçaient DSK en tête du palmarès Ifop-Paris/Match, à égalité avec Jacques Chirac et battant tous ses potentiels rivaux socialistes.
Cette popularité est donc confirmée à un moment qui n'est pas anondin. Le deuxième anniversaire de la nomination de DSK à la tête du FMI et le mi-mandat de la présidence de Sarkozy qui correspond pour le président français à un sérieux trou d'air.
Si en termes de communication, Strauss-Kahn bénéficie des effets positifs de la rareté de la parole, son action au FMI, régulièrement médiatisée par une presse qui est naturellement chauvine correspond aussi à un changement de donne pour le FMI. La situation est venue à DSK à la faveur de la crise et l'ancien ministre des finances a aussi voulu sincèrement engager des changements au sein d'une institution décriée à juste titre par les pays en voie de développement.
Lors des derniers sommets du G20, le FMI a vu ses moyens augmentés et son rôle renforcé, se retrouvant du coup placé en première ligne de la riposte à la crise. Cette situation dans le moment présent, fait de DSK un homme plus puissant que Sarkozy. Ce dernier ne pourra pas instrumentaliser la nomination de DSK qui n'est pas un épisode de plus de l'ouverture. DSK n'est pas Besson !
Il y a un effet miroir dévastateur pour le président français dont les effets de manche - plan de relance, présidence de l'Union européenne etc... font pschitt ! les uns après les autres, démasquant ce que l'on savait déjà. Beaucoup d'agitation cache mal le peu d'action.
La popularité maintenue, ou croissante de Strauss-Kahn contraste, aux yeux de beaucoup avec l'état du Parti socialiste en général et des strauss-kahniens en particulier. Un an après le congrès de Reims, on tirera un bilan d'autant plus contrasté que le jugement sur le PS en arrangerait certains autant qu'il en dérangerait d'autres, preuve qu'être utile aux Français n'est pas la priorité de tout le monde...
On a déjà dit ce qu'il fallait penser de l'idée de "reconstituer" un courant strauss-kahnien après la "scission" de 2008. "Ni Dieu ni maître" pourrait-on dire. Surtout, ce dont DSK et le PS ont besoin c'est d'une gauche forte, imaginative et entraînante et le destin de la gauche, celui de France, s'ils pouvaient croiser celui de Dominique Strauss-Kahn, passant avant, dans le coeur des militants et des citoyens de ce pays, celui d'une personne, si brillante soit-elle. Bref, s'il est le meilleur candidat de la gauche, la question de 2012, même si elle est dans beaucoup de têtes, n'est pas dans celle des électeurs de la gauche. C'est encore un peu loin.
Un des enseignements de ces sondages, c'est que Sarkozy peut être battu par un candidat de gauche. C'est donc que l'alternative existe et qu'elle a une couleur, le rouge (ou le rose) du socialisme. Mais il manque encore un projet inspiré, une stratégie courageuse et une mobilisation de masse. Il ne faudrait pas que la popularité de DSK ne procède que de son éloignement et que ce soit un effet déformant. Il faut, en d'autres termes que le PS se hisse au niveau du patron actuel du FMI : incarner le parti de l'alternative, de la même manière que DSK incarne "l'homme de la situation".
Cela veut dire que le PS doit convaincre qu'il change de dimension au moment où l'UMP a perdu des dizaines de milliers d'adhérents sans pour cela compter sur une aide quelconque. En effet, l'enseignement de ces dernières années de suivi politique ou journalistique de l'actualité de notre pays c'est que de plus en plus, s'est installé le désir d'une alternative à la droite qui serait aussi une alternative au Parti socialiste. C'est la raison pour laquelle le Modem et Europe écologie séduisent tant. Ni l'expérience, ni la compétence ne sont ici prises en compte, c'est uniquement l'apparence, même si désormais, ces partis tentent de changer de nature pour incarner, chacun à sa manière, un grand centre qui tenterait de supplanter la gauche et la droite, mais qui serait obligé, pour construire des majorités, de choisir un allié, ce qui les marquerait de fait, à gauche ou à droite.
Vouloir transcender ainsi les clivages, un peu à la manière de la droite d'ailleurs, c'est nier qu'il y a toujours deux manières d'aborder les questions politiques, économiques, sociales ou culturelles. Une approche conservatrice ou une approche progressiste.
En l'occurence, avant la crise, DSK avait présenté une approche progressiste de son travail au FMI. Il fallait briser le fameux consensus de Washington dont l'application faisait du FMI un ennemi des pays en développement ou en difficulté. Depuis deux ans qu'il est à la tête de cette institution, celle-ci a changé, mais la route est encore très longue. Les ressources financières sont plus importantes et donc plus efficaces, mais le poids des pays riches est encore trop important, même si les pays du sud commencent à peser plus.
C'était nécessaire. Mais dans la gauche, il y a encore du travail. Une stature internationale, un bilan globalement positif et une renommée sont un bon début. D'ici 2012, si DSK doit réussir au FMI, le PS doit également réussir ici.
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