Les sondages avaient prédit une défaite du PS, elle est plus grave qu'annoncée. Il faut attendre les derniers résultats et laisser passer un peu de temps, mais les premiers éléments que l'on a permettent de dire quelques mots. D'abord, notre défaite est pas seulement à l'échelle du pays. Si on met de côté la Slovaquie, la Grèce, la Suède, le Danemark et Malte, les sociaux-démocrates sont battus partout et notamment dans les pays où ils avaient l'intention de soutenir Barroso. Il n'y a donc pas sur ce point, d'exception française.
Mais la situation française est implacablement dure. Le pouvoir sort renforcé. La gauche paye ses divisions et le centre n'a, une fois encore, pas convaincu.
Le Front de gauche réussit son pari de devancer le NPA qui a cessé d'être un parti sympa. L'intransigeance sectaire de Besancenot n'a eu aucune chance face à la générosité libertaire des écologistes qui, en montant une liste qui débordait Les Verts a permis de ne mettre en avant que les aspects positifs des écolos. L'appareil du parti a été mis au rencart, les grandes figures, sévèrement ignorées et la notoriété du trio Dany, Joly, Bové a fait le reste. Un casting savamment étudié pour séduire, ce qui constrastait avec les autres listes. Il y avait aussi une forme d'exotisme dans ce vote alors même que sa base électorale était solide. Des couches qui votent habituellement aux européennes et qui, déçues par le PS et par le Modem se sont retrouvé dans un vote à la fois protestataire et bien pensant. Mais les écologistes, à moins d'évoluer comme les Grünen allemands, n'ont pas la capacité organisationnelle, ni la culture partisane pour exploiter sur la durée, leur succès historique.
Le Modem a chèrement payé l'obsession présidentielle de son président et notamment les dérapages populistes devant la France entière deux jours avant le vote. Le Modem, par son côté insaisissable n'a pas convaincu des électeurs de gauche qui, en votant pour les écologistes, avaient conscience de moins trahir leur camp.
L'UMP réussit son pari de surfer sur la démobilisation et la dépolitisation. Schéma classique, par temps de crise, les gens votent d'abord pour les partis de l'ordre jusqu'à ce qu'une opposition de gauche crédible surgisse, légitimée par la crise des partis conservateurs en place - or, l'UMP n'est pas en crise. Les abstentionnistes et ceux qui n'ont pas cherché à renforcer l'opposition à la droite ont donné carte blanche à Sarkozy. On les retrouvera probablement dans la rue dans quelques semaines...
Reste donc le PS, ébranlé par la défaite et inquiet par les effets à venir de cette défaite. On agitait les épouvantails de 1994 ; pour le coup, c'est le plus mauvais résultat du PS aux européennes depuis cette terrible époque. Mais le PS de 2009 n'est pas celui de 1994. Il est fort au niveau local - même si dans des villes comme Toulouse, Paris, Lyon ou Dijon, ou Clermont le score est sans appel. Les statuts du PS protègent Aubry contre les velléités de putsch. Nul doute qu'entre les petites phrases assassines et les papiers cachant mal le désir de la presse d'assister à une nouvelle foire d'empoigne, il faudra tenir.
Pourquoi le PS a-t-il perdu ? Pour une fois, ce n'est pas une question d'orientation. Le programme était bon. Pas assez diffusé très certainement. Le PS a eu du mal à s'imposer. Ayant contre lui les médias qui nourrissaient l'indifférence, il n'a pas réussi à mobiliser ses militants en masse pour se substituer à la presse dans le contact avec la population. Il y a eu, à certains niveaux - ni à la base, ni au sommet, une forme de nochalance. Un peu comme si, finalement, l'Europe ne valait que pour la forme. Mais le PS n'a pas perdu à cause "seulement" des médias. Les défaits de Reims n'ont pas toujours su mettre leur rancœur de côté et cela a rejailli sur le reste. Une infusion tardive de la campagne dans l'ensemble du Parti également et, peut-être, une organisation trop dépendante de l'envie et pas assez d'une forme de "devoir".
Il faudra identifier les causes et chercher les remèdes plutôt que les coupables. Il en va de l'avenir d'un parti qui est la seule alternative au conservatisme.
bravo pierrot, tout est dit et bien dit.
Rédigé par : pouss40 | 08 juin 2009 à 10:33
Recréer un parti de militants, chasser l'égo parti, oser proposer une primaire ouverte (il parait que Cohn Bendit n'est pas intéressé! sourire) pas uniquement pour désigner notre candidat mais, surtout, pour créer l'évènement.
Il faut donner envie aux français de s'intéresser à la politique, leur ôter cette idée du "tous pourris, tous planqués", remettre des militants dans la rue (pas que pendant les campagnes!) pour intervenir sur des sujets de fond (logement, emploi, impôts locaux.....les sujets localo locaux ne manquent pas).
Les français ont envie de parler avec nous.
C'est certainement très bête comme proposition, mais il faudrait organiser des formations de prises de contact avec la population, avoir une démarche active et cohérente, penser systématiquement à avoir des bulletins d'adhésion, le numéro de tél du sec de section du coin.....bref.....sortir de solfé et de toutes nos tours d'ivoire.
Cà ne s'invente pas, çà s'apprend.
Aujourd'hui (je le regrette mais c'est un constat), la politique passe par l'évènementiel, une communication sans faille et des candidats maîtrisant parfaitement leur sujet.
Nous pourrions nous offrir ce moment si nous proposions une primaire ouverte.
De quoi aurions-nous peur?
Nous savons, aujourd'hui, ce qu'il ne faut pas faire, ne surtout pas rester en notre sein.
Nous devons nous ouvrir sur d'autres partenaires volontaires.
Rédigé par : Nathalie | 09 juin 2009 à 13:35