La carrière musicale de Michael Jackson court sur quarante ans. Indéniablement, il y a beaucoup de perles et quelques trucs à oublier et des morceaux incontournables.
La carrière solo a commencé dès 1971 avec titres caractéristiques pour l'époque. Ben, une chanson à propos d'un rat. Rockin' Bobbin', un petit boogie woogie très amusant et ma préférée, I wanna be where you are. Une composition de Leon Ware reprise aussi par Willie Hutch et Marving Gaye dans un interlude en 1976. Cette chanson a été choisie comme générique du film Nos meilleures années. Bien sûr, c'était aussi, avant tout, l'époque des tubes avec les frangins. Les Jackson Five avec I want you back, ABC et The love you save.
Autant les paroles que la structure mélodique sont inspirées de
contines et de propos enfants. A l'époque, d'autres fratries prépubères
squattaient les hit parades américains. Les Jacksons sont les seuls à
ne pas être tombés dans l'oubli. Et pour cause, ils ont continué. En
1975, un autre album solo de Michael est encore sorti chez Motown avec
des chansons comme One day in your life. Il faut aussi aujouter à cette période, la jolie With a child's heart. Les Jackson Five ont interprété quelques autres tubes comme le légendaire Dancing Machine où l'on voyait Michael faire le robot, pas de danse très à la mode à l'époque, mais qu'il a perfectionné. Il y a aussi Get it together avec son chorus à la sauce reggae. Il faut ajouter la reprise des Supremes Forever came today, le ravageur Body language et le bluesy Who's loving you repris plus tard par Terence Trent d'Arby. Parmi les curiosités nombreuses, il y a Zip a dee doo dah, enregistré en 1968 et les choeurs fournis à Stevie Wonder en 1974 pour You haven't done nothing. La collaboration s'est poursuivie en 1980 lorsque Michael fit parti à nouveau des choristes pour All I do, deux ans après avoir interprété sur Off the Wall, I Can't help it, une composition de Stevie Wonder. Enfin, évidemment, en 1987, les deux compères sortirent un album la même année. Characters et Bad.
Sur les deux albums, un duo, dont on dit à l'époque qu'il fut enregitré
en "over dub", c'est-à-dire sans que les deux chanteurs ne soient
ensemble dans le studio...
En 1976, les Jackson Five quittent Motown pour Epic, un label qui appartient alors à CBS qui a aussi sous contrat le célèbre duo Gamble and Huff qui produit ce qu'on appela le son de Philadelphie, Philly. Ils produisaient les O'Jays, Harold Melvin and the Blue Notes ou encore Billy Paul. Motown étant propriétaire du nom du groupe, et Jermaine ayant épousé la fille du boss, le groupe va désormais s'appeler The Jacksons. La première composition de Michael Jackson, Blues away est présente sur l'album qui sort cette année là et donc les titres que l'Histoire a retenu sont Enjoy Yourself, Show you the way to go. Il y a aussi Keep on dancing, que les cinq frères ont changé dans une émission de variété française, présentée par Joe Dassin. l'intro de ce titre est excellente... En 1977, Goin' Places sort avec des titres moyens, mais on peut retenir Different kind of lady, le pacifique Man of War ou le dansant Jump for joy.
Destiny est l'album le plus connu pour cette période. Bien sûr, le génial Blame it on the boogie, mais aussi la chanson éponyme, une jolie ballade et Shake your body. La même année, Michael participe au tournage de l'improbable The Wiz. Une version "black" du Magicien d'Oz avec Diana Ross dans le rôle de Dorothy. il y avait aussi Richard Pryor et Bill Cosby. Réalisé par Sydney Lumet, les arrangements musicaux furent signés Quincy Jones. Si le génial producteur détesta faire ce film, ce fut pour lui l'occasion de rencontrer Michael Jackson. De The Wiz, on peut retenir le rigolo Ease on down the Road, un duo avec Diana Ross pour qui il composa l'excellent Muscles.
Jones produisit Off the Wall. Il avait déjà à son actif les Brothers Johnson et leur fameux Stomp sorti en 1978 et c'était juste avant Give me the night de George Benson. Aussi retrouve-t-on sur ces albums une dream team de musiciens et de compositeurs qui étaient incontournables à l'époque. Parler des succès de Michael Jackson sans parler de Rod Temperton est une hérésie. Rod Temperton était le leader du groupe disco Heatwave qui comme KC and the Sunshine Band était un group de blancs. Temperton qui portait une moustache à la Tom Selleck composa notamment... Thriller. Avec la section rythmique d'Off the Wall que l'on retrouve partiellement sur Thriller et Bad, il n'y a presque rien à jeter. L'album Triumph et avec les Jacksons et la tournée a permi, comme le Victory tour de promouvoir le groupe et l'artiste en solo. Triumph contient bien évidemment Can you feel it qui contient déjà les éléments de science fiction, de prophétie et de sauveur du monde ou de messager de paix qu'affectionnera Michael Jackson. Star wars est sorti en 1977, la même année que Rencontres du troisième type. Lucas, Spielberg et Jackson sont amis - "Si E.T. était réel, il serait venu chez Michael" dit Spielberg qui enregistra un disque pour enfant avec le chanteur. Lucas fut impliqué dans Moonwalker en 1988 qui était diffusé dans les parcs Disney. En attendant, Triumph contient aussi Everybody, qui sonne comme un lointain cousin de Get on the Floor d'Off the Wall. Le très doux Time waits for no one et l'excellent "This place hotel" qui en fait s'appelle Heartbreak Hotel, mais qui n'a rien à voir avec le titre d'Elvis.
Sur Victory, c'est très daté. La pochette est dans la tendance "spatiale" de l'époque comme en attestent aussi les costumes des groupes funk du moment. L'album est plus rock que funk, la preuve avec State of schock, un duo avec Mick Jagger. Torture a été un succès à l'époque, ainsi que Body. Be not always est un pur produit "MJJ".
Sur Thriller, tout a été déjà dit et écrit. Ici même d'ailleurs. 100% pur bonheur... Bien qu'il fut un créateur, Michael Jackson a aussi pris des libertés ou fait des emprunts. A Soul Makossa dans Wanna be startin' somethin' qui va ouvrir les concerts, mais aussi à Ya mo be there plus tard dans Smooth Criminal.
Comme tous les collégiens de 6e, nous avons appris en cours d'anglais We are the world. Personnellement, j'ai encore des frissons en écoutant cette chanson qui reflètent bien le climat de l'époque. Les années 80, la génération morale, l'humanitaire comme nouvel horizon pour l'engagement politique.
A partir de Bad, Michael Jackson envoie des messages à une presse qui fait ses choux gras des informations sur son mode de vie. Du caisson d'oxygène aux mœurs bizarres, la légende autour du personne fait recette. Sur Bad, il chante en duo avec une des trouvaille de "Q", Siedah Garrett, comme Patti Austin avant sur Off the Wall. l'album est plus inégal, Speed demon n'a pas grand intérêt. Mais tout aussi éclectique que Thriller sans toutefois en avoir la puissance. Cela dit, l'aérien I just can't stop loving et le gospelisant Man in the mirror sont bien agréables. Bien sûr, The way you make me feel, Leave me alone et Another part of me furent les grandes tubes ainsi que le "heavy" Dirty Diana...
En 1989, les frères Jackson se sont réuni pour un album, 2300 Jackson street, titre sur lequel toute la famille chante.
En 1991, Dangerous fut le dernier grand disque de Michael Jackson.
Après cela, les disques furent plus rares et plus anecdotiques avec
aussi bien dans les clips que dans les titres, un air de déjà vu. Le
monde avait tellement changé. Les tendances musicales de la soul
étaient d'ailleurs au retour aux sources, aux racines des années 60 et
70 durant lesquelles, visiblement on avait produit le meilleur. Il était impossible de faire mieux que Thriller. La vie privée du chanteur pris le pas sur le reste et la musique ne permit pas de relativiser. Probablement que Childhood, You rock my World et You are not alone sont les meilleurs titres de la dernière période.
La magie des premiers temps fut probablement trop forte pour durer si
longtemps. Le public était probablement passé à autre chose et, du
reste, à l'instar d'autres célébrités, il arrive un moment où on est
aimé pour ce qu'on a été.
Il semble que le "momentum" qui existe en politique doit avoir un lointain cousin dans le monde des arts.
Les nouveaux albums ne convainquent pas et seuls les classiques sont
demandés. James Brown, par exemple, proposait un show composé de
classiques. Le public était ravi, pourtant les nouveaux albums qu'il
sortait dans les années 90 n'était pas géniaux, c'est le moins qu'on
puisse dire... Finalement, c'est peut-être le signe que personne ne
voulait autre chose qu'un arrêt sur image alors que la bande son
continue.
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